JUBA (Soudan) (AFP)
Les Sud-Soudanais ont commencé à se prononcer dimanche sur leur indépendance lors d’un référendum qui devrait mener à la partition du plus grand pays d’Afrique, se déroulant dans l’effervescence malgré des accrochages meurtriers à la frontière Nord-Sud.
Environ quatre millions de Sudistes, vivant au Sud-Soudan, dans le nord du pays et à l’étranger, sont invités à se rendre aux urnes pour choisir entre le maintien de l’unité ou la sécession au cours de ce scrutin historique, qui remet en cause les frontières héritées de la colonisation occidentale en Afrique.
Le président de la région semi-autonome du Sud-Soudan, Salva Kiir, a salué "un moment historique" en votant dimanche matin, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Des milliers de personnes, dont plusieurs n’ayant pas fermé l’oeil de la nuit, ont patienté de longues heures en attendant l’ouverture des bureaux de vote dans la capitale sudiste Juba.Les bureaux de vote ont aussi ouvert à Khartoum, métropole du Nord-Soudan, mais étaient désertés, selon une journaliste de l’AFP.
Salva Kiir a voté dès l’ouverture du bureau de vote jouxtant le mausolée de John Garang, leader historique de la rébellion sudiste décédé en 2005 dans un accident d’hélicoptère après avoir signé l’accord de paix avec Khartoum prévoyant la tenue de ce référendum historique.
"C’est le moment historique que les Sud-Soudanais attendaient", a-t-il déclaré.
L’émissaire américain Scott Gration, le sénateur John Kerry, et l’acteur George Clooney étaient présents au mausolée où plusieurs centaines de personnes faisaient la queue pour voter.
M. Kerry, ancien candidat à la présidentielle américaine, a déclaré : "il s’agit d’un nouveau chapitre dans l’histoire du Soudan".
"Le jour que nous attendions depuis si longtemps est enfin arrivé", a déclaré David Kol, un sudiste qui patientait depuis une heure du matin (22H00 GMT) devant le mausolée de John Garang pour voter.
Les bureaux de vote sont ouverts de 8H00 à 17H00 (5H00 à 14H00 GMT), et l’opération doit se dérouler sur une semaine.La majorité simple (50% + une voix) est considérée comme la note de passage pour l’option sécessionniste, mais au moins 60% des électeurs inscrits doivent voter afin que le résultat soit valide, selon les règles établies par la commission référendaire.
Les bulletins de vote sont imprimés en anglais et en arabe, mais parce que la majorité des Sudistes est analphabète, les organisateurs ont associé un signe à chaque option : une poignée de main pour l’unité et une main ouverte pour la sécession.
Ce scrutin est le point cardinal de l’accord de paix global (CPA) ayant mis fin en 2005 à la deuxième guerre civile entre le Nord, musulman et en grande partie arabe, et le Sud, afro-chrétien, un conflit à l’origine de deux millions de morts et de quatre millions de déplacés.
La première guerre civile (1955-1972) avait débouché sur un statut d’autonomie pour le Sud-Soudan.
Analystes et responsables politiques à Khartoum pronostiquent une victoire de l’option sécessionniste, ce qui aboutirait à la création d’un nouveau pays —le 193e du monde— dès le mois de juillet, date de la fin de la période intérimaire de six ans initiée par le CPA.
Khartoum s’est engagé à reconnaître une sécession du Sud si le scrutin était "libre et transparent".Des observateurs soudanais et du monde entier sont sur le terrain pour surveiller le processus.
Le Sud-Soudan, région pétrolière de plus de 8,5 millions d’habitants, serait amené à devenir l’un des pays les plus pauvres sur la planète.L’ambiance était déjà à la fête ces derniers jours dans les principales villes du Sud-Soudan, mais des affrontements meurtriers dans des zones sensibles à la frontière Nord-Sud ont assombri samedi les préparatifs.
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