samedi 20 novembre 2010

Togo : Le Rpt ne veut pas de l’Anc au Parlement

Le logo officiel du parti politique togolais ANC (D.R)(AfriSCOOP Lomé) — Après le feuilleton « Obuts » (du nom du parti d’A. Kodjo) écrit par le pouvoir central il y a quelques mois, voici le feuilleton « Anc ». Tout est en effet mis en œuvre actuellement pour dénuer de toute légalité la formation du groupe parlementaire Anc, alors même qu’aucun texte légal n’interdit la démarche de Jean-Pierre Fabre et de ses complices. Entre-nous, le Togo a-t-il besoin en ce moment de ces tergiversations oisives ?

Dans une sortie médiatique datant du 17 novembre, l’Anc a indiqué qu’elle ne se laissera pas faire dans le bras de fer qui l’oppose actuellement au Bureau de l’Assemblée nationale, dans le cadre de la formation de son groupe parlementaire. « Ce mercredi 17 Novembre 2010, le Président de l’Anc a reçu une lettre en date du 15 Novembre 2010, par laquelle le Bureau de l’Assemblée nationale oppose une fin de non recevoir catégorique à la création du groupe parlementaire Anc, rappelant et confirmant les termes de sa lettre du 05 novembre 2010 selon lesquels : ‘’un parti politique extraparlementaire ne peut disposer d’un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale’’ », rappelle le parti de M. Fabre. Tout en détaillant : « Déjà le lundi 15 novembre 2010, l’Anc a appris que le Président de l’Assemblée nationale, M. Abass Bonfoh, a convoqué le jour même, une réunion de la conférence des Présidents, à laquelle n’étaient pas invités les députés Anc membres de droit de cette instance. Cette exclusion de fait, confirme les informations selon lesquelles Abass Bonfoh aurait saisi la Cour Constitutionnelle pour lui demander de statuer sur une prétendue démission de l’Assemblée nationale des députés Anc, en vue de pourvoir à leur remplacement. Il n’échappe à personne que de telles manœuvres participent du marché conclu entre le Rpt et Gilchrist Olympio et dont l’un des objectifs est de constituer à l’Assemblée nationale, la majorité qualifiée des 4/5 des députés qui permettrait au Rpt de modifier la Constitution à sa guise ».
Du coup, la nouveau-né des partis au Togo « dénonce et condamne ces actes graves qui constituent une violation délibérée des dispositions de la Constitution de la République togolaise (article 52) et du règlement intérieur de l’Assemblée nationale (articles 26, 27 et 28) ». Devant cette somme de démarches du Rpt, l’Anc « réaffirme, au regard des textes en vigueur, le droit absolu des députés de l’Assemblée nationale, de se constituer par affinités politiques en groupe parlementaire de leur choix, en l’occurrence, Groupe Parlementaire Anc ».
Que peut l’Anc face à la machine Rpt ?
A moins d’une année de la fin du mandat de l’actuelle législature, à quels nouveaux et vilains jeux se livre au juste le Rpt, et à quelles fins ? De toute vraisemblance, la finalité de la fin de non-recevoir que s’efforce d’opposer le nervi A. Bonfoh à ses collègues parlementaires de l’Anc est d’une part d’animer le terrain politique, en prélude à la prépara tion des élections locales à venir ; en détournant donc d’ores et déjà l’attention de ses opposants radicaux pour mieux prendre position sur le terrain électoral. Et d’autre part à tenter un passage en force pour disposer d’une majorité qualifiée à l’Assemblée pour matérialiser les propositions criminelles du duo Olympio-Rpt, en matière de réformes constitutionnelles préconisées par l’Accord politique global du 20 août 2010.
La démarche dictatoriale de M. Bonfoh se trouve renforcée par le mutisme du Car (2ème parti d’opposition au parlement) et des autres formations locales d’opposition sur le différend entre parlementaires autour de la création d’un groupe parlementaire… La semaine dernière, à titre d’exemple, le président de l’Obuts, A. Kodjo, a estimé sur Nana Fm (une radio privée de Lomé) que le débat autour de la possibilité pour un parti extraparlementaire de créer un groupe au parlement n’a pas lieu d’être ! M. Kodjo, allié de M. Fabre au sein du Frac (Front républicain pour l’alternance et le changement), a défendu sa position précitée à travers un juridisme, sans clairement afficher sa position dans ce débat.
En attendant que la Cour constitutionnelle se prononce sur les différentes saisines de l’Anc, Charles Debbasch et les juristes du pouvoir de Lomé continuent leur travail dans l’ombre pour étouffer dans l’œuf la naissance du groupe parlementaire Anc. L’après 2015 du pouvoir de Faure Gnassingbé est donc déjà en préparation, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Assemblée nationale. Armée, argent et moyens administratifs et institutionnels sont à la disposition des actuels dirigeants togolais, pour ce faire. D’une manière ou d’une autre, ils devraient de nouveau parvenir à leur fin. Jean-Pierre et ses acolytes pourront toujours appeler la population togolaise et leurs partisans « à la vigilance ». 20 ans après le début du processus démocratique togolais, les opposants peuvent commencer sérieusement à se mordre les doigts pour n’avoir privilégié que la voie du dialogue… La politique, c’est aussi un rapport de force.

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