jeudi 18 novembre 2010

Climat tendu en Guinée où l’état d’urgence a été décrété

Une guinéenne pleure la mort d'un parent tué par les militaires dans la région de Cosa du quartier de Ratoma, le 17 novembre 2010.
Une guinéenne pleure la mort d'un parent tué par les militaires dans la région de Cosa du quartier de Ratoma, le 17 novembre 2010.
AFP PHOTO / ISSOUF SANOGO
Par RFI
Les autorités guinéennes ont décrété l’état d’urgence le 17 novembre. Il s'agit selon elles de mettre un terme à la multiplication des scènes de pillage et des actes de violence. En trois jours, depuis l'annonce des résultats provisoires de la présidentielle, une dizaine de personnes auraient été tuées et 215 blessées. Partisans du vainqueur annoncé Alpha Condé ou partisans de son adversaire Cellou Dalein Diallo, les responsabilités dans ces troubles sont partagées.

Alpha Condé, vainqueur de la présidentielle
Sans unité nationale, le pays ne peut pas se développer.
 

18/11/2010 par Laurent Correau
Ces deux derniers jours aucun des deux camps n’a eu le monopole de la violence. Des militants, de sympathisants des deux alliances s’en sont pris à ceux qui étaient soupçonnés d’appartenir au camp d’en face. Un habitant de Dixin qui porte encore un pansement à la tête dit avoir été attaqué par des partisans de Cellou Dalein Diallo : « Ils me sont tombés dessus. Ils ont cassé ma maison, le toit, tout est cassé. On m’a aussi blessé. Je suis membre du RPG, (Rassemblement du peuple de Guinée, parti d’Alpha Condé), c’est pour cela qu’ils sont venus, qu’ils me sont tombés dessus ». A la colère des uns, s’ajoutent parfois les provocations des autres. Un jeune parmi les sympathisants de Cellou Dalein Diallo raconte comment une bagarre de quartier a éclaté à Kakimbo quand des sympathisants d’Alpha Condé sont arrivés : « A ce moment là, on était assis, et puis on a commencé à pagailler. Sur les rails, ils ont commencé à prendre des cailloux qu’ils jetaient sur nous en disant qu’ils avaient gagné et que personne ne peut être contre eux. Que personne ne peut faire quoi que ce soit contre eux ».
Les habitants dénoncent l'attitude des forces de l'ordre

Général Nouhou Thiam, chef d'état major des armées
 
18/11/2010
par Laurent Correau
 
 

Les habitants dénoncent également l’attitude des forces de l’ordre qu’ils accusent d’effectuer des descentes brutales dans les quartiers, perdent leur neutralité politique, et appliquent une répression démesurée comme en témoigne une femme en colère : « Les militaires sont venus aujourd’hui encore. Ils viennent maintenant pour tirer les portails afin qu’ils puissent entrer et nous trouver dedans. Ils entrent, quand ils trouvent des gens, ils cassent et ils volent ». Lors de ces descentes, des habitants des quartiers ont été tués par des tirs à bout portant. L’envoyé spécial de RFI a pu suivre le 17 novembre, un médecin venu enlever les corps de jeunes tués en banlieue, et selon ce médecin, la façon dont la balle avait transpercé leur cou ne laissait « aucun doute sur la manière dont ils ont été abattus ».

Reportage dans une ambulance qui ramasse les corps
 
18/11/2010
par Laurent Correau
 

La situation dans l’intérieur du pays
Dans la région du Fouta, après les mouvements d'humeur et les violences, la tendance est au retour au calme. « Tout le monde est terré » nous expliquait un habitant de Labé, allusion à l'état d'urgence décrété dans tout le pays et aux forces de l'ordre qui patrouillent dans toutes les villes.
A Pita, selon des témoins, la situation est redevenue calme dans la journée du 17 novembre. Le nouveau préfet, nommé en remplacement de son prédécesseur limogé pour faiblesse, a réuni les élus locaux afin des les sensibiliser au respect de l'état d’urgence. Les imams ont, eux aussi, à la sortie de la prière de la Tabaski, renouvelé les appels au calme.
Le calme règne également à Labé. Aucun trouble n'a été signalé et les forces de l'ordre continuent à quadriller la ville. A Koubia, au nord de Labé, le 17 novembre des coups de feu ont été entendus dans certains quartiers et des renforts de forces de l'ordre sont arrivés dans la journée. La nuit dernière, des jeunes ont été arrêtés et tabassés. En Guinée Forestière, la tension reste toutefois forte dans plusieurs préfectures.

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