Lundi, 24 Janvier 2011
Au cours de leur manifestation, des étudiants de l’UPN ont donné des exemples de ce qu’ils qualifient de deux poids deux mesures dans les mesures d’assainissement prises par le ministre Mashako Mamba. Les jours passent et se ressemblent à Kinshasa, siège des institutions nationales. On avance inexorablement vers une crise sociale qui ne dit pas encore son nom et dont les conséquences pourraient être imprévisibles. Le feu couve dans les milieux universitaires, connus comme terrain propice des contestations de tous genres. Après l’Université de Kinshasa les 12 et 13 janvier derniers, voici l’Université pédagogique nationale et l’Institut du bâtiment et des travaux publics en fin de semaine.
Partout, des étudiants sont soit victimes, soit auteurs des manifestations qui commencent à prendre l’allure d’une situation non contrôlée. Ce sont les événements du week-end qui confortent l’hypothèse d’une gestion personnalisée des dossiers de la République.
L’affaire des filières à supprimer ou à restructurer à l’UPN prend l’allure d’une affaire politisée. En effet, comment expliquer que le ministre de tutelle, qui a des services compétents capables d’analyser les dossiers, ne parvienne pas à percevoir le piège dans lequel il s’enfonce pour essayer de remettre de l’ordre dans cette université? Et comment le ministre Mashako Mamba ne comprend-il pas qu’il ne peut gérer ce dossier seul, sans l’appui, ou même la bénédiction de ses collègues du gouvernement? A la place, il s’entiche les services du gouverneur de la ville de Kinshasa, en compagnie duquel il a annoncé la suspension -révocation?- du comité de gestion de l’UPN, pour... insubordination, provoquant, de ce fait, une tension inutile dans le quartier où est situé le campus de l’UPN. Ni le lieu de l’annonce, ni le moment, ne convenaient pas à ce type d’entreprise. En mille mots comme en un seul : Mashako gère mal ce dossier pourtant important et sur lequel il a raison sur une bonne partie. Mais faudrait-il pour cela oublier les circonstances de temps et de lieu’?
Concernant les circonstances de temps, nous sommes à une période délicate, au cours d’une année extrêmement sensible. Sous allons aux élections, la révision constitutionnelle tant redoutée a eu lieu, les hommes politiques cherchent des électeurs en utilisant la manipulation et en jetant le discrédit sur leurs adversaires, les médias internationaux relaient au quotidien les remous qui se tout ailleurs –Tunisie, Côte d’Ivoire-, etc. Bref, les temps sont mauvais.
Le gouvernement le sait. Circonstances des lieux : nous sommes à Kinshasa, où la population estudiantine avoisinerait les 100.000 âmes, rien que dans le secteur officiel, les lieux où se manifeste la tension depuis deux semaines sont des sites universitaires.
Dans ces conditions, la gestion devrait être plus prudente, concertée. Ce n’est pas ce que nous voyons sur terrain. Mashako annonce une décision, le Premier ministre contre-balance et calme le jeu, Mashako revient à la charge, ainsi de suite. Et ce n’est pas tout. Un groupe d’étudiants de l’IBTP ont été dernièrement amenés de force dans les bureaux d’une administration municipale de la capitale pour de motifs surréalistes par des personnes soupçonnées appartenir à la police ou à des services. Tous les étudiants qui étaient là, et qui pour la plupart sortaient du campus pour regagner leurs ramilles, ont été conduits dans ce dortoir spécial d’une nuit. Les mêmes étudiants racontent que, depuis peu, tout attroupement au sein de l’institution est devenu suspect.
Des personnes non habituelles à leur milieu épient tout mouvement des étudiants. Ceux-ci, par crainte de représailles, évitent de se rendre sur le campus les ours où il n’y a pas cours. Mais, loin de calmer les esprits, toutes ces informations-là ne font que monter la pression, au jour le jour. Mais à vrai dire, cette tension est inutilement entretenue quelque part.
Peut-être qu’il y aurait de la manipulation ou de la récupération politicienne, comme l’ont stigmatisé le ministre Mashako et le gouverneur André Kimbuta. Mais pourtant, le problème de fond demeure : les étudiants ont l’impression d’être brimés pour assouvir certains intérêts politiques.
En effet, au cours de leur manifestation, des étudiants de l’UPN ont donné des exemples de ce qu’ils qualifient de deux poids deux mesures dans les mesures d’assainissement prises par le ministre Mashako Mamba. Si ce dernier estime que l’UPN ne peut pas former des médecins, alors que tous les professeurs de médecine les plus réputés habitent Kinshasa, comment comprendre que la télévision ait diffusé, il a seulement quelques jours, la proclamation des candidats médecins à Isiro ou à Kindu? En plus, en présence d’un membre du gouvernement arborant Un sourire jaune. Ce qui est faisable dans les milieux les plus lointains, est-il impossible à Kinshasa? Loin de vouloir répondre à ces questions, l’impression qui se dégage de cette situation est que, si on n’y prend garde, le danger viendra des milieux universitaires qui, mal gérés, ont toujours été, orbi et urbi, les bastions de la contestation. Personne n’y gagnera rien ! Au contraire, certains y gagneraient beaucoup.
Tino Mabada
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