dimanche 24 mai 2015

Au Burundi, un dialogue rompu entre pouvoir et opposition

Le 24.05.2015


 

Le mouvement d'opposition à un troisième mandat du président burundais, Pierre Nkurunziza, a suspendu son dialogue avec le gouvernement dimanche 24 mai, au lendemain de l’assassinat d’un de ses leaders, et a appelé à reprendre les manifestations avec encore « plus de vigueur » en début de semaine.

« On ne dialoguera pas dans le sang et sous la menace de mort ! », a dénoncé la Coordination de la campagne contre le troisième mandat.  


Zedi Feruzi, président de l’Union pour la paix et le développement (UPD), un petit parti de cette large coalition, a été abattu par balle samedi soir avec un de ses gardes du corps alors qu’il rentrait chez lui.

Les assaillants ont pu prendre la fuite, mais, selon un journaliste burundais qui discutait avec la victime au moment de l’attaque et qui a lui-même été blessé, les tueurs portaient « des tenues policières de la garde présidentielle ».

La présidence a immédiatement démenti ses accusations. Elle s’est dite « choquée » et a « demandé que la lumière soit faite de façon urgente afin que les coupables soient traduits devant la justice ». 


La Coordination de la campagne contre le troisième mandat a condamné un « acte ignoble » et a annoncé « suspendre sa participation au dialogue, encore en phase préliminaire, initié par le Menub [Mission d’observation électorale des Nations unies au Burundi] entre le gouvernement et les différents acteurs sociopolitiques ».

Ces discrètes négociations, à peine engagées, se déroulaient sous l’égide de Saïd Djinnit, envoyé spécial de l’Organisation des Nations unies (ONU), de représentants de l’Union africaine (UA) et des pays de la région. Elles incluaient des représentants de la société civile, de partis politiques, d’organisations religieuses et du gouvernement.

Des milliers de personnes aux Obsèques

Les obsèques de Zedi Feruzi se déroulaient dimanche après-midi à Bujumbura. Deux mille à trois mille personnes qui composaient le cortège marchaient dans le silence, selon David Thomson, journaliste de Radio France internationale (RFI) sur place.

Le pays connaît depuis un mois un vaste mouvement de contestation populaire contre le président Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005 et candidat à un troisième mandat à la présidentielle du 26 juin. Des manifestations ont lieu quasi quotidiennement, émaillées de heurts avec la police, qui ont fait près d’une trentaine de morts en quatre semaines.

Des élections législatives et communales, reportées de dix jours sous la pression internationale, sont prévues pour le 5 juin, suivies par la présidentielle, le 26 juin.


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Le Monde.fr 
avec AFP  

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