Le Congo démocratique a-t-il enfanté la classe politique la plus bête et la plus vénale du monde? C’est la question qui vient à l’esprit de toute personne saine de corps et d’esprit après lecture du «Livre blanc» publié par le ministère congolais des Droits humains en décembre 1998. C’est-à-dire quatre mois après la rupture fracassante entre Laurent-Désiré Kabila et ses ex-parrains rwandais et ougandais qui venaient de le faire roi.
En septembre 1996, le nouveau régime rwandais - avec le concours du Burundi de Pierre Buyoya, l’Ouganda de Yoweri Kaguta Museveni et de la «communauté internationale» - décide de «disperser» à coups de canons et de mortiers les réfugiés Hutu tant rwandais que burundais installés dans plusieurs camps dans les deux provinces du Kivu. Une solution radicale pour mettre fin aux incursions menées par des Interahamwe et autres soldats des ex-FAR (Forces armées rwandaises) sur le sol rwandais. Le territoire zaïrois était donc agressé par des armées étrangères.
Pour donner à cette agression l’apparence d’une «rébellion interne» menée prétendument par des «Tutsi banyamulenge décidés à reconquérir leur citoyenneté zaïroise», le chef d’Etat ougandais a imaginé la création d’un "mouvement de libération" dénommé «Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo» (AFDL). Le lumumbiste André Kisase Ngandu en a été le premier chef militaire avant d’être supplanté par Laurent-Désiré Kabila (LDK) et assassiné dans des conditions mystérieuses en janvier 1997. Museveni aime d’ailleurs se vanter que c’est lui qui avait introduit «LDK» auprès du général Paul Kagame, alors vice-président rwandais et ministre de la Défense. «C’est mon secrétaire particulier Innocent Bisangwa qui avait amené Kabila à Kigali», raconte-t-il dans le documentaire «L’Afrique en morceaux».
En septembre 1996, le nouveau régime rwandais - avec le concours du Burundi de Pierre Buyoya, l’Ouganda de Yoweri Kaguta Museveni et de la «communauté internationale» - décide de «disperser» à coups de canons et de mortiers les réfugiés Hutu tant rwandais que burundais installés dans plusieurs camps dans les deux provinces du Kivu. Une solution radicale pour mettre fin aux incursions menées par des Interahamwe et autres soldats des ex-FAR (Forces armées rwandaises) sur le sol rwandais. Le territoire zaïrois était donc agressé par des armées étrangères.
Pour donner à cette agression l’apparence d’une «rébellion interne» menée prétendument par des «Tutsi banyamulenge décidés à reconquérir leur citoyenneté zaïroise», le chef d’Etat ougandais a imaginé la création d’un "mouvement de libération" dénommé «Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo» (AFDL). Le lumumbiste André Kisase Ngandu en a été le premier chef militaire avant d’être supplanté par Laurent-Désiré Kabila (LDK) et assassiné dans des conditions mystérieuses en janvier 1997. Museveni aime d’ailleurs se vanter que c’est lui qui avait introduit «LDK» auprès du général Paul Kagame, alors vice-président rwandais et ministre de la Défense. «C’est mon secrétaire particulier Innocent Bisangwa qui avait amené Kabila à Kigali», raconte-t-il dans le documentaire «L’Afrique en morceaux».
C’est donc avec la connivence historique des «Congolais de mère et de père» que les "loups" rwandais et ougandais ont pu pénétrer dans la bergerie et envahir la partie orientale du pays. Il est vrai que les Zaïrois d’alors étaient demandeurs d’un changement fort. Voulaient-ils un changement à n’importe quel prix? Quel était le «deal»? La chasse aux «génocidaires» pour les soldats rwandais et ougandais baptisés les «rebelles banyamulenge» ou les «combattants de Laurent Kabila», le pouvoir suprême pour LDK. En réalité, Kabila n’était plus qu’un "général" sans troupes. Toutes les opérations militaires ont été conduites par des soldats rwandais et ougandais. Le colonel James Kabarebe en était le coordonnateur. Son aide de camp n’était autre Joseph Kabila.
Le 17 mai 1997, LD Kabila est porté au pouvoir par ses parrains. Le successeur de Mobutu découvre que les «libérateurs» l’ont aidé à "libérer" le pays tout en voulant co-gérer celui-ci. "Vous venez chez les gens et vous voulez devenir maître dans leur pays", dira le Mzee lors d’un voyage au Gabon. C’est la rupture. Fin juillet 1998, Kabila met fin à la «coopération militaire» avec les deux pays. Non contents, le Rwanda et l’Ouganda attaquent la RD Congo selon le scénario expérimenté en 1996-1997. Un nouveau «mouvement rebelle» est créé…à Kigali. Son nom : Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). Des Congolais défilent de nouveau à Kigali pour jouer les marionnettes. Cette fois, un facteur-clé fait défaut : l’adhésion populaire.
Au mois de décembre 1998, Léonard She Okitundu, alors ministre des Droits humains, publie son fameux «Livre Blanc». Surprise : l’Ouganda de Yoweri Museveni et le Rwanda de Paul Kagame et le Burundi y sont présentés comme des «pays agresseurs». Inimaginable. L’attaque d’un Etat indépendant par des forces étrangères devient-elle une "libération" ou une "agression" selon qu’elle profite ou lèse les intérêts d’un quarteron de politiciens? «Au cours de la guerre de libération (1996-1997), qui avait pour but de mettre fin à la dictature de Mobutu, en redonnant au peuple congolais sa dignité tant bafouée et en instaurant un Etat de droit respectueux des droits de l’homme et des libertés fondamentales, peut-on lire dans le Livre blanc, l’Alliance des Forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) avait accepté l’assistance militaire et logistique de plusieurs pays amis, dont le Rwanda et l’Ouganda.» Dans le documentaire précité, Museveni de s’exclamer : «Nous n’avons tout de même pas fait la guerre pour rien!»
Pour les présidents rwandais et ougandais, la chute de Mobutu constituait l’occasion d’installer à Kinshasa un régime à leur dévotion pour prévenir les ingérences du grand voisin. Après la disparition de LD Kabila, Kigali et Kampala ont manifestement atteint cet objectif. Et ce à cause de la bêtise et la vénalité des membres de la classe politique congolaise. Sentant que «Joseph» avait été adoubé par le monde occidental, la grande majorité des politiciens ont rejoint son camp. Histoire de se ménager une place à la «soupe populaire». Et dire que le «président élu» n’était connu ni d’Adam ni d’Eve avant la chute de Kisangani en mars 1997.
On ne le dira jamais assez que les Congolais – grands comme petits citoyens – ont une grande part de responsabilité dans la descente aux enfers de leur pays. Ils ont également une grande part de responsabilité dans l’infiltration des institutions nationales par des "agents de l’étranger". Dans les provinces du Kivu, tous les postes de commandement sont occupés par des officiers rwandais, camouflés sous le label "CNDP". Les localités de Butembo, Beni, Lubero, Kiwanja, Kirumba, Kanyabayonga échappent quasiment au contrôle de l’Etat congolais.
«Nous avons été colonisés parce que nous étions colonisables». Cette trouvaille de l’homme politique et écrivain congolais Auguste Mabika Kalanda est plus que jamais d’actualité. Force est de constater que cinquante années après la proclamation de l’indépendance du Congo, les Congolais de Kinshasa continuent à se comporter comme des «adolescents de cinquante ans». Ils attendent que d’autres nations trouvent des solutions à leurs problèmes.
La situation que vit la RD Congo confirme que la force d’une nation dépend avant tout de l’état d’esprit de sa population et non uniquement des richesses du sol ou du sous-sol. C’est bien cet état d’esprit - ce tempérament - qui a permis à des «petits pays» tels que la Suisse et le Grand-duché de Luxembourg de baigner dans la prospérité. Dans ces pays, il n’y a ni coltan, ni cuivre. Encore moins du cobalt.
Les Congolais peuvent changer leur destin à condition que chaque citoyen accepte de faire son "auto-révolution culturelle". Il s’agit de renouer avec les valeurs humanistes qui donnent des repères à une Nation. Il s’agit de rompre avec la facilité et la légèreté à l’origine de nos turpitudes en faisant le départ entre le vrai et le faux ; la justice et l’injustice ; le patriotisme et la «collaboration» ; l’acceptable et l’inacceptable ; le bien et le mal. Bref, le vice et la vertu.
Cet édito ne vise nullement à moraliser. C’est une interpellation !
Le 17 mai 1997, LD Kabila est porté au pouvoir par ses parrains. Le successeur de Mobutu découvre que les «libérateurs» l’ont aidé à "libérer" le pays tout en voulant co-gérer celui-ci. "Vous venez chez les gens et vous voulez devenir maître dans leur pays", dira le Mzee lors d’un voyage au Gabon. C’est la rupture. Fin juillet 1998, Kabila met fin à la «coopération militaire» avec les deux pays. Non contents, le Rwanda et l’Ouganda attaquent la RD Congo selon le scénario expérimenté en 1996-1997. Un nouveau «mouvement rebelle» est créé…à Kigali. Son nom : Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). Des Congolais défilent de nouveau à Kigali pour jouer les marionnettes. Cette fois, un facteur-clé fait défaut : l’adhésion populaire.
Au mois de décembre 1998, Léonard She Okitundu, alors ministre des Droits humains, publie son fameux «Livre Blanc». Surprise : l’Ouganda de Yoweri Museveni et le Rwanda de Paul Kagame et le Burundi y sont présentés comme des «pays agresseurs». Inimaginable. L’attaque d’un Etat indépendant par des forces étrangères devient-elle une "libération" ou une "agression" selon qu’elle profite ou lèse les intérêts d’un quarteron de politiciens? «Au cours de la guerre de libération (1996-1997), qui avait pour but de mettre fin à la dictature de Mobutu, en redonnant au peuple congolais sa dignité tant bafouée et en instaurant un Etat de droit respectueux des droits de l’homme et des libertés fondamentales, peut-on lire dans le Livre blanc, l’Alliance des Forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) avait accepté l’assistance militaire et logistique de plusieurs pays amis, dont le Rwanda et l’Ouganda.» Dans le documentaire précité, Museveni de s’exclamer : «Nous n’avons tout de même pas fait la guerre pour rien!»
Pour les présidents rwandais et ougandais, la chute de Mobutu constituait l’occasion d’installer à Kinshasa un régime à leur dévotion pour prévenir les ingérences du grand voisin. Après la disparition de LD Kabila, Kigali et Kampala ont manifestement atteint cet objectif. Et ce à cause de la bêtise et la vénalité des membres de la classe politique congolaise. Sentant que «Joseph» avait été adoubé par le monde occidental, la grande majorité des politiciens ont rejoint son camp. Histoire de se ménager une place à la «soupe populaire». Et dire que le «président élu» n’était connu ni d’Adam ni d’Eve avant la chute de Kisangani en mars 1997.
On ne le dira jamais assez que les Congolais – grands comme petits citoyens – ont une grande part de responsabilité dans la descente aux enfers de leur pays. Ils ont également une grande part de responsabilité dans l’infiltration des institutions nationales par des "agents de l’étranger". Dans les provinces du Kivu, tous les postes de commandement sont occupés par des officiers rwandais, camouflés sous le label "CNDP". Les localités de Butembo, Beni, Lubero, Kiwanja, Kirumba, Kanyabayonga échappent quasiment au contrôle de l’Etat congolais.
«Nous avons été colonisés parce que nous étions colonisables». Cette trouvaille de l’homme politique et écrivain congolais Auguste Mabika Kalanda est plus que jamais d’actualité. Force est de constater que cinquante années après la proclamation de l’indépendance du Congo, les Congolais de Kinshasa continuent à se comporter comme des «adolescents de cinquante ans». Ils attendent que d’autres nations trouvent des solutions à leurs problèmes.
La situation que vit la RD Congo confirme que la force d’une nation dépend avant tout de l’état d’esprit de sa population et non uniquement des richesses du sol ou du sous-sol. C’est bien cet état d’esprit - ce tempérament - qui a permis à des «petits pays» tels que la Suisse et le Grand-duché de Luxembourg de baigner dans la prospérité. Dans ces pays, il n’y a ni coltan, ni cuivre. Encore moins du cobalt.
Les Congolais peuvent changer leur destin à condition que chaque citoyen accepte de faire son "auto-révolution culturelle". Il s’agit de renouer avec les valeurs humanistes qui donnent des repères à une Nation. Il s’agit de rompre avec la facilité et la légèreté à l’origine de nos turpitudes en faisant le départ entre le vrai et le faux ; la justice et l’injustice ; le patriotisme et la «collaboration» ; l’acceptable et l’inacceptable ; le bien et le mal. Bref, le vice et la vertu.
Cet édito ne vise nullement à moraliser. C’est une interpellation !
Baudouin Amba Wetshi
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