jeudi 19 décembre 2013

Immigration: indignation en Europe sur le traitement infligé aux migrants à Lampedusa

jeudi 19 décembre 2013


Sur l'île de Lampedusa.
REUTERS/Alessandro Bianchi/Files

L'Italie va devoir s'expliquer sur ce qui se passe à Lampedusa. 


La Commission européenne a ouvert une enquête sur la façon dont sont traités les migrants dans le centre de rétention de l'île. Bruxelles dénonce d'ores et déjà des « traitements épouvantables » avec à la clé une menace de sanction. 

A l’origine de l’affaire : une video amateur tournée précisément cette île du sud de la Sicile, et diffusée sur les chaînes publiques italiennes.

Alors que le monde fête la Journée internationale des migrants, l’île italienne de Lampedusa refait la Une de l’actualité. Ce sont des images, filmées par un réfugié syrien à l’aide d’un smartphone dans la cour du centre d’accueil de Lampedusa, qui ont mis le feu aux poudres, explique notre correspondante à Rome, Anne Le Nir.

La vidéo montre une dizaine d’hommes nus : des Syriens, des Nigérians, des Ghanéens, des Erythréens ou des Kurdes. Tous passent brutalement sous un jet froid pour être désinfectés, afin d’éviter des maladies telles que la gale. C'est très bref : quelques secondes d’horreur totale.

Ces images évoquent un camp de concentration, selon la mairesse de Lampedusa qui n’a aucun pouvoir dans la gestion du centre d’accueil. 


Celui-ci est géré par une coopérative sous la responsabilité du ministère de l’Intérieur, et la coopérative encaisse de 30 à 50 euros par jour pour chaque migrant.

► A (ré)écouter : Lampedusa, les raisons de la tragédie

Christiane Berthiaume, responsable communication de l'Organisation internationale pour les migrations

C'est une situation inacceptable.

Écouter (01:00)
 
19/12/2013 par Anastasia Becchio

Le chef du gouvernement italien Enrico Letta a annoncé qu’une enquête a été ouverte pour vérifier les faits et sanctionner les responsables. La présidente de la Chambre des députés, Laura Boldrini, s’est déclarée indignée par ces traitements irrespectueux de l’engagement pris par l’Italie en matière d’accueil.

De son côté, la ministre de l’Intégration Cécile Kyengue demande un changement urgent des modalités de gestion des centres d’accueil. 


Mais pour l’heure, aucun représentant du gouvernement n‘a fait part de son intention de se rendre à Lampedusa ni dans d’autres centres d’accueil du sud de l’Italie, où les conditions de vie des migrants seraient aussi déplorables pour ne pas dire inhumaines.

► A (ré)écouter : Lampedusa, que font les dirigeants africains ?

La réaction de la Commission est d’autant plus vive que les drames de l’immigration sont à l’ordre du jour du Conseil européen, qui s’ouvre ce jeudi 19 décembre, précise notre correspondant à Bruxelles, Pierre Bénazet. 


C’est l’un des points prévus dans les débats, avec l’objectif en particulier, d’éviter de nouvelles tragédies comme celles de Lampedusa début octobre.

La commissaire aux Affaires intérieures Cecilia Malmström juge inacceptables les traitements sanitaires imposés aux migrants. La Commission s’est félicitée de l’ouverture de l’enquête en Italie. 


Pour autant, elle souligne qu’elle gardera un œil attentif sur ses conclusions et qu’elle n’exclut pas de lancer, si besoin, une procédure d’infraction à l’encontre de l’Italie.

► A (ré)écouter : Lampedusa, une île entre deux mondes

La Commission reconnaît que le pays est soumis à une forte pression migratoire. Mais il n’empêche, l’Italie doit respecter les critères d’accueils internationaux, d’autant que ce n’est pas la première fois que la Commission soulève le problème. 


Dans la perspective du sommet européen, Cecilia Malmström a proposé par exemple la mise en place d’un réseau européen de patrouilles maritimes aériennes, de Chypre à Gibraltar.

Elle propose aussi d’assurer aux navires civils qu'ils n’encoureront pas de sanctions s’ils secourent une embarcation de migrants en perdition, comme c’est actuellement le cas en Italie. 


Enfin, Cécilia Malmström évoque aussi la possibilité de remettre en cause la règle actuelle, qui veut que les candidats à l’asile déposent leur demande uniquement dans le pays par lequel ils sont entrés en Europe. 

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