lundi 4 août 2014

Freddy Kita: "Kabila" n'a plus d'autres options, il doit partir en 2016

04/08/2014 

 

Freddy Kita, secrétaire général de la Démocratie chrétienne (DC), le 4 août 2014 à Paris. © Elena Blum/J.A.

L'opposition congolaise a tenu lundi un "meeting populaire" à Kinshasa. De passage à Paris, un de ses membres, Freddy Kita, secrétaire général de la Démocratie chrétienne (DC), explique à "Jeune Afrique" le sens de cette mobilisation. Interview.

Appel à la mobilisation au Nord-Kivu, "meeting populaire" à Kinshasa, l'opposition congolaise passe à l'offensive. Malgré l'absence de certains de ses leaders – Vital Kamerhe, Martin Fayulu, Félix Tshisekedi notamment – qui séjournent à Washington, plusieurs partis qui s'opposent au projet gouvernemental de révision constitutionnelle, ont organisé, le 4 août, un rassemblement à la place Sainte-Thérèse, dans le sud-est de la capitale congolaise.

"C'est désormais l'heure de l'action, a confié à Jeune Afrique Lydie Omanga, conseillère de Vital Kamerhe, président de l'Union pour la nation congolaise (UNC), satisfaite de la "réussite" de la manifestation qui s'est déroulée dans le calme. 


En présence de différents opposants politiques dont Mwenze Kongolo, ancien ministre de la Justice sous Laurent-Désiré Kabila, Bruno Mavungu, secrétaire général de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Jean-Lucien Busa, transfuge du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) ainsi que quelques représentants de la société civile kinoise.

De passage à Paris, Freddy Kita, secrétaire général de la Démocratie chrétienne (DC, opposition), a de son côté salué la démarche, soulignant que "c'est le début de la mobilisation du peuple".

Jeune Afrique : Peut-on considérer que l'opposition congolaise est plus que jamais déterminée à barrer la route à une éventuelle modification de la Constitution pouvant permettre au président Joseph Kabila de se représenter en 2016 ?

Freddy Kita : Ce n'est pas une affaire d'opposition politique, mais c'est le peuple congolais dans son ensemble qui veut dire "non" à ce pouvoir qui le gouverne par défi. 


Aujourd'hui, l'économie de la RDC se trouve par terre, les conditions sociales de la population laissent à désirer, l'insécurité bat son plein, mais Joseph Kabila cherche encore à s'accrocher au pouvoir. 

Le peuple, lui, est fatigué. Il se lève pour montrer son indignation. C'est le début de la mobilisation du peuple.

Que répondez-vous à la majorité au pouvoir lorsqu'elle affirme que tout projet de révision constitutionnelle n'est pas forcément illégal, dès lors qu'il ne touche pas aux articles verrouillés de la Constitution ?

Joseph Kabila a peur de quitter le pouvoir.

Pourquoi doit-on toujours modifier la Constitution lorsqu'on s'approche des échéances électorales en RDC ? 


Avant la présidentielle de 2011, la majorité mécanique au Parlement a ramené le scrutin à un tour et aujourd'hui elle cherche encore à bidouiller le texte constitutionnel pour permettre à son champion de briguer un autre mandat. 

Nous ne sommes pas d'accord. Si elle tient à son projet de révision, elle doit attendre la fin du processus électoral de 2016. Nous savons que Joseph Kabila a peur de quitter le pouvoir. 

Peur de se retrouver demain devant la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes qu'il a commis dans le pays. Mais, il n'y a plus d'autre option : en 2016, il doit partir !

Le départ de Kabila en 2016 semble être un objectif qui réunit l'opposition congolaise, réputée pour ses divisions et ses luttes internes...

Même 10 enfants issus d'une même famille ne parlent jamais un même langage. L'important est qu'ils se reconnaissent tous d'un même père. C'est le cas aujourd'hui de l'opposition congolaise. Au-delà de nos divergences, nous faisons bloc pour nous opposer à toute modification de la Constitution.  


Au même moment à Washington s'ouvre le Sommet États-Unis – Afrique, qu'est-ce que votre parti, la Démocratie chrétienne (DC), et l'opposition en RDC attendent-elles de cette rencontre à laquelle participe également le président Joseph Kabila ?

C'est aux Congolais de résoudre les problèmes de la RDC. Nous devons donc continuer à nous mobiliser pour nous prendre en charge. La communauté internationale n'est là que pour nous accompagner dans cette démarche.

En attendant, le leader de votre parti, Eugène Diomi Ndongala, condamné pour viol, continue à croupir en prison et les parties civiles demandent désormais des dommages et intérêts importants…

Ce n'est pas une surprise. Nous savons que Joseph Kabila est derrière ce scénario. Diomi Ndongala n'a jamais commis de viol. C'est un père de famille. Un grand leader politique. 


S'il voulait avoir une maîtresse, il aurait eu recours à des femmes responsables. 

Après sa condamnation arbitraire, il continue de mener son combat depuis sa cellule. Il publie chaque semaine le carnet politique d'un prisonnier. C'est ce qui dérange et qui a provoqué ce nouveau rebondissement de l'affaire au civil.
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Trésor Kibangula

Jeune Afrique 

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