Le gouvernement angolais a repris depuis la semaine dernière, les expulsions massives des congolais accusés de séjour irrégulier sur son territoire. Les révélations faites par nos compatriotes refoulés font état d’un traitement inhumain et cruel que leur ont fait subir les militaires angolais. Dans le lot des exactions, on a surtout signalé des cas des viols des femmes congolaises par les militaires angolais et des exécutions sommaires.
Ce énième épisode dans la saga des relations entre l’Angola et la République démocratique du Congo a ému la communauté nationale qui ne comprend pourquoi l’Angola s’acharne sur les congolais, accusés de tous les maux notamment d’exploitation illégale du diamant angolais, de vol et… de prostitution. Les congolais ne parviennent pas à comprendre comment un pays qui se dit frère et avec lequel nous entretenons des bonnes relations se permet à chaque fois de poser des actes de nature à rompre cette belle entente.
L’opinion nationale est d’autant plus inquiète que ces actes se répètent à un rythme soutenu trahissant une volonté politique de nuire à l’image de la RDC, et qui frise une certaine humiliation. En effet, outre les nombreux épisodes des conflits frontaliers avec leurs lots des violations de notre espace territorial par les services angolais, il a été fait allusion, quelques jours avant cette dernière vague d’expulsions, du pompage par l’Angola de notre pétrole. Le député national TSHIBANGU KALALA, qui a révélé au grand jour cette affaire, a indiqué que notre voisin pomperait 800 mille barils de pétrole par jour sur notre plateau continental. Calculé en référence au prix unitaire du baril sur le marché mondial, qui est de 80 dollars le baril, on en arrive à la somme astronomique de 64 millions de dollars américains que l’Angola bénéficierait chaque jour de l’exploitation illégale du pétrole congolais. Avouez que cela pose problème.
Le Premier ministre Adolphe MUZITO, appelé à répondre aux préoccupations des députés nationaux soulevées lors du débat général sur le budget 2011, est revenu sur cette affaire non pas tant pour confirmer ou infirmer les grandes accusations portées contre l’Angola, mais pour apaiser le climat. Pour lui, la question doit être examinée par un comité d’experts (angolais et congolais) avant que le gouvernement se décide. Mais avant qu’on en arrive là, le chef du gouvernement congolais a tenu à circonscrire le cadre de toute négociation. Pour Adolphe MUZITO, la RDC privilégie les relations de bons voisinages qui la lie à ses voisins y compris l’Angola, pays dont le rôle dans la stabilisation sécuritaire et politique de notre pays n’est plus à démontrer. Le gouvernement privilégie donc l’apaisement.
Il est vrai que la préservation des relations de bons voisinages a toujours été l’un des déterminants de la politique étrangère de la RDC depuis l’époque de la deuxième République. D’ailleurs, les avantages à maintenir cette politique sont plus nombreux que les inconvénients pour un pays post-conflit comme le nôtre. Mais force est de reconnaître que le bon voisinage n’exclut pas la réciprocité qui est également l’un des grands principes des relations internationales. La question qui se pose, après tant des gestes de mauvaise foi de la part de son grand voisin, est celle de savoir si le pays devra fermer les yeux pendant longtemps ou est-ce qu’il ne lui faudra pas réagir ?
Il appartient aux Autorités congolaises d’y répondre. Toutefois, il y a lieu de retenir qu’un gouvernement ne peut prendre le risque de faillir à son obligation de protéger ses nationaux partout où ils se trouvent. Cette compétence personnelle est l’un des attributs de l’Etat. Et pour que celui-ci soit viable, il lui faut absolument garantir la sécurité et la protection de ses nationaux. Même si, il est vrai qu’on ne peut, à l’heure actuelle, accuser le gouvernement congolais de mollesse, on doit tout de même l’inviter à clarifier sa position vis-à-vis de nos amis angolais. Il y va de la dignité de notre pays et de la vie des milliers de nos compatriotes vivant en Angola.
Charles MUKONKOLE
Kinshasa, 27/10/2010 (La République, via mediacongo.net)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire