mardi 11 novembre 2014

La grève des magistrats à Bunia réprimée dans le sang

11 novembre 2014



Le mouvement de grève spontané déclenché par les magistrats commence à prendre une dimension inquiétante au regard de nouvelles en provenance de Bunia, chef-lieu du district de l’Ituri, en province Orientale.

D’après une source locale, hier lundi 10 novembre 2014, à Bunia, le Procureur de la République, Bafoa Liatshi, et le président du Tribunal de Grande Instance, Fali Alphonse Wonga, ont ordonné à leurs gardes de corps de tirer sur les magistrats grévistes qui manifestaient hier matin.

Des témoins indiquent que le magistrat Grewisse Musafari du Parquet de la République près le tribunal de grande instance de Bunia a été atteint au menton par une balle. Il a été amené rapidement à l’hôpital, mais sa santé n’est pas en danger, signale-t-on.

Sur ce registre, l’Association Africaine de défense des Droits de l’Homme(ASADHO) condamne, à travers un communiqué, l’interpellation de certains magistrats grévistes par leurs chefs hiérarchiques. Et ce, en violation des normes nationales et internationales qui garantissent le droit de grève.

L’Asadho regrette de constater que depuis le lundi 3 novembre 2014 que les magistrats ont déclenché un mouvement de grève spontané focalisé sur la revendication salariale dont le minimum devrait être de 1600 USD (Dollars américains mille six cents), plusieurs d’entre eux sont victimes d’intimidations.

Etant donné que le président de la Cour Suprême de Justice avait interdit toute activité syndicale pour les magistrats par sa note circulaire n°010 du 27 septembre 2011, les ordres ont été donnés aux chefs des parquets et/ou des juridictions pour interpeller tous les magistrats grévistes au besoin de les frapper d’interdiction.

L’Asadho signale qu’en date du 6 novembre 2014, sur l’ordre du Procureur Général près la Cour d’appel de Lubumbashi, Useni Kaif, plusieurs magistrats grévistes de Kambove, au Katanga ont été entendus sur procès verbal en rapport avec leur participation à l’actuelle grève.

Plusieurs autres magistrats à Lubumbashi, à Kinshasa et à Mbuji-Mayi ont fait part à l’ASADHO d’intimidations qu’ils subissent de leurs chefs à cause de leur participation au mouvement de grève qui est en cours.

Face à cette caporalisation de la situation, l’Asadho invite Kinshasa à engager des négociations avec les magistrats grévistes sur leurs revendications socio professionnelles.
 
L’ONGDH appelle le gouvernement Matata à procéder à l’amélioration des salaires de tous les magistrats conformément à la promesse du Chef de l’Etat.

Plaidoyer de l’ACAJ et de l’ACIDH en faveur des magistrats grévistes

Depuis le lundi 3 novembre 2014, les Magistrats congolais, en commençant par ceux de la ville de Kinshasa, ont déclenché une grève spontanée et qui ne répond à aucun mot d’ordre syndical.

Le samedi 8 novembre 2014, agissant en concertation avec les membres du Comité national du Syndicat Autonome des Magistrats du Congo, SYNAMAC en sigle, le 2ième Vice-président de cette organisation professionnelle a, par son communiqué de presse n° 001/SYNAMAC/2014, reconnu ce mouvement de grève spontanée, tout en spécifiant qu’elle répond au cahier des charges du SYNAMAC de 2011 et qu’elle fait suite au musèlement des syndicats des magistrats, pourtant reconnus.

Ce communiqué de presse a donné du tonus aux magistrats de la province du Katanga, jusque là hésitants.

Ainsi, ceux de Lubumbashi ont été retenus de justesse ce lundi 10 novembre par M.M. Useni Sefu et Mavungu, respectivement Procureur Général et Procureur de la République de Lubumbashi.

Alors que ceux de Kasumbalesa hésitent encore, les magistrats œuvrant à Likasi ont débrayé dès hier matin, en dépit des menaces de leur haute hiérarchie qui a enjoint leur Procureur de faire circuler des listes de présence à partir de ce mardi 11 novembre. Mais, les magistrats nous ont dit leur détermination.

Pour favoriser une meilleure circulation de l’information sur le déroulement de cette grève, et agissant conformément à son mandat, l’ACIDH s’est résolue légitimement de reproduire en plusieurs exemplaires ce communiqué de presse et de le distribuer gratuitement au Palais de justice de Lubumbashi.

Contre toute attente cependant, Boniface Umpula Nyembo sera arrêté vers 16 heures sur ordre du Procureur Général Usefu ! 

Pourtant des communiqués de presse dénonçant toutes formes de violation des droits de l’homme y sont toujours paisiblement distribués dans ce Palais de justice ! 

Il est poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles…

Il s’agit là d’une grave atteinte à la liberté garantie à un activiste des droits de l’homme qui n’a commis aucune infraction, mais aussi au droit à l’information de tous les citoyens, dont les magistrats, à la liberté d’expression et à la liberté de mouvement.

L’ACIDH et l’ACAJ élèvent une vive protestation contre cet abus de pouvoir, pratique barbare et rétrograde de la part d’une autorité qui a la mission de protéger les droits de l’homme.
 
Elles s’engagent à le faire poursuivre en justice pour arrestation illégale, ce, d’autant que l’Inspecteur judiciaire en charge du dossier lui reproche simplement d’avoir distribué un communiqué du SYNAMAC, alors qu’il n’en est pas membre. Elles exigent sa libération sans condition.
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Godé Kalonji Mukendi
 

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