Alternance démocratique au Congo-Kinshasa :
Le PS Jean-Pascal Labille, ministre de la Coopération au développement
Le ministre belge de la Coopération au développement, Jean-Pascal Labille, a implicitement appelé mardi 6 mai le président congolais "Joseph Kabila" à ne pas briguer de troisième mandat à la tête de la RD Congo, joignant ainsi sa voix à celle de John Kerry.
Pendant que la polémique fait rage à Kinshasa entre l’opposition et la mouvance kabiliste sur le "contenu exact" du message transmis à "Joseph Kabila", dimanche 4 mai, par le secrétaire d’Etat américain John Kerry, le ministre belge de la Coopération au développement, le socialiste francophone Jean-Pascal Labille vient d’enfoncer le clou. Un véritable pavé dans la mare.
Prenant la parole mardi devant les 7èmes assises de la Coopération belge au développement - qui se tenaient au palais d’Egmont à Bruxelles -, Jean-Pascal Labille a fait sensation en déclarant notamment : "Lorsqu’il y a une Constitution qui prévoit un certain nombre de mandats, cette Constitution doit être respectée".
"Sinon, à quoi sert-il d’écrire une Constitution", a-t-il ajouté en soulignant que la charte fondamentale contient des "règles de base que nous devons respecter".
Le premier alinéa de l’article 70 de la Constitution congolaise, adoptée par référendum en décembre 2005 et promulguée en février 2006, stipule que "le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois".
Des opposants mais aussi des activistes de la société civile aux quatre coins du pays soupçonnent "Joseph Kabila" et sa mouvance de vouloir modifier la loi fondamentale pour permettre à ce dernier de se maintenir au pouvoir au-delà de l’expiration de son second et dernier mandat, le 19 décembre 2016.
Suffrage universel indirect
Les soupçons des représentants des forces politiques et sociales congolaises ne sont nullement dénués de fondement. Illustration : dans une allocution prononcée le 23 octobre 2013 devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès, "Joseph Kabila" avait invité celles-ci et le gouvernement à examiner l’idée d’élire les députés provinciaux au suffrage universel indirect.
Motif invoqué : minimiser le coût des opérations électorales. Une telle "réforme" nécessite au moins la modification de l’article 197.
Mi-mars dernier, le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, avait confirmé que la session parlementaire en cours devait se pencher sur le projet de révision constitutionnelle "sauf l’article 220". Celui-ci prohibe toute révision constitutionnelle touchant notamment "le nombre et la durée des mandats du président de la République".
Depuis janvier 2011, des voix s’élèvent pour fustiger la tendance des dirigeants en place - "Joseph Kabila" en tête - à "tripatouiller" la Constitution au gré de leurs intérêts, à la veille de chaque consultation politique majeure.
Il y a eu le précédent de janvier 2011 réduisant l’élection présidentielle à un seul tour. Conséquence : le président de la République n’est plus élu à la majorité absolue de suffrage exprimé mais à la "majorité simple". Il semble que le clan kabiliste voudrait instaurer le vote au suffrage universel indirect au scrutin présidentiel.
Lors de sa visite le week-end dernier dans la capitale congolaise, le chef de la diplomatie américaine avait exhorté le chef de l’Etat congolais à respecter la Constitution et les délais légaux pour l’organisation des élections.
Une manière implicite de conseiller au potentat congolais "à quitter le pouvoir à l’issue de son second quinquennat".
Intervenant lundi 5 mai sur radio Okapi, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, a opposé un démenti énergique : «Je n’ai pas entendu monsieur John Kerry parler du président Kabila de ne pas se présenter en 2016, ça je n’ai pas entendu. J’ai entendu le ministre américain dire que le processus électoral doit se dérouler conformément aux prescrits de la constitution et au délai constitutionnel.
Et là nous sommes tout à fait d’accord avec lui, mais il ne faut pas inventer des choses uniquement pour désobliger notre président». Le même Mende aime répéter à qui veut l’entendre que "Joseph Kabila n’a jamais déclaré qu’il sera candidat en 2016".
La Belgique de 2014 n’est plus celle des années de transition sous Mobutu Sese Seko. A l’époque du "Grand Léopard", le royaume formait la fameuse "troïka" avec la France et les Etats-Unis pour "piloter" le processus de démocratisation au Zaïre.
Le pays cher au roi Philippe semble avoir "perdu la main" sur le dossier zaïro-congolais. Cependant, il serait malgré tout "consulté" au niveau de l’Union européenne et peut-être par Washington. "Division de travail" oblige!
Nouvelle génération du PS
Le 25 mai prochain, les citoyens belges iront aux urnes pour choisir leurs députés au niveau régional, fédéral et européen. Certains Belgo-Congolais ont appelé à "voter intelligent".
Derrière ce mot d’ordre, il y a la volonté résolue de "sanctionner" les partis politiques dits traditionnels - les libéraux et les socialistes francophones - dont les "bonzes" paraissent être les plus grands "lobbyistes" de l’actuel chef de l’Etat congolais.
D’aucuns jurent de donner leur voix aux nationalistes flamands de la N-VA. Le message a manifestement été entendu. Ne dit-on pas que chaque bulletin de vote compte?
Sous la présidence d’André Flahaut, le parti socialiste francophone a organisé lundi 5 mai une conférence-débat sur le thème : "Belgique - RDCongo au cœur de deux continents".
Jean-Pascal Labille faisait partie des intervenants. Contre toute attente, Flahaut a pris position contre toute révision de la constitution au Congo démocratique. "On ne change pas les règles du jeu en plein match", a-t-il précisé. Sans convaincre.
Incarnant la nouvelle génération des socialistes francophones, Labille a voulu faire d’une pierre deux coups. Il s’est démarqué de la ligne suivie jusqu’ici par certains caciques du PS. C’est le cas de Flahaut. Il a fait, ensuite, un clin d’œil à la communauté congolaise de Belgique sous la forme d’un "je vous ai compris!" qui arrive un peu tard.
Notons que Jean-Pascal Labille n’est candidat à aucun mandat politique. Après le 25 mai, il devrait prendre la présidence des Mutualités socialistes.
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Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant
Le PS Jean-Pascal Labille, ministre de la Coopération au développement
Le ministre belge de la Coopération au développement, Jean-Pascal Labille, a implicitement appelé mardi 6 mai le président congolais "Joseph Kabila" à ne pas briguer de troisième mandat à la tête de la RD Congo, joignant ainsi sa voix à celle de John Kerry.
Pendant que la polémique fait rage à Kinshasa entre l’opposition et la mouvance kabiliste sur le "contenu exact" du message transmis à "Joseph Kabila", dimanche 4 mai, par le secrétaire d’Etat américain John Kerry, le ministre belge de la Coopération au développement, le socialiste francophone Jean-Pascal Labille vient d’enfoncer le clou. Un véritable pavé dans la mare.
Prenant la parole mardi devant les 7èmes assises de la Coopération belge au développement - qui se tenaient au palais d’Egmont à Bruxelles -, Jean-Pascal Labille a fait sensation en déclarant notamment : "Lorsqu’il y a une Constitution qui prévoit un certain nombre de mandats, cette Constitution doit être respectée".
"Sinon, à quoi sert-il d’écrire une Constitution", a-t-il ajouté en soulignant que la charte fondamentale contient des "règles de base que nous devons respecter".
Le premier alinéa de l’article 70 de la Constitution congolaise, adoptée par référendum en décembre 2005 et promulguée en février 2006, stipule que "le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois".
Des opposants mais aussi des activistes de la société civile aux quatre coins du pays soupçonnent "Joseph Kabila" et sa mouvance de vouloir modifier la loi fondamentale pour permettre à ce dernier de se maintenir au pouvoir au-delà de l’expiration de son second et dernier mandat, le 19 décembre 2016.
Suffrage universel indirect
Les soupçons des représentants des forces politiques et sociales congolaises ne sont nullement dénués de fondement. Illustration : dans une allocution prononcée le 23 octobre 2013 devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès, "Joseph Kabila" avait invité celles-ci et le gouvernement à examiner l’idée d’élire les députés provinciaux au suffrage universel indirect.
Motif invoqué : minimiser le coût des opérations électorales. Une telle "réforme" nécessite au moins la modification de l’article 197.
Mi-mars dernier, le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, avait confirmé que la session parlementaire en cours devait se pencher sur le projet de révision constitutionnelle "sauf l’article 220". Celui-ci prohibe toute révision constitutionnelle touchant notamment "le nombre et la durée des mandats du président de la République".
Depuis janvier 2011, des voix s’élèvent pour fustiger la tendance des dirigeants en place - "Joseph Kabila" en tête - à "tripatouiller" la Constitution au gré de leurs intérêts, à la veille de chaque consultation politique majeure.
Il y a eu le précédent de janvier 2011 réduisant l’élection présidentielle à un seul tour. Conséquence : le président de la République n’est plus élu à la majorité absolue de suffrage exprimé mais à la "majorité simple". Il semble que le clan kabiliste voudrait instaurer le vote au suffrage universel indirect au scrutin présidentiel.
Lors de sa visite le week-end dernier dans la capitale congolaise, le chef de la diplomatie américaine avait exhorté le chef de l’Etat congolais à respecter la Constitution et les délais légaux pour l’organisation des élections.
Une manière implicite de conseiller au potentat congolais "à quitter le pouvoir à l’issue de son second quinquennat".
Intervenant lundi 5 mai sur radio Okapi, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, a opposé un démenti énergique : «Je n’ai pas entendu monsieur John Kerry parler du président Kabila de ne pas se présenter en 2016, ça je n’ai pas entendu. J’ai entendu le ministre américain dire que le processus électoral doit se dérouler conformément aux prescrits de la constitution et au délai constitutionnel.
Et là nous sommes tout à fait d’accord avec lui, mais il ne faut pas inventer des choses uniquement pour désobliger notre président». Le même Mende aime répéter à qui veut l’entendre que "Joseph Kabila n’a jamais déclaré qu’il sera candidat en 2016".
La Belgique de 2014 n’est plus celle des années de transition sous Mobutu Sese Seko. A l’époque du "Grand Léopard", le royaume formait la fameuse "troïka" avec la France et les Etats-Unis pour "piloter" le processus de démocratisation au Zaïre.
Le pays cher au roi Philippe semble avoir "perdu la main" sur le dossier zaïro-congolais. Cependant, il serait malgré tout "consulté" au niveau de l’Union européenne et peut-être par Washington. "Division de travail" oblige!
Nouvelle génération du PS
Le 25 mai prochain, les citoyens belges iront aux urnes pour choisir leurs députés au niveau régional, fédéral et européen. Certains Belgo-Congolais ont appelé à "voter intelligent".
Derrière ce mot d’ordre, il y a la volonté résolue de "sanctionner" les partis politiques dits traditionnels - les libéraux et les socialistes francophones - dont les "bonzes" paraissent être les plus grands "lobbyistes" de l’actuel chef de l’Etat congolais.
D’aucuns jurent de donner leur voix aux nationalistes flamands de la N-VA. Le message a manifestement été entendu. Ne dit-on pas que chaque bulletin de vote compte?
Sous la présidence d’André Flahaut, le parti socialiste francophone a organisé lundi 5 mai une conférence-débat sur le thème : "Belgique - RDCongo au cœur de deux continents".
Jean-Pascal Labille faisait partie des intervenants. Contre toute attente, Flahaut a pris position contre toute révision de la constitution au Congo démocratique. "On ne change pas les règles du jeu en plein match", a-t-il précisé. Sans convaincre.
Incarnant la nouvelle génération des socialistes francophones, Labille a voulu faire d’une pierre deux coups. Il s’est démarqué de la ligne suivie jusqu’ici par certains caciques du PS. C’est le cas de Flahaut. Il a fait, ensuite, un clin d’œil à la communauté congolaise de Belgique sous la forme d’un "je vous ai compris!" qui arrive un peu tard.
Notons que Jean-Pascal Labille n’est candidat à aucun mandat politique. Après le 25 mai, il devrait prendre la présidence des Mutualités socialistes.
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Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant
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