mardi 12 avril 2011

Arrestation du présiden GBAGBO : Une humiliation pour l'Afrique!

11/04/2011 
image
Soldats - forces spéciales françaises

Humiliation pour l'Afrique. La France vient de parachever son coup d’état entamé en 2002 et qui a connu un tournant décisif avec les dernières élections présidentielles. Après avoir pilonné depuis la nuit d’hier la résidence du président GBAGBO, la France a jeté ce matin ses forces spéciales dans la bataille avec une trentaine de chars. Elles ont arrêté le président ivoirien avant de le livrer aux rebelles.

L’arrestation de Laurent Gbagbo lundi 11 avril 2011 a été accueillie favorablement par la communauté internationale, laquelle avait reconnu dans son ensemble la victoire d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle. Les chancelleries et les politiques insistent sur le fait que le président déchu doit être traité avec respect et souhaitent que la paix s’installe en Côte d’Ivoire.
Quand la France prend les choses en main

Si elle s’était faite discrète dans son soutien depuis la conquête du pays profond jusqu’à Abidjan, la France à dû se présenter officiellement au front face à la résistance des forces de défense et de sécurité. D’abord en obtenant par tous les moyens de l’ONU une résolution « fourre-tout » pour la protection des civiles. Munie de ce feu vert, Sarkosy affaiblit l’armée de GBAGBO en détruisant son armement. Cela ne permettra pas à la rébellion d’envoyer à l’Elysée la tête de Laurent Gbagbo. La France décide alors de prendre en main son coup d’état. La nuit du dimanche au lundi, la résidence de Laurent GBAGBO fait l’objet de pilonnage à outrance par 4 avions français et onusiens.

Lundi matin, les forces spéciales françaises entrent en action. Une trentaine de chars encerclent la résidence, pendant que trois hélicoptères en vol stationnaire au dessus de la résidence, assurent la couverture aérienne de l’opération. La garde présidentielle décide de ne pas livrer un combat qui pouvait s’avérer suicidaire. Les forces spéciales de Sarkozy peuvent ainsi forcer le portail de la résidence mettre la main sur le combattant GBAGBO et le livrer aux rebelles qui étaient avec eux.

La télévision du Golf a montré les premières images du président GBAGBO dans ses premières humiliations. L’idole de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique digne en débardeur s’épongeant le visage, puis une brève image de la première dame Simone Gbagbo pas mieux traitée.

D’Abidjan à Dakar en passant par Yaoundé et Douala, partout où des africains ont soutenu ce dernier défenseur de l’Afrique digne, ces images resteront comme les plus difficiles à supporter pour cet homme qui a fait rêver en un continent qui se défait du joug colonial. La françafrique a encore de beaux jours devant…
Les réactions de la communauté internationale à l'arrestation de Laurent Gbagbo

« Les Etats-Unis saluent l'évolution décisive des événements en Côte d'Ivoire, au moment où se concluent les prétentions illégitimes au pouvoir de l'ancien président Laurent Gbagbo » a fait savoir le président des Etats-Unis Barack Obama dans un communiqué. « Tous les groupes de miliciens doivent déposer les armes et reconnaître une armée représentative qui protégera tous (les Ivoiriens) sous l'autorité du président (Alassane) Ouattara » a-t-il ajouté.

L'arrestation de Laurent Gbagbo « envoie un signal fort aux dictateurs » de la région et au-delà qu'ils ne « devraient pas mépriser » la voix de leurs peuples qui réclament des élections libres et justes, a jugé pour sa part la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton.

« La Côte d'Ivoire va enfin sortir de la situation difficile dans laquelle l'avait plongée Laurent Gbagbo. Ce qui est important, c'est de travailler à la réconciliation de tous les Ivoiriens », a estimé Serigne Mbacké Ndiaye, ministre et porte-parole du président sénégalais Abdoulaye Wade. « Nous souhaitons que la Côte d'Ivoire, qui est une locomotive en Afrique de l'Ouest, retrouve la paix. Nous ne doutons pas que Alassane Ouattara sera à la hauteur et qu'il n'y aura pas de chasses aux sorcières », a ajouté M. Ndiaye.

Jean-Marie Ehouzou, ministre béninois des Affaires étrangères a confuié sur RFI « quels que soient les intervenants, l’essentiel c’était que la Côte d’Ivoire connaisse la paix ».« Je ne suis pas choqué que la France soit intervenue car on ne peut pas laisser les africains s’entretuer. Que fallait-t-il faire ? Il y a une situation très grave à laquelle il fallait mettre fin » a-t-il poursuivi
Priorité à la réconciliation

Laurent Gbagbo « doit être traité avec respect », a déclaré à Londres le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague. M. Gbagbo a « agi contre tous les principes démocratiques », a-t-il confié lors d'une conférence de presse commune avec son homologue italien Franco Frattini, en visite à Londres. Il a aussi rappelé que la Grande-Bretagne avait « depuis longtemps reconnu » Alassane Ouattara « comme le président de droit de la Côte d'Ivoire ».

« Nous nous sommes engagés à agir pour favoriser le retour de la paix en Côte d'Ivoire. Nous lui fournirons un soutien à long terme pour la prospérité afin de garantir la stabilité et aider à reconstruire le pays » a fait savoir la chef de la diplomatie de l'Union européenne, la britannique Catherine Ashton, dans un communiqué.

« La priorité doit maintenant être donnée à la réconciliation nationale y compris parmi les forces armées », a affirmé le président polonais du Parlement européen, Jerzy Buzek. La crise « aurait pu être évitée si Laurent Gbagbo avait accepté la volonté de son propre peuple, librement exprimée dans les urnes », a noté M. Buzek. Il a estimé que les Ivoiriens « ont longtemps souffert des agissements irresponsables de leur classe politique ».
RÉACTIONS DANS LES PARTIS POLITIQUES FRANÇAIS

Jean-François Copé (UMP)

Cette arrestation est « symbole de renouveau démocratique pour la Côte d'Ivoire et d'espoir pour tous les Ivoiriens » (...) C'est « un grand jour pour la Côte d'Ivoire qui, pendant près de dix ans, n'a pu bénéficier d'élections libres et démocratiques. C'est un grand jour pour l'Afrique car le rétablissement de la légitimité démocratique en Côte d'Ivoire démontre que la période où des chefs d'Etat pouvaient se maintenir au pouvoir sans l'assentiment des populations est désormais révolue. C'est un grand jour pour le droit international »

Dominique de Villepin (République solidaire)

« Alassane Ouattara (...) a désormais la responsabilité de trouver un chemin politique » « Il s'agit de sortir dès maintenant de l'engrenage militaire qui risque de laisser des séquelles dans la société ivoirienne. La mission de l'ONUCI et de la Force Licorne doit se limiter à la protection des populations civiles afin d'éviter l'enracinement des ressentiments dans une partie de la population ivoirienne, à travers une interprétation aussi restrictive que possible de la résolution 1975 » « L'Union Africaine et la CEDEAO doivent être à partir de maintenant les chefs de file d'un accompagnement politique, car toute intervention directe de la France aux côtés de l'un ou de l'autre camp risque d'être interprétée comme un retour aux pratiques d'un autre temps ».

Jean-Marie Cavada et Philippe Vigier (Nouveau Centre)

« Nous espérons que cette arrestation permettra de mettre fin à cette longue période d'instabilité et de violence en Côte d'Ivoire ». « Nous attendons de la France, de l'UE et de l'ONU qu'elles continuent leur action pour permettre à la Côte d'Ivoire de trouver enfin la vraie transition démocratique vers une union nationale. Tous les moyens doivent être mis en oeuvre pour aider et accompagner Alassane Ouattara dans cette délicate étape ».

François Lamy (PS)

Le Parti Socialiste « a demandé à de multiples reprises à Laurent Gbagbo de se retirer pour respecter la démocratie et le choix des Ivoiriens. Nous regrettons qu'il ait fallu l'usage de la force pour y parvenir ». Le PS « souhaite que parallèlement à la commission d'enquête annoncée par le Président Ouattara, la Cour pénale internationale, conformément à la résolution 1975, enquête sans tarder sur les massacres commis ces derniers jours ».

Communiqué du Parti Communiste

« Le soutien des forces françaises à l'arrestation de Laurent Gbagbo par les Forces républicaines de Côte d'Ivoire donne tout lieu de s'inquiéter des traces que laissera, dans le pays et sur le continent, le choix fait par la France de la confrontation militaire ». « Les armes ont parlé et des crimes ont été commis des deux côtés (...) Le PCF (...) exige du gouvernement français qu'il n'entreprenne rien qui puisse faire obstacle à un rétablissement de la paix et de l'Etat de droit en Côte d'Ivoire ».
Scènes de liesse dans plusieurs quartiers d'Abidjan

Plusieurs quartiers d'Abidjan ont explosé de joie lundi à l'annonce de l'arrestation de Laurent Gbagbo après dix jours de siège dans sa résidence fortifiée de Cocody.

Des Abidjanais ont pris le volant pour parcourir la cité lagunaire en actionnant leur klaxon et manifester leur jubilation.

A Koumassi, dans le sud d'Abidjan, Mariam Cissé raconte que de nombreux habitants sont sortis de chez eux au cri de "Gbagbo est parti, Gbagbo est parti !"

"C'est incroyable ce qui se passe ici. Les gens vont dans tous les sens en hurlant qu'ils sont enfin libres", témoigne Ali Touré à Abobo, le grand quartier Nord considéré comme un bastion du président élu Alassane Ouattara et qui porte les stigmates des violences de ces dernières semaines.

Laurent Gbagbo s'incrustait au pouvoir depuis le second tour, le 28 novembre, de l'élection présidentielle remportée, selon la communauté internationale, l'Union africaine et la Cedeao, par son rival du Nord.

Il a été arrêté dans le bunker de sa résidence présidentielle lors d'une opération menée avec apparemment le concours des soldats français de "Licorne".

"La jubilation prévaut dans les rues des Deux-Plateaux (quartier résidentiel du nord d'Abidjan-NDLR)", déclare François Deya. "Les gens font partout la fête".

A Adjamé, face au commissariat de police, un groupe de partisans armés d'Alassane Ouattara a déroulé un drapeau ivoirien géant devant une foule en liesse d'environ 200 personnes.

Un pick-up militaire transportant une dizaine de soldats d'Alassane Ouattara saluant la population le poing en l'air roule à tombeau ouvert.

Moussa Soumahoro, un habitant du quartier huppé de Cocody abritant les résidences de diplomates et d'expatriés aisés, forme l'espoir que la vie sera plus facile dans cette mégapole de quatre millions d'âmes où les vivres, l'eau et les médicaments commencent à manquer.

Dans le quartier Ouest du Banco, une cinquantaine de jeunes manifestent bruyamment leur joie à la nouvelle de l'arrestation de Laurent Gbagbo.

"Espérons que le pays retrouvera la paix et la stabilité. Je suis très heureux", commente Jean-Désiré Aitchéou.

"Et un grand merci à la France pour nous avoir libérés", renchérit Fidi Ouattara, sans lien de parenté avec le président élu.

Certains Ivoiriens toutefois font preuve de circonspection et contiennent leur joie, redoutant que l'arrestation de Laurent Gbagbo ne signifie pas la fin immédiate d'un conflit vieux de cinq mois.

"Notre mission n'est pas encore terminée", estime un chef de quartier d'Adjamé non loin du marché où les gens font la fête.

"Tous ces miliciens armés de Laurent Gbagbo, qu'allons-nous en faire ? Nous avons perdu trop de nos fils, ce n'est pas le moment de célébrer", ajoute ce notable dont le nom de guerre est "capitaine Wanto".

(Avec Rfi/Reuters)
Published By www.KongoTimes.info - © KongoTimes! - All Rights Reserved.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire