lundi 10 novembre 2014

Contre les révolutions populaires immatures en Afrique


 
Quand on perd le pouvoir par le fait de la volonté populaire, il y a pire à gérer après. Ceux qui ont été chassés du pouvoir au Maghreb, en RCA, au Burkina Faso ou au Mali en savent quelque chose. Mais là n’est pas le sujet.

En réalité, il faut reconnaitre que le pouvoir des chefs d’États africains tient (encore) de la volonté, non pas de leur peuple, mais de celle d’ « anciennes » métropoles coloniales. 

Dès lors, les dirigeants qui arrivent au pouvoir se mettent rapidement au service d’une de ces métropoles. Ce qui fausse en permanence le désir, réellement souhaité par les populations, d’autonomie et de prospérité.

Bien plus, lorsqu’un président est déchu de ses prérogatives (à cause de sa longévité au pouvoir), on oublie rapidement qu’il n’a eu pour souci que de tisser un certain nombre de sympathies internes à son régime pour encadrer ses arrières ainsi que la collégialité de ceux qui l’entouraient. 

C’est pour cette raison que celui qui se dit être le successeur ou le restaurateur de l’ordre républicain et constitutionnel n’est en fait que le bouclier du déchu dont il a l’agenda secret de garantir la sécurité physique/judiciaire.

Quand on parle donc de révolution populaire en Afrique, il faut être sûr de ce que non seulement la mainmise de la gouvernance exogène ne se perpétue pas, mais aussi que les réseaux internes ne continuent pas de fonctionner pour, finalement, perpétuer (si le contrôle vigilent des mécanismes de l’alternance n’est pas mis sur pied) le règne du statu quo du système et de l’institution tant décriés.

Ce qui arrive au Burkina Faso est assez probant sur la question lancinante des révolutions populaires volées aux peuples en Afrique. 

En vérité, quand le peuple n’est pas mature, quand il reste sans encadreurs/guides éclairés/crédibles portés par les seules obligations d’éthique et de patriotisme, quand le peuple reste sans culture en un mot, alors ce qui arrive de manière évidente c’est que les profiteurs habituels (civils ou militaires) récupèrent le pouvoir qui est dans la rue pour rétablir les éternels déséquilibres socio-institutionnels.

La révolution n’est pas un simple fait de chute d’un dictateur ou d’un gérontocrate. Elle est un changement substantiel du système institutionnel initial pour penser un nouveau plus viable. 

La vraie révolution change la manière de vivre, de penser, de se comporter, de gouverner en faisant progresser la société et les individus vers plus de d’humanité et de droits. 

Il n’y a donc pas de révolution dans la continuité des mentalités préétablies si on a juste déshabillé Saint Pierre pour habiller Saint Paul.

Puisse le Burkina Faso, et le reste des Africains habités par les mêmes soucis d’alternance et de patriotisme socio-économique, reprendre le combat où il aurait dû se mener pour libérer véritablement le continent des « maudits du pouvoir ». 

La vraie révolution, pour conclure, met au pouvoir un homme qui n’est pas le fils incestueux de l’empire colonial ; elle met aussi au pouvoir un homme qui gouverne POUR le peuple et qui se plie à la lettre de la constitution.
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Man Bene
Cameroonvoice

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