mercredi 23 mars 2011

RDC: L’alcool comme la guerre d’agression tuent à Butembo

Les boissons fortement alcoolisées divisent opérateurs économiques et agents de l’Etat d’une part et consommateurs de l’autre dans plusieurs communes de la ville de Butembo. Chaque communiqué du comité urbain et des comités communaux de sécurité condamne et interdit la vente et la consommation des boissons fortement alcoolisées dans leurs entités respectives. Depuis plusieurs années, la lutte contre l’alcool comme la lutte internationale contre le terrorisme, est devenu un fond de commerce pour certains agents de l’Etat. C’est ainsi que plusieurs observateurs se plaignent de la légèreté affichée par les autorités dans la lutte contre la vente et la consommation des boissons fortement alcoolisées en ville de Butembo.
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Primo : les lieux de vente et de consommation de la drogue sont connus de tous, mais seuls les services spécialisés sont autorisés d’arrêter les coupables ou quelques coupables seulement, 
Secundo: plusieurs cartons de ces boissons en provenance de pays voisins passent les frontières au vu et au su des services de securité et sont étalés dans les alimentations à travers toute la ville, 
Tercio : Quelques gammes de ces boissons sont depuis peu fabriquées sur le sol congolais par des entreprises détenant des licences et autorisations des mêmes autorités qui en interdisent pourtant officiellement la vente et la consommation, 
Quarto : ces boissons sont économiquement favorables à leurs consommateurs en raison de leur prix. Leur pouvoir d’achat ne leur permet pas de se taper une boisson descente au volume d’alcool contrôlé. Un adage ne dit-il pas que « quand on est nu, même au diable on souhaite la bienvenue ? » Ils n’ont pas le choix ces disciples de Bacchus qui ont trouvé des mots et des noms pour leur : Toboka, Rutuku, Kindingi, Kanyola, Kill me quick, Kamedja etc. En fait une « mesure » de quelques 100 ml se vend en 100 Fc congolais et une ou deux suffisent pour le Knock Out (KO), « le jeu est fini » du consommateur. Ce n’est pas une boisson de la dernière pluie ! Pour leur part, les consoeurs de Kanyola, boissons de la même série mais en flacons, se vendent entre 400 et 600 Fc pour 300 ml de 40 à 45% de concentration d’alcool, quantité qui rivalise avec la moitié d’une bouteille de Primus à Butembo. Et le slogan est resté : qu'importe la boisson, pourvu qu'on ait l'ivresse. Entre temps, les victimes se comptent par milliers parmi toutes les couches de la population et dangereusement parmi les jeunes et les femmes.
 Avec l’alcool, la société congolaise est en danger ! 
Chimiquement parlant, les boissons alcoolisées sont essentiellement fabriquées sur base d’éthanol, une substance utilisée pour la momification des cadavres. Cet éthanol, de la catégorie des hydrocarbures a des conséquences sociologiques très graves sur l’organisme humain. Selon le Médecin Chef de District Sanitaire Urbano-rural de Butembo, le Dr Mundama Witende Jean Paul, lorsque l’individu en prend régulièrement, il développe une sorte de forte dépendance et devient esclave de la boisson. A 1,2g d’alcool par litre de sang l’individu ressent rapidement un déséquilibre mental lié à des effets euphorisant : le timide devient très gai et éloquent, le tacite devient méchant, le friand devient généreux etc. Par contre lorsqu’il atteint plus de 1,3 gramme d’alcool par litre de sang dans l’organisme, cet alcool provoque une intoxication aiguë. Conséquemment, l’alcool surtout du genre de celui évoqué précédemment, Kanyola, Rutuku, etc., provoque une cirrhose de foie appelée dans le langage vulgaire « Kavunda ». Il provoque aussi le cancer de l’estomac, entraîne une destruction du système nerveux maladie connue sous l’ancéphadopathie de wernik korsakooff. Elle se manifeste par des troubles de mémoire, des hallucinations, et à la longue la folie. Les dernières statistiques publiées par le CEPIMA, un centre spécialisé dans le traitement des maladies mentales dans le Grand Nord Kivu, l’année 2010, révèlent que 26% des cas de malades mentaux reçus en 2010 dans ce Centre, paient les frais de la prise de l’alcool, ce qui est un facteur en tête des 22 déclencheurs des troubles psychiques.
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Un Malade Mental dans une rue de Butembo
Par ailleurs la prise habituelle et abusive de l’alcool détruit les nerfs optiques et affaiblit la sensibilité. Il est parallèlement responsable de l’impuissance sexuelle et des troubles de vue. Le danger est tel que dans les hôpitaux, les cas des maladies et des décès liés à la prise abusive de l’alcool sont courants si l’on en croit le Dr Mundama. 
Quelle solution ? 
Devant ce nouveau fléau, il y va de l’intérêt de tous que la lutte soit engagée surtout que les autorités compétentes mettent les bouchées doubles. Autant qu’elle l’est contre les violences sexuelles qui font objet des géantes campagnes, il et encore temps qu’il en soit ainsi pour la lutte contre la prise et la consommation abusive de l’alcool. Ce qui est sur est que l’euphorie produite par la consommation abusive de l’alcool a déjà été à la base de plusieurs cas de violences sexuelles pour autant que l’individu ivre perd le contrôle de ses sens. Il y a une relation de cause à effet entre les deux. A part l’agression rwando-ougandaise dont le pays est victime depuis 1996, la consommation abusive de l’alcool se révèle aujourd’hui une agression qui tue des milliers des congolais. Aux autorités d’agir pour l’endiguer avant qu’il ne soit trop tard. 
Deogratias SIKU
Butembo
©Beni-Lubero Online

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