mardi 16 novembre 2010

Alpha Condé déclaré vainqueur par la Céni

A Conakry, des supporters d'Alpha Condé fêtent la victoire de leur candidat, le 15 novembre 2010.
A Conakry, des supporters d'Alpha Condé fêtent la victoire de leur candidat, le 15 novembre 2010.
AFP PHOTO / ISSOUF SANOGO
Par RFI
Alpha Condé a remporté l’élection présidentielle en Guinée avec 52,52% des voix selon les résultats provisoires annoncées lundi 15 novembre 2010 par le président de la Commission électorale nationale indépendante, la Céni. Quant à Cellou Dallein Diallo, il a recueilli 47,48% des voix. Dans sa première déclaration, Alpha Condé a appelé son adversaire à la «concorde» estimant que «le temps est venu de se donner la main».
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C'est un véritable tour de force qu'a réussi Alpha Condé. Distancié de 25 points par son adversaire au premier tour, il a renversé la vapeur et remporte 52,52% des suffrages au second tour. Alpha Condé double celui qui, il y a quatre mois, faisait figure de grand favori, Cellou Dalein Diallo.

16/11/2010 - Revue de presse Afrique
Il est vrai qu'entre les deux tours, il s'est écoulé quatre mois. Quatre mois durant lesquels les conditions ont changé. Alpha Condé s'est battu bec et ongles pour obtenir une commission électorale plus efficace et plus transparente qu'au premier tour.

Bah Oury, vice-président de l'UFDG
Nous appelons les militants au calme mais ils sont déçus.
 

15/11/2010 par Olivier Rogez
Sur le plan politique, Alpha Condé a mis sur pied une alliance avec seize candidats battus au premier tour. Une alliance qui lui a permis de remporter les suffrages dans trois des quatre régions naturelles du pays et dans quatre des cinq communes de Conakry. Alpha Condé a isolé politiquement son adversaire, en jouant parfois avec le dangereux réflexe communautaire. Cellou Dalein Diallo, quant à lui, a du mal à digérer la défaite et accuse Alpha Condé de fraude et d'irrégularités. Il s'estime lésé et va demander à la Cour suprême d'examiner ses recours.

Bah Oury, vice-président de l'UFDG
Nous avons amassé beaucoup d'éléments qui prouvent que des PV ont été changés.
 

15/11/2010 par Olivier Rogez
La tension était si vive ces derniers jours à Conakry qu'elle a éclaté ce lundi 15 novembre 2010 dans les fiefs de Cellou Dalein Diallo dans la capitale mais aussi dans plusieurs villes de province. Une personne a été tuée par les forces de l'ordre, 65 autres ont été blessées. Dans le camp Alpha Condé, on n'ignore pas que ces divisions laissent planer de sérieux doutes sur la stabilité de la Guinée. Lundi soir, le porte-parole de l'alliance Arc-en-ciel, François Fall, avait la victoire modeste et appelait les Guinéens au calme.
Lundi soir à Labé, le fief du candidat malheureux de l'UFDG, des manifestations ont eu lieu, dans lesquelles des jeunes ont brulé des pneus et monté des barricades. Selon des témoins sur place, les forces de l'ordre ont répliqué. Dans plusieurs quartiers de Conakry des coups de feu ont été entendus peu aprés l'annonce des résultats. Des mouvements d'humeur qui se sont subitement arrêtés avec l'arrivée d'une forte pluie sur la capitale.
La communauté internationale, qui a salué la qualité du scrutin, appelle les candidats à respecter le verdict des urnes.

François Fall, porte-parole de l'alliance Arc-en-ciel
C'est une grande satisfaction mais je souhaite que tout se passe dans la paix.
 

16/11/2010 par Christine Muratet

Alpha Condé, une revanche sur l'Histoire
Quarante ans d'opposition, trente ans d'exil, plus de deux ans de prison... Envers et contre tout, Alpha Condé n'a jamais plié et s'il est un homme en Guinée qui peut se prévaloir du titre de combattant de la démocratie, c'est bien lui.
Ses premiers pas en politique, il les effectue en France à la fin des années cinquante. Le jeune malinké, né à Boké dans une famille de commerçants, milite alors pour l'indépendance de son pays et chante les louanges de Sekou Touré. L'admiration est de courte durée et dès les années soixante, Alpha Condé dénonce ouvertement la répression en cours dans son pays.
L'homme à abattre pour les autorités de Conakry
Alors qu'il est à la tête de la fédération des étudiants d'Afrique noire en France, Sékou Touré le condamne à mort par contumace. Commence alors une vie d'exil entre l'université et les affaires, la France, la Chine, Cuba et l'Algérie. Avec les années, le marxiste devient social démocrate mais reste cependant l'homme à abattre pour les autorités de Conakry. En 1991, il fait un premier retour en Guinée mais avec Lansana Conté, les relations sont exécrables et en 1998 après l'élection présidentielle le général fait embastiller son principal opposant.

Agé aujourd'hui de 72 ans, le leader du RPG tient désormais sa revanche sur l'Histoire et sur tous ceux qui méprisaient sa stratégie d'opposition radicale aux régimes successifs. Alpha Condé a promis le changement, à lui maintenant d'incarner cette rupture et surtout de rassembler des Guinéens qui n'ont jamais paru si divisés.

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