Kinshasa, 27/10/2010 / Politique
Trente neuf ans après, la décision prise le 27 octobre 1971 par Mobutu de changer l’appellation de la République démocratique du Congo en République du Zaïre paraît toujours un coup de tête sans raison crédible et qui causa beaucoup d’ennuis au pays Le 27 octobre 1971. Il y a de cela 29 ans. La République démocratique du Congo (nom institué par la Constitution de Luluabourg de 1964) était alors au plus fort de la dictature d’un Mobutu régnant sans partage. Ce jour-là, le Bureau politique du Mouvement Populaire de la Révolution, Parti-Etat s’était réuni pour prendre des décisions importantes annoncées par son Directeur politique en la personne de feu Madrandele Tanzi.
Sous la férule du Maréchal Mobutu, le Bureau politique décidait le changement du nom du pays qui devenait Zaïre, le nom du fleuve. D’où le slogan Z comme Zaïre notre pays, Z comme Zaïre notre fleuve, Z comme Zaïre notre monnaie. L’hymne national " Debout Congolais " fut remplacé par " La Zaïroise ". Il est à noter que les deux hymnes ont été composés par les mêmes personnes, en l’occurrence le Révérend Père Boka et Lutumba.
Tout cela était fait au nom de la politique de l’authenticité congolaise grâce à laquelle tous les Zaïrois devaient renier leurs prénoms chrétiens. Ainsi, il n’existait plus des Denis, des Marie-Thérèse ou des Florence. Le Maréchal montra lui-même l’exemple en reniant son prénom de Joseph-Désiré pour s’appeler désormais Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Zabanga. Dans tous les domaines, cette politique d’authenticité était appliquée à outrance.
Il y a eu débaptisation des villes. Ainsi, Léopoldville devenait Kinshasa, Elisabethville devenait Lubumbashi, Coquilhatville devenait Mbandaka, Stanleyville devenait Kisangani, Albertville devenait Kalemie, Luluabourg devenait Kananga, Port-Franqui devenait Ilebo. Le terme de monsieur avait laissé place à celui de citoyen tandis que l’abacost était la tenue officielle des cérémonies en lieu et place du costume et la cravate.
Quant aux individus, ils durent changer leurs noms ou plutôt adapter leur nom à cette politique d’authenticité. Certaines personnes, jusqu’à présent ont dû perdre leurs prénoms préférant s’appeler définitivement par leurs noms authentiques. C’est ce qui a provoqué le conflit entre l’Etat et l’Eglise catholique romaine qui était alors chapeauté par le Cardinal Joseph-Albert Malula de célèbre mémoire. Ce prélat catholique n’hésitait à dire la vérité toute crue soit par ses sermons devant la crème des autorités nationales soit par ses lettres pastorales.
C’est ce qui lui a valu son exil au Vatican pendant plusieurs années. Sa résidence épiscopale jadis située sur l’avenue Sendwe lui fut arrachée. Quant intervint la détente suite à l’intervention du Pape, Mobutu répara en confiant à l’Archevêché de Kinshasa l’actuelle concession où sont logés tous les services administratifs.
La politique de l’authenticité zaïroise a été poussée à fond sur tous les plans. Sur le plan culturel par exemple, Mobutu fit déplacer tous les monuments historiques qui trônaient sur les places publiques. C’est le cas du Roi Albert 1er qui était à la Place de la Gare, celui du Roi Léopold II devant le Palais de la Nation, celui de Stanley au Mont Ngaliema, … Le nom de Zaïre fut balayé du vocabulaire national un 17 mai 1997 par Laurent-Désiré Kabila, jour de l’entrée des troupes de l’AFDL à Kinshasa sans la moindre résistance des Forces armées mobutiennes qui en avaient ras-le-bol. Il restaura celui de République démocratique du Congo ainsi que son hymne national " Debout Congolais " en lieu et place de " La Zaïroise ".
Les générations actuelles doivent savoir que l’hymne national actuel ainsi que le nom du pays ne sont pas une invention de Laurent-Désiré Kabila. Le " Debout Congolais " existe depuis 1960 tandis que le nom de la République démocratique du Congo a été institué par la Constitution de Luluabourg en 1964. 27 octobre 1971-27 octobre 2010. Il y a vingt-neuf ans que ce pays changeait de nom s’appelant Zaïre jusqu’au 17 mai 1997
D.L./L’Avenir
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