23 mars 2015
Des opposants et des critiques du gouvernement rwandais qui habitent au Canada se sentent menacés par des agents de l’administration du président Paul Kagame qui opèrent au pays, ont-ils annoncé dimanche.
Paul Kagame est au pouvoir au Rwanda depuis 2000. En 2012, Amnistie internationale avait fait état de possibles histoires de torture de civils par son administration.
Ils demandent au ministre de la Sécurité publique du Canada, Steven Blaney, d’enquêter sur un possible «commando» rwandais qui se trouverait au pays, avec pour mission d’intimider ou même d’assassiner des opposants au régime rwandais.
Trois des 10 présumés agents se trouveraient à Montréal. Ils disposeraient de passeports diplomatiques.
Sur la liste des présumées cibles de ce groupe figurent l’ancien économiste en chef du Rwanda David Himbara, le représentant du parti d’opposition Rwanda National Congress (RNC) au Canada et chargé de cours d’économie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Emmanuel Hakizimana, ainsi que des journalistes et des avocats canadiens.
«Nous voulons [que les agents rwandais] soient traduits en justice et expulsés du Canada, a déclaré dimanche l’avocat de M. Hakizimana, Me John Philpot. L’histoire peut sembler incroyable, mais elle est vraie.»
Plusieurs allégations d’assassinats à l’étranger planent en effet sur l’administration Kagame depuis quelques années. En mai 2014, les journalistes Geoffrey York et Judi Rever révélaient dans le quotidien torontois The Globe and Mail plusieurs cas d’attentats et de complots possiblement liés au régime Kagame, notamment en Afrique du Sud et en Grande-Bretagne.
Mme Rever elle-même se retrouve sur la liste des cibles du groupe, présentée la semaine dernière par le site d’information rwandais Ikaze Iwacu.
«C’est très difficile. J’ai dû changer ma vie. Je ne marche plus dans la rue la nuit.» – David Himbara, ancien économiste en chef du Rwanda, qui habite Toronto, et affirme avoir dû déménager, car il ne se sentait plus en sécurité.
M. Himbara et M. Hakizimana affirment craindre pour leur vie. «C’est terrible, ma vie sociale est devenue pratiquement nulle», a témoigné M. Hakizimana, qui affirme avoir dû changer ses habitudes pour sa sécurité. Il a été impossible pour Métro de parler au ministre Blaney pour obtenir ses commentaires sur ces allégations, dimanche.
Des menaces prises au sérieux
La journaliste indépendante Judi Rever se préoccupe surtout d’histoires de droits humains et de droits des réfugiés dans la région des Grands lacs en Afrique, où se trouve notamment le Rwanda. Elle croit avoir été ciblée pours ses articles critiques de l’administration Kagame. Elle affirme prendre les allégations très au sérieux.
«Le gouvernement rwandais est un régime criminel, qui est reconnu pour avoir commis des crimes autant à domicile qu’en Europe et dans d’autres pays africains. Nous savons cela, et nous savons que de nombreuses activités criminelles ont eu lieu et pouvaient être associées aux ambassades du Rwanda à l’étranger», a-t-elle expliqué à Métro, dimanche.
Elle affirme de plus avoir été victime d’intimidation par le gouvernement Rwandais de par le passé. «Combinez ça à des rumeurs qu’il y a des gens qui pourraient tenter de faire du mal à des Occidentaux ou à des Rwandais au Canada qui sont des critiques du régime, et vous pouvez comprendre qu’on prend cette menace extrêmement au sérieux», a-t-elle ajouté.
L’ancien économiste en chef du Rwanda, David Himbara, affirme quant à lui avoir fait l’objet d’une tentative d’assassinat en Afrique du Sud et d’une tentative d’enlèvement avortée au Kenya.
Tentative d’assassinat
En 1998, un ancien employé de la Croix-Rouge dans la région des Grands Lacs, Jacques Godon, avait affirmé à La Presse avoir fait l’objet d’une tentative d’assassinat à Laval.
Il avait aussi reçu des appels téléphoniques menaçants après avoir témoigné dans les médias de ses expériences lors du génocide rwandais, alors qu’il était délégué à l’information à la frontière du Rwanda et de la Tanzanie.
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Jeff Yates
Des opposants et des critiques du gouvernement rwandais qui habitent au Canada se sentent menacés par des agents de l’administration du président Paul Kagame qui opèrent au pays, ont-ils annoncé dimanche.
Paul Kagame est au pouvoir au Rwanda depuis 2000. En 2012, Amnistie internationale avait fait état de possibles histoires de torture de civils par son administration.
Ils demandent au ministre de la Sécurité publique du Canada, Steven Blaney, d’enquêter sur un possible «commando» rwandais qui se trouverait au pays, avec pour mission d’intimider ou même d’assassiner des opposants au régime rwandais.
Trois des 10 présumés agents se trouveraient à Montréal. Ils disposeraient de passeports diplomatiques.
Sur la liste des présumées cibles de ce groupe figurent l’ancien économiste en chef du Rwanda David Himbara, le représentant du parti d’opposition Rwanda National Congress (RNC) au Canada et chargé de cours d’économie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Emmanuel Hakizimana, ainsi que des journalistes et des avocats canadiens.
«Nous voulons [que les agents rwandais] soient traduits en justice et expulsés du Canada, a déclaré dimanche l’avocat de M. Hakizimana, Me John Philpot. L’histoire peut sembler incroyable, mais elle est vraie.»
Plusieurs allégations d’assassinats à l’étranger planent en effet sur l’administration Kagame depuis quelques années. En mai 2014, les journalistes Geoffrey York et Judi Rever révélaient dans le quotidien torontois The Globe and Mail plusieurs cas d’attentats et de complots possiblement liés au régime Kagame, notamment en Afrique du Sud et en Grande-Bretagne.
Mme Rever elle-même se retrouve sur la liste des cibles du groupe, présentée la semaine dernière par le site d’information rwandais Ikaze Iwacu.
«C’est très difficile. J’ai dû changer ma vie. Je ne marche plus dans la rue la nuit.» – David Himbara, ancien économiste en chef du Rwanda, qui habite Toronto, et affirme avoir dû déménager, car il ne se sentait plus en sécurité.
M. Himbara et M. Hakizimana affirment craindre pour leur vie. «C’est terrible, ma vie sociale est devenue pratiquement nulle», a témoigné M. Hakizimana, qui affirme avoir dû changer ses habitudes pour sa sécurité. Il a été impossible pour Métro de parler au ministre Blaney pour obtenir ses commentaires sur ces allégations, dimanche.
Des menaces prises au sérieux
La journaliste indépendante Judi Rever se préoccupe surtout d’histoires de droits humains et de droits des réfugiés dans la région des Grands lacs en Afrique, où se trouve notamment le Rwanda. Elle croit avoir été ciblée pours ses articles critiques de l’administration Kagame. Elle affirme prendre les allégations très au sérieux.
«Le gouvernement rwandais est un régime criminel, qui est reconnu pour avoir commis des crimes autant à domicile qu’en Europe et dans d’autres pays africains. Nous savons cela, et nous savons que de nombreuses activités criminelles ont eu lieu et pouvaient être associées aux ambassades du Rwanda à l’étranger», a-t-elle expliqué à Métro, dimanche.
Elle affirme de plus avoir été victime d’intimidation par le gouvernement Rwandais de par le passé. «Combinez ça à des rumeurs qu’il y a des gens qui pourraient tenter de faire du mal à des Occidentaux ou à des Rwandais au Canada qui sont des critiques du régime, et vous pouvez comprendre qu’on prend cette menace extrêmement au sérieux», a-t-elle ajouté.
L’ancien économiste en chef du Rwanda, David Himbara, affirme quant à lui avoir fait l’objet d’une tentative d’assassinat en Afrique du Sud et d’une tentative d’enlèvement avortée au Kenya.
Tentative d’assassinat
En 1998, un ancien employé de la Croix-Rouge dans la région des Grands Lacs, Jacques Godon, avait affirmé à La Presse avoir fait l’objet d’une tentative d’assassinat à Laval.
Il avait aussi reçu des appels téléphoniques menaçants après avoir témoigné dans les médias de ses expériences lors du génocide rwandais, alors qu’il était délégué à l’information à la frontière du Rwanda et de la Tanzanie.
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Jeff Yates
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