samedi 27 décembre 2014

Les Congolais répondent à Kabila:Tunakatala!

17/09/2014 

La volonté de se maintenir au pouvoir devient de plus en plus évidente chez le président Joseph Kabila. 

Le journal Le Potentiel croit savoir qu'il ne s'agit pas seulement d'une modification mais bel et bien d'une véritable refonte de la constitution que vise le président de la RDC. La Libre Belgique précise qu'une équipe est déjà sur le projet.

Cependant, si le Président peut encore compter sur des partisans décidés à défendre ses intérêts et les leurs, il fait face à une opposition que ne se cache plus. Des signes montrent que la population n'est pas disposée à subir sans réagir.

Le Congolais rapporte, dans une de ses éditions, comment le ministre de l'Intérieur Richard Muyej s'était fait huer par la population de Manono et Ankoro. 

L'ambiance s'est retournée contre lui juste au moment où il transmettait "les salutations de Jospeh Kabila". La population a répondu "Tunakatala!" (On refuse!). C'était à Ankoro.

Mais à Manono, ce n'était pas plus gai. Sa question au public présent: "Les enfants de Manono, je vous salue. Comment allez-vous? Réponse cinglante: "mal"... "Nous n'avons vu aucune réalisation chez nous". 

Pourtant Ankoro, du moins, est le lieu de naissance de feu Laurent Désiré Kabila, le père du président actuel. Il a réalisé l'exploit de se mettre à dos les gens de sa propre région. Le moment est grave.

Plus grave encore, les hommes de l'opposition sont déterminés à empêcher la manœuvre du président.

Manœuvre trop voyante

L'avocat Lushois Jean-Claude Muyambo Kyassa et son parti Solidarité congolaise pour la démocratie et le développement (Scode) s'y opposent fermement. Ainsi a parlé le Katanga. 

Jean-Claude Muyambo Kyassa ne veut pas entendre parler de la révision de la Constitution "avant les élections". Ses partisans et lui-même veulent ainsi "préserver la paix" et le "fonctionnement harmonieux des institutions", rapporte le journal.

"En 2011, nous avons changé la Constitution avant les élections. Qu'on la change en 2016 avant les élections? Non. Là on ne veut pas la stabilité", clame-t-il: "S'il faut changer, il faut changer après les élections", avait déclaré l'avocat à radio Okapi.

Selon des sources citées par le Congolais, d'autres voix katangaises seraient sur le même chemin du refus. Joseph Kabila ne peut-il donc plus compter sur son fief katangais? Déjà qu'il a perdu le Kivu et le Maniema, rappelle le journal.

Au Kivu d'ailleurs, le président avait été reçu de manière très froide. Lui posait-on des questions sur les "cinq chantiers"? Sa réponse était simple: Tous les projets de reconstruction ont été "suspendus à cause de la guerre".

Le Président peut néanmoins compter sur la fidélité de certaines personnalités politiques, désignées par les opposants et certains médias comme les partisans de la "ligne dure" et qu'on qualifie de "jusqu'au-boutistes" qui défendent leurs propres intérêts.

L'un d'eux, Aubin Minaku, le président de l'Assemblée nationale, répète à qui veut bien l'entendre que la majorité présidentielle "dispose du meilleur projet de société et doit conserver le pouvoir". 

Il n'oublie pas cependant d'ajouter que c'est au peuple congolais de voir s'il faut ou non procéder à un changement fondamental. Sans le dire directement, il vise bien sûr l'article 220 de la constitution qui parle du suffrage universel, du nombre et de la durée du mandat présidentiel, notamment.

En fait le changement ne porte pas uniquement sur le mandat présidentiel. 

La réforme porterait également sur deux éléments de grande importance politique. Un, Le suffrage universel indirect et deux, et c'est là que ça va mal, ajouter à l'article 72 l'obligation pour un candidat d'être Congolais de père et de mère. On ne veut pas de sang mêlé, commente l'opposition.

Ainsi, dans cette entreprise constitutionnelle, très hasardeuse, le président et les kabilistes se retrouvent face à face avec une opposition farouche déterminée à ne pas se laisser faire. Mais il n'y a pas que cela. Le régime risque de se faire taper sur les doigts par les puissances étrangères.

Et ce n'est pas un risque minime. Banza Mukalay Sungu, personnalité historique du régime le sait. Pour lui, il faut veiller à la "conservation démocratique du pouvoir" et ainsi éviter la politique d'affrontement avec les puissances. Le peuple, dit-il, pense à ce qu'il a à manger.

La carotte, le bâton et la bastonnade

La détermination du chef de l'Etat ne faiblit pas, bien au contraire. Il va utiliser tous les moyens dont il dispose pour arriver à ses fins. Sa stratégie comporte trois variantes.

D'abord la carotte: Il a finalement accepté un remaniement ministériel qui pourrait voir entrer au gouvernement des figures de l'opposition. La promesse avait été faite il y a... une année.
Ensuite, il y a le bâton: Et le président peut sévir sans pitié. 

Ainsi, le député d'opposition, Jean-Bertrand Ewanga, a été condamné, jeudi 11 septembre, à un an de prison ferme. Son crime, avoir commis un « outrage au chef de l'Etat ». Son tort était en fait d'avoir animé, la veille de son arrestation, une manifestation appelant au rejet du projet de révision constitutionnelle.

Enfin, il y a carrément la bastonnade: Des sources, citées par le Congolais affirment que le président aurait constitué, ce qu'en RDC on appelle déjà sa "Légion étrangère". 

Dirigée par le général Gabriel Amisi Kumba, cette "force spéciale", qui serait composée uniquement de "Rwandophones", dit-on, serait stationnée entre l'aéroport de Ndjili et la ferme Kingakati, la ferme du président. 

Les mêmes sources avancent également qu'un contingent aurait pris position à Kassapa à Lumumbashi.

La partie semble très difficile pour un président qui ne lâche pas l'affaire. Lors de l'ouverture de la session ordinaire du Sénat (septembre 2014), son président Léon Kengo, a clairement souligné qu'il était pour "le respect, par tous, de l'esprit et de la lettre de la Constitution de la République dans son ensemble, telle qu'adoptée par le référendum populaire en 2005".

Comme il est juriste, L. Kengo ne veut pas jouer avec la constitution qui ne peut, dit-il, être modifiée par les institutions issues d'elle "sans tomber dans un cas flagrant de violation intentionnelle".

Et l'Eglise dans tout ça?

La réponse est veue de la conférence épiscopale nationale du Congo, réunie à Rome le 14 septembre. Elle a clarifié sa position vis-à-vis du projet présidentiel. 

Dans leur lettre, le Cardinal, les Archevêques et les Evêques, membres de la Conférence Episcopale insistent que « l'avenir heureux de la RD Congo réside incontestablement dans le respect de la Constitution, Loi fondamentale et socle de notre jeune démocratie ». Ils s'opposent clairement à toute modification de l'article 220. 


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