mercredi 23 mars 2011

Burkina : des soldats tirent en l’air à Ouagadougou, pillent des boutiques



Soldats à Ouagadougou le 11 décembre 2007 ©AFP











OUAGADOUGOU (AFP)
Des soldats burkinabè sont sortis de deux camps militaires de Ouagadougou et ont tiré des coups de feu en l’air durant la nuit de mardi à mercredi, blessant "une dizaine de personnes, pillant des boutiques après la condamnation de cinq des leurs dans une "affaire de moeurs".
"Une dizaine de personnes ont été blessées" lors de ces manifestations, a indiqué le ministère de la Défense dans un communiqué, sans plus de précision.
Le ministre Yéro Boly "en appelle au calme et à la retenue et invite les populations à vaquer normalement à leurs occupations", selon le texte.
Des soldats ont tiré à l’arme légère à partir de 22H00 (locales et GMT) au camp Sangoulé Lamizana à Goughin (quartier ouest de la ville), sont ensuite sortis en tirant en l’air dans les rues jusqu’au camp Guillaume Ouédraogo, principale garnison du pays en plein coeur de Ouagadougou, où d’autres militaires se sont joints à eux, ont rapporté à l’AFP des habitants.
Les troubles ont duré environ cinq heures, selon ces témoins.
Sur leur parcours et aux abords du marché central, des boutiques attenantes à des stations service et des échoppes ont été pillées.Dans la matinée, de petits commerçants ont protesté contre ces pillages en brûlant des pneus sur la voie publique.
"Je n’arrive pas à comprendre que des hommes en tenue me fassent ça.Ils ont cassé mes boutiques, ils ont tout pillé, ordinateurs, téléphones portables, même les accessoires.Il y a un soldat qui a laissé son arme ici", a déclaré à l’AFP un commerçant, Eloi Nikiema.
Les soldats ont tiré pour marquer leur "désapprobation d’une décision de justice" qu’ils ont "jugée trop dure", a déclaré à l’AFP un haut responsable de l’armée sous couvert de l’anonymat.
"Hier (mardi) la justice militaire a condamné quatre soldats à 15 mois ferme et le principal accusé à 18 mois ferme pour une affaire de moeurs, parce qu’ils ont battu un civil qui faisait la cour à la femme" de l’un des condamnés, a-t-il affirmé.
Ce jugement "signifie que les condamnés sont radiés de l’armée, d’où la manifestation de désapprobation de leurs camarades.C’est une manifestation de solidarité de quelques soldats", a ajouté cette source.
La prison militaire, où sont détenus les cinq militaires, un sous-officier et quatre soldats, est située dans le camp Sangoulé Lamizana.
Selon la radio nationale, les soldats protestataires s’étaient rendus dans la nuit au domicile privé du ministre de la Défense et y ont fait de "nombreux dégâts matériels"."Ils n’ont pas saccagé", a démenti une autre source à l’état-major, ajoutant que "personne n’a été blessé".
Selon cette source, "le calme est revenu, les soldats ont été sensibilisés, ils ont compris.Tout est rentré dans l’ordre.On est en train de ramasser les armes".
Des "discussions" ont été engagées par la hiérarchie militaire avec des représentants des soldats mécontents pour "examiner leurs revendications", qui ne comportent pas de "revendications salariales", a dit ce responsable.
La capitale a tourné au ralenti toute la journée et avait même des airs de ville morte dans l’après-midi, avec ses commerces et ses services publics fermés.

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