par Asi Belgium, vendredi 18 mars 2011, 22:46
Le 5 mars 2011, une partie de la communauté africaine de Bruxelles a usé de son droit démocratique à manifester contre la tenue du concert de Werrason.
L’artiste musicien Congolais est accusé de véhiculer une image dégradante du peuple et plus particulièrement de la femme Congolaise, n’hésitant pas à faire danser des mineures dans des tenues plus qu’indécentes allant jusqu’à la nudité quand, au même moment, la guerre fait rage au pays.
Werrason distrait les Congolais des vrais problèmes de fond et banalise au passage les centaines de milliers d’hommes et de femmes victimes chaque année de viols et autres sévices, sexuels ou non.
Lors de cette manifestation pacifique, la police belge a fait preuve de brutalités et de violences, cherchant visiblement à pousser les manifestants à la faute.
Retour sur les faits
Il faut préciser que, malgré la volonté affichée et soulignée à maintes reprises par les organisateurs de mener cette manifestation dans le calme et la non-violence, les témoins rapportent la mise en place d’un important dispositif de sécurité et une présence policière massive et disproportionnée par rapport au nombre de manifestants au nombre d’une petite centaine.L’un d’entre eux, Kitembo Dindembolo Nzaya, va être victime d’une agression particulièrement violente de la part d’agents des forces de l’ordre belge. L’un des membres de l’organisation d’A.S.I. a également assisté au début de la scène et peut donc attester de l’agression.
Les forces de l’ordre ont érigés deux barrières de sécurité, l’une à l’entrée de la rue et l’autre devant l’entrée du bâtiment. A chaque barrage était postée une arroseuse (camion à eau) dont la police a fait usage à deux reprises au cours de la manifestation.
Une première fois alors même que les manifestants entonnaient des chants pour la paix et la non-violence, et une seconde fois, vers minuit, après une altercation entre un ou plusieurs policiers et un journaliste Congolais refusant d’éteindre sa caméra.
Celui-ci aurait été bousculé et sa caméra détruite, ce qui a fait enfler la contestation dans la foule. Face à la détresse du journaliste et l’injustice de la scène certains manifestants sont devenus plus virulents, c’est à ce moment que la police a actionné à nouveau les canons à eau provoquant la panique ; des pierres et autres projectiles ont été lancés et la foule s’est dispersée en tous sens.
Dans sa course, Kitembo Dindembolo Nzaya va être rattrapé par un policier vite rejoint par ses acolytes. Il va alors subir un véritable tabassage en règle :
Il est d’abord matraqué sur le dos et la tête par une demi-douzaine de policiers. Hébété par les coups, il est menotté, maintenu debout pour être battu et insulté à tour de rôle par les policiers qui commentent et plaisantent sur leurs « techniques de boxe ».
Insultes racistes, crachats, urine, Kitembo est laissé gisant dans son vomi, terrorisé, gazé à la bombe lacrymogène, menacé de mort, humilié pendant de longues minutes, voire des heures.
Durant tout ce temps, Kitembo dit ne pas avoir perdu connaissance.
Il sera ensuite amené au poste de police afin d’y faire une déposition d’agression envers l’un des agents. Il semblerait que les policiers aient justifié cette « arrestation musclée » par le fait qu’il ait été en possession d’un couteau ce que Kitembo a toujours nié fermement et à plusieurs reprises durant les faits.
Enfin, arrivés devant les urgences de l’Hôpital St-Pierre, ils l’ont fait descendre et sont partis, abandonnant Kitembo à son sort, incapable de marcher à cause des vertiges causés par les multiples traumatismes et de sa vision diminuée.
Il est alors environ 4h du matin !
Analyse d’A.S.I.
Durant toute l’agression, les agents n’auront cessé de se moquer et de ridiculiser Kitembo, de le menacer de mort et de proférer des insultes ouvertement racistes. Ils ont explicitement démontré leur volonté de blesser physiquement mais également de briser psychologiquement cet homme.
Plus globalement, nous notons que la présence massive de policiers du Service d’intervention spécialisée (munis de casque, de bouclier, des arroseuses etc.) et le dispositif de sécurité ont provoqué d’emblée des tensions au sein de la foule venu dans un esprit pacifique. Ces réactions sécuritaires excessives n’avaient pas pour but de tempérer les esprits mais de les échauffer jusqu’à pousser à la faute les manifestants afin de justifier des représailles policières.
Aujourd’hui, un policier qui agresse un africain lors d’une arrestation sait qu’il n’aura aucune conséquence sérieuse à assumer, il n’aura donc aucune hésitation à répéter ce genre d’acte criminel. Soyons clair, la devise des forces de l’ordre est de « protéger et servir » et non de « molester et terroriser », ainsi aucune arrestation (quel qu’en soit le motif) ne peut justifier des passages à tabac comme en subissent régulièrement les membres de la communauté africaine.
Ces actes de violence portés aux manifestants sont en réalité des tentatives d’intimidation de la part de l’état qui cherche à décourager la mobilisation du peuple africain dans sa lutte pour le respect de ses droits civiques et son autodétermination.
La soumission africaine est la condition nécessaire pour que le système capitaliste puisse être maintenu. C’est pourquoi la communauté noire, partout où elle est dans le monde, est oppressée par la contre-insurrection (technique militaire visant à détruire toute résistance face à l’ennemi) afin de la conserver sous le joug du colonialisme et du néo -colonialisme.
En effet , un peuple africain indifférent, démobilisé politiquement car trop occupé à survivre, donne l’occasion aux états impérialistes de perpétuer les mensonges, notamment en termes de politique intérieure où ils n’ont aucun compte à rendre à la communauté africaine sur les décisions appliquées au quotidien ; mais également à l’international où ils présentent l’image de démocraties seines et égalitaires, un mythe qui contribue a voilé une réalité dans laquelle la communauté africaine est oppressée où qu’elle se trouve dans le monde.
Si nous sommes bien égaux sur un point, c’est celui là !
La solution selon A.S.I.
InPDUM (International People Democratic Uhuru Movement) est l’organisme international d’A.S.I. qui se bat sur le terrain au quotidien pour le respect des droits du peuple africain à travers le monde.Cette infrastructure internationale existe déjà aux USA et en Grande-Bretagne et nous travaillons à son établissement prochainement en Belgique afin de défendre et d’accompagner la communauté africaine dans la réappropriation de ses droits et vers une implication quotidienne dans à la vie politique.
Malheureusement, nous connaissons tous des personnes ayant été victimes d’abus policiers, judiciaires ou d’autres systèmes supposés être par essence des modèles d’équité.
Or nous allons démontrer au monde que nous ne sommes plus d’accord avec cet état de fait.
InPDUM réclame des réparations pour Kitembo Dindembolo Nzaya et sa famille
Nous disons STOP aux abus de l’Etat Belge, il faut exiger réparation pour tous les abus dont nous sommes victimes !L’entière communauté africaine doit pouvoir se mobiliser lorsque les droits d’un seul de ses membres sont bafoués de quelque façon que ce soit, conformément à notre slogan «touch one, touch all ! » (que l’on pourrait traduire par : « toucher un seul d’entre nous, c’est nous toucher tous ! ») .
C’est pourquoi nous appelons toutes personnes soucieuses du respect des droits et des libertés de la communauté africaine et du citoyen en général,
- à nous signaler systématiquement ces abus,
- à témoigner le plus souvent possible de ces expériences afin qu’elles ne soient plus confinées aux stades de rumeurs et de légendes urbaines,
- que les agents de l’état coupables de tous types d’abus soient désignés, jugés et condamnés pour leurs crimes.
InPDUM est également ouvert à toute personne soucieuse du respect des droits civiques et de la démocratie pour la communauté africaine, et qui admet que l'autodétermination est la plus haute expression de la démocratie.
Les principes de bases d’InPDUM seront traduits et mis en ligne dans un court délai.
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