mardi 29 mars 2011

Kinshasa: Les " Malewa" : source de maladies alimentaires!


Le Palmarès 


L’alimentation de rue, communément appelée «malewa » en langage kinois, est une réalité sociale à Kinshasa. . Cependant, l’absence de conditions hygiéniques dans la mise sur le marché de ces denrées alimentaires constitue une menace pour la santé des habitants. Et les maladies d’origine alimentaire dont souffrent plusieurs patients dans la ville en font foi. 



Assis sur un banc de fortune dans une gargote du Marché central, Sylvestre savoure à pleine gorgée, le sourire aux coins des lèvres, le plat de riz qui vient de lui être servi. Car depuis son départ de la maison aux environs de quatre heures du matin, son activité de vendeur à la sauvette, ce « chailleur» ambulant, n’a pas encore permis à cet homme d’une vingtaine d’année de répondre aux besoins de son estomac. « Sans toi, j’allais mourir de faim », plaisante t-il à l’endroit de la vendeuse autre fois ambulante comme lui, le front moite de sueur qui s’attelle à repousser les mouches en concert autour de ses marchandises.

A l’instar de cet homme, des milliers des kinois, de sa trempe, ont recours de façon occasionnelle ou quotidienne l’alimentation de rue pour se nourrir.
« Depuis que je fréquente ce lieu public, j’ai toujours pris mon repas de la journée dans les maquis ou autres lieux de vente aux alentours de mon service sans jamais savoir à Kinshasa dans quelles conditions sa préparation se fait», explique Lutona, un jeune agent chargé de la perception de la taxe d’étalage du Marché central.
Comme pour ces derniers, les aliments vendus sur les voies publiques représentent une part importante de la consommation alimentaire urbaine.
Ainsi, des établissements aux marchés en passant par les gares routières, les stades de football, les lieux de spectacles.., le recours journalier aux aliments et boissons prêts à consommer préparés et/ou vendus par des vendeurs ambulants constitue une réalité pour satisfaire l’un des besoins reconnus comme fondamentaux de l’homme, se nourrir.

Un phénomène aux sources multiples 
Vivants pour leur grande majorité sans revenus o avec des revenus faibles ou moyens, des Kinois évoquent leur faible pouvoir d’achat comme la principale des raisons justifiant pour expliquer leur penchant pour les restaurants en bordure des voies publiques. Pour eux, ils constituent un moyen de s’adapter aux exigences de la vie moderne en ayant accès à des repas prêts à consommer en fonction de leurs revenus et pouvoir d’achat.
En effet, pour un grand nombre de ces personnes aux ressources limitées, les aliments de rue sont souvent le moyen le moins coûteux et le plus accessible pour obtenir, notamment dans les zones urbaines, un plat équilibré au plan nutritionnel hors de la maison. «Avec ce que je gagne comme revenu, je ne peux pas me permettre d’aller dans un grand restaurant où la nourriture coûte chère », dixit Dame Rosine secrétaire dans une administration publique à Kasa-Vubu (une Division urbaine des ...), cuillère en mains devant son plat « de ntshanga madeso » (Ndlr :
Nourriture locale kinoise). Le phénomène se développe aussi parce qu’il joue un rôle socio-économique considérable aussi bien pour les vendeurs que pour les consommateurs, les travailleurs des secteurs formel et informel, étudiants et élèves qui passent en effet la journée à leurs lieux de travail et ne rentrent à domicile que le soir.
Les fondements de l’alimentation de rue sont de ce fait l’urbanisation rapide, les multiples contraintes quotidiennes, la création des pôles de développement de petites industries et la ville qui est obligée de nourrir un grand nombre de travailleurs loin de leur domicile. Ainsi, dans les quartiers de la ville, l’alimentation de rue s’explique par la distance, bien longue souvent, qui sépare les lieux de travail des habitations des travailleurs. « Moi, je suis obligé de me contenter de ce qu’il y a au bord des voies parce que j’habite à Mikonga (cité située au-delà de l’aéroport de Ndili) alors que je me débrouille au centre-ville, soit à plus d’une vingtaine de kilomètres. Je préfère donc prendre quelque chose n’importe où aux heures de pause et bien manger le soir quand je serai à la maison », explique Félicien, docker au beach Ngobila. 
L’alimentation d rue trouve aussi un terrain fertile dans la forte démographie. observée à Kinshasa. En effet, avec l’accroissement de la demande qui découle de l’explosion démographique, l’offre d’aliments ne répond plus aux attentes. Dès lors, les restaurants de rue sont mis en place surtout pour satisfaire la demande de populations pauvres dont le nombre s’accroît sans cesse du fait de l’exode rural et de la dégradation de la situation de l’emploi dans les villes. S’il est indéniable que l’alimentation de rue joue un rôle socioéconomique important en ce qu’il s’agit d’une activité économique à faible niveau d’investissement qui est prépondérante en milieu urbain et absorbe une part importante de la production locale d’aliments et constitue une source considérable d’emplois, ce secteur pose cependant d’importants problèmes nutritionnels, sanitaires et environnementaux qui sont de nature à compromettre la sécurité alimentaire des populations.

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