A la mémoire de madame Marie-Josée Bouré... violée et assassinée dans la nuit du 11 au 12 avril 2011 à Abidjan
Dr. Eithan Luccin
Les bombes pleuvent sur Abidjan et les cadavres font concurrence aux mouches ! En nous donnant bonne conscience, nous alimentons les médias par nos analyses, pour beaucoup, souhaitant que cela s'arrête enfin. Mais, la question que nous devons nous poser aujourd'hui alors que le Président Laurent Gbagbo est aux arrêts avec femme et enfants. Oui, la question est celle de savoir comment en est-on arrivé à un tel déchaînement de violence dans un pays où les peuples ont une tradition de paix et du vivre ensemble ? Alors qu’Allassane Dramane Ouattara parle de gouvernement d’union nationale, la nuit des longs couteaux a été longue à Abidjan. La nudité de Simone Gbogbo exhibée, la conseillère et directeur de cabinet du Ministre Alcide Djédjé Marie-josée Bouré, mutilée et violée avant d’être exécutée. Peut-on effacer d’un trait toutes ces haines?
Félix Houphouët le bélier non-pasteur ?
Il est impérieux de se poser la question de savoir quel a été le rôle de la communauté internationale en Côte d'Ivoire depuis le décès de Félix Houphouët Boigny. La réponse à cette question devrait nous permettre de nous interroger sur la nécessité de l'alternance au sommet de l’État. Aujourd’hui, nous pouvons remettre en question l'héritage du Dr Félix Houphouët Boigny (photo) à la tête de l’État ainsi que celle de son action comme homme politique.
Le décès de Félix Houphouët Boigny le 7 décembre 1993 laisse apparaître la fragilité de l’État ivoirien qui, de 1959 date de son accession au pouvoir jusqu’à son décès n'a été qu'au service d'un homme. L'homme qui en 1945 avait décidé d'accoler le vocable Boigny (Bélier) à son nom n'aura pas laissé derrière lui un État, mais une mosaïque de tribus incapables de la cohésion qu'exige tout vivre ensemble. Son pouvoir personnel n'a pas pu construire un État ; et le peu d'État qui existait a été dépossédé de ce qui fait l'essence du pouvoir à savoir la faculté de faire émerger un projet national, de procéder à des arbitrages et de contribuer à l'élaboration de compromis en fonction d'objectifs et de rapports de forces souvent contradictoires.
C'est ce manque de capacité à faire des compromis qui va opposer les « héritiers » d'Houphouët avant qu'il ne soit mis en terre dans son immense cathédrale de Yamoussoukro, son village natal transformé en capitale politique de la Côte d'Ivoire. Alassane Dramane Ouattara, l'unique premier ministre qu'aura eu le roi Akan affrontera publiquement Henri Konan Bédié alors président de l'Assemblée Nationale et héritier-successeur constitutionnel de Félix Houphouët-Boigny. Dès son entrée en politique, Félix Houphouët-Boigny a choisi de régner comme un chef coutumier et a réduit les peuples de Côte-d’Ivoire au rang de simples sujets, mais il les a surtout éloignés de la sphère du pouvoir. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle bien qu'ayant créé les FANCI (Forces Armées Nationales de Côte d'Ivoire) le 26 juin 1961, l'homme de Yamoussoukro va confier la défense de son pays aux forces armées françaises dès le 24 avril 1961 par le traité de coopération en matière de défense. Les troupes françaises vont stationner à Port-Bouët avec un large mandat dont celui d'intervenir dans le pays à la demande du chef de l’État ou lorsqu'elles considèrent que les intérêts français sont menacés.
Il n'est pas possible de comprendre la politique française en Côte d'Ivoire et dans l’ensemble de l'Afrique française en faisant l'économie de cette date. Ledit traité de coopération donne le coup d'envoi de la construction et de l'ouverture de bases militaires françaises en Afrique dite francophone. Nous pouvons penser que l'armée ivoirienne est intervenue 6 fois en Côte d'Ivoire de 1959 à 2011, chronologiquement en 1959, 1969, 1970, 2000 et 2011. Même si sa dernière intervention s’est faite sous le couvert des Nations Unies, il serait difficile de dissocier ceux qui pilonnent la résidence du Président Laurent Gbagbo des forces armées françaises. C'est ici qu'il convient peut-être de relever toute l'ambiguïté de cette intervention. En effet, devant l'impasse postélectorale résultant du refus des deux candidats, le Dr. Alassane Dramane Ouattara du Rassemblement des Houphouetistes (RHDP) et le Prof. Laurent Koudou Gbagbo du LMP de reconnaître les résultats proclamés par les différentes instances électorales.
La communauté internationale au service d'un homme ou de la paix ?
Le 8 décembre 2010, de retour d'une mission en Côte d'Ivoire où il m'avait été donné de rencontrer respectivement le Président Ouattara, Monsieur Choï et son adjoint Moussa, monsieur le secrétaire général adjoint chargé des opérations de maintien de paix le prof. Alain Le Roy. Nos analyses rejoignent alors celles de l’universitaire camerounais Vincent-Sosthène FOUDA dans un article presque prophétique paru dans plusieurs supports internationaux et nationaux : Côte d'Ivoire : ensauvagement ou aliénation de la communauté internationale. L’universitaire camerounais appelait alors les uns et les autres à faire preuve de modestie au moment de parler des Afriques. « Les Nations Unies qui tiennent leur légitimité non pas d'elles-mêmes, mais des États indépendants membres ainsi qu'on peut le lire dans les textes fondateurs de cette auguste institution et dont les Nations plus que les peuples auront toujours besoin font preuve de myopie voire de cécité en Côte d'Ivoire. »
Dans le cas d’espèce, les Nations Unies manquent d'experts capables de faire de réelles propositions pour une véritable sortie de crise et l’effet de nombre ne saurait constituer une voie de justice et de légitimité quand il s'agit de traiter de la vie des peuples. Pouvons-nous aujourd’hui nous risquer à dire après avoir été sur le terrain, écouté les uns et les autres que l'ONU, l'UNION EUROPEENNE et dans une moindre mesure l'UNION AFRICAINE sont dans le rôle qui est le leur, c'est-à-dire celui qui leur a été confié par des États souverains ?
Pour ce qui est de la Côte d'Ivoire, les Forces de l'ONUCI avaient une mission précise, celle de conduire à terme les opérations de désarmement des forces rebelles devenues Nouvelles grâce aux accords de Linas-Marcoussis. Le N° 24 du hors série de Jeune Afrique consacré aux indépendances des pays africains en rend bien compte. L'ONUCI, avec une complaisance sans nulle autre pareille a laissé une armée de rebelles et d'insurgés « contrebandiers » prospérer dans le nord de la Côte d'Ivoire. Alors, l'ONUCI et le Président du Burkina Faso ont-ils fait donc leur travail ? Les bombardements ont eu raison de la résistance de Laurent Gbagbo et aujourd'hui, mais nous sommes revenus à la case départ avec des milliers de morts.
Le discours sur la réconciliation nationale avec en prime la création-copie du comité Vérité et Reconciliation à la sud-africaine montre que la Communauté dite Internationale ne comprend rien à la Côte d’Ivoire. Celle-ci n’est pas l’Afrique du Sud et le Cardinal Agré accuse : « La communauté internationale n’a pas de cœur mais seulement des intérêts ». Dans une conférence tenue à Abidjan par un cercle d’universitaires africains le 27 décembre 2010, de réelles propositions furent faites pour une sortie de crise pacifique. Ces propositions furent acheminées au secrétaire général des Nations Unies le 29 décembre 2010 à savoir la formation d'un gouvernement de « large ouverture ». C'est la même proposition qui est aujourd’hui faite par le Président français Nicolas Sarkozy, ce que proposent les Nations Unies et l'Union Africaine. Pourquoi donc tuer des femmes, des enfants, des jeunes si c'est pour revenir à une proposition identique à celle qui a été faite il y a quelques mois ? Nous faisons face aujourd'hui à la faillite de l'intelligence humaine devant un problème pourtant humain engendré par les hommes et leurs institutions. Comment justifier aux yeux de l’opinion le fait de promener madame Simone Gbogbo en soutien-gorge dans les rues d’Abidjan ? Comment justifier le viol de certaines filles membres de sa famille directe ? Comment justifier le presque lynchage de Michel Gbogbo le premier fils du Président Gbagbo ? Comment croire au premier ministre Allassane Dramane Ouattara quand il parle de réconciliation avec une expression de haine quand il prononce le nom de son prédécesseur ?
Le Dr Alassane Dramane Ouattara dans l'étau des massacres ethnico-religieux
La Côte d'Ivoire est une mosaïque d'ethnies, une soixantaine au total regroupées en six grands groupes : les Voltaïques (rien à voir avec les Burkinabè), les Malinké, les Mandé-sud, les Krou, les Lagunaire et les Akan. Les 800 morts de Douékoué ne sont pas morts parce qu'ils ont apporté leur soutien au président Laurent Gbagbo, ils sont morts parce qu'ils sont Yacouba, wè, animistes et chrétiens !
Dr. Eithan Luccin
Les bombes pleuvent sur Abidjan et les cadavres font concurrence aux mouches ! En nous donnant bonne conscience, nous alimentons les médias par nos analyses, pour beaucoup, souhaitant que cela s'arrête enfin. Mais, la question que nous devons nous poser aujourd'hui alors que le Président Laurent Gbagbo est aux arrêts avec femme et enfants. Oui, la question est celle de savoir comment en est-on arrivé à un tel déchaînement de violence dans un pays où les peuples ont une tradition de paix et du vivre ensemble ? Alors qu’Allassane Dramane Ouattara parle de gouvernement d’union nationale, la nuit des longs couteaux a été longue à Abidjan. La nudité de Simone Gbogbo exhibée, la conseillère et directeur de cabinet du Ministre Alcide Djédjé Marie-josée Bouré, mutilée et violée avant d’être exécutée. Peut-on effacer d’un trait toutes ces haines?
Félix Houphouët le bélier non-pasteur ?
Il est impérieux de se poser la question de savoir quel a été le rôle de la communauté internationale en Côte d'Ivoire depuis le décès de Félix Houphouët Boigny. La réponse à cette question devrait nous permettre de nous interroger sur la nécessité de l'alternance au sommet de l’État. Aujourd’hui, nous pouvons remettre en question l'héritage du Dr Félix Houphouët Boigny (photo) à la tête de l’État ainsi que celle de son action comme homme politique.
Le décès de Félix Houphouët Boigny le 7 décembre 1993 laisse apparaître la fragilité de l’État ivoirien qui, de 1959 date de son accession au pouvoir jusqu’à son décès n'a été qu'au service d'un homme. L'homme qui en 1945 avait décidé d'accoler le vocable Boigny (Bélier) à son nom n'aura pas laissé derrière lui un État, mais une mosaïque de tribus incapables de la cohésion qu'exige tout vivre ensemble. Son pouvoir personnel n'a pas pu construire un État ; et le peu d'État qui existait a été dépossédé de ce qui fait l'essence du pouvoir à savoir la faculté de faire émerger un projet national, de procéder à des arbitrages et de contribuer à l'élaboration de compromis en fonction d'objectifs et de rapports de forces souvent contradictoires.
C'est ce manque de capacité à faire des compromis qui va opposer les « héritiers » d'Houphouët avant qu'il ne soit mis en terre dans son immense cathédrale de Yamoussoukro, son village natal transformé en capitale politique de la Côte d'Ivoire. Alassane Dramane Ouattara, l'unique premier ministre qu'aura eu le roi Akan affrontera publiquement Henri Konan Bédié alors président de l'Assemblée Nationale et héritier-successeur constitutionnel de Félix Houphouët-Boigny. Dès son entrée en politique, Félix Houphouët-Boigny a choisi de régner comme un chef coutumier et a réduit les peuples de Côte-d’Ivoire au rang de simples sujets, mais il les a surtout éloignés de la sphère du pouvoir. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle bien qu'ayant créé les FANCI (Forces Armées Nationales de Côte d'Ivoire) le 26 juin 1961, l'homme de Yamoussoukro va confier la défense de son pays aux forces armées françaises dès le 24 avril 1961 par le traité de coopération en matière de défense. Les troupes françaises vont stationner à Port-Bouët avec un large mandat dont celui d'intervenir dans le pays à la demande du chef de l’État ou lorsqu'elles considèrent que les intérêts français sont menacés.
Il n'est pas possible de comprendre la politique française en Côte d'Ivoire et dans l’ensemble de l'Afrique française en faisant l'économie de cette date. Ledit traité de coopération donne le coup d'envoi de la construction et de l'ouverture de bases militaires françaises en Afrique dite francophone. Nous pouvons penser que l'armée ivoirienne est intervenue 6 fois en Côte d'Ivoire de 1959 à 2011, chronologiquement en 1959, 1969, 1970, 2000 et 2011. Même si sa dernière intervention s’est faite sous le couvert des Nations Unies, il serait difficile de dissocier ceux qui pilonnent la résidence du Président Laurent Gbagbo des forces armées françaises. C'est ici qu'il convient peut-être de relever toute l'ambiguïté de cette intervention. En effet, devant l'impasse postélectorale résultant du refus des deux candidats, le Dr. Alassane Dramane Ouattara du Rassemblement des Houphouetistes (RHDP) et le Prof. Laurent Koudou Gbagbo du LMP de reconnaître les résultats proclamés par les différentes instances électorales.
La communauté internationale au service d'un homme ou de la paix ?
Le 8 décembre 2010, de retour d'une mission en Côte d'Ivoire où il m'avait été donné de rencontrer respectivement le Président Ouattara, Monsieur Choï et son adjoint Moussa, monsieur le secrétaire général adjoint chargé des opérations de maintien de paix le prof. Alain Le Roy. Nos analyses rejoignent alors celles de l’universitaire camerounais Vincent-Sosthène FOUDA dans un article presque prophétique paru dans plusieurs supports internationaux et nationaux : Côte d'Ivoire : ensauvagement ou aliénation de la communauté internationale. L’universitaire camerounais appelait alors les uns et les autres à faire preuve de modestie au moment de parler des Afriques. « Les Nations Unies qui tiennent leur légitimité non pas d'elles-mêmes, mais des États indépendants membres ainsi qu'on peut le lire dans les textes fondateurs de cette auguste institution et dont les Nations plus que les peuples auront toujours besoin font preuve de myopie voire de cécité en Côte d'Ivoire. »
Dans le cas d’espèce, les Nations Unies manquent d'experts capables de faire de réelles propositions pour une véritable sortie de crise et l’effet de nombre ne saurait constituer une voie de justice et de légitimité quand il s'agit de traiter de la vie des peuples. Pouvons-nous aujourd’hui nous risquer à dire après avoir été sur le terrain, écouté les uns et les autres que l'ONU, l'UNION EUROPEENNE et dans une moindre mesure l'UNION AFRICAINE sont dans le rôle qui est le leur, c'est-à-dire celui qui leur a été confié par des États souverains ?
Pour ce qui est de la Côte d'Ivoire, les Forces de l'ONUCI avaient une mission précise, celle de conduire à terme les opérations de désarmement des forces rebelles devenues Nouvelles grâce aux accords de Linas-Marcoussis. Le N° 24 du hors série de Jeune Afrique consacré aux indépendances des pays africains en rend bien compte. L'ONUCI, avec une complaisance sans nulle autre pareille a laissé une armée de rebelles et d'insurgés « contrebandiers » prospérer dans le nord de la Côte d'Ivoire. Alors, l'ONUCI et le Président du Burkina Faso ont-ils fait donc leur travail ? Les bombardements ont eu raison de la résistance de Laurent Gbagbo et aujourd'hui, mais nous sommes revenus à la case départ avec des milliers de morts.
Le discours sur la réconciliation nationale avec en prime la création-copie du comité Vérité et Reconciliation à la sud-africaine montre que la Communauté dite Internationale ne comprend rien à la Côte d’Ivoire. Celle-ci n’est pas l’Afrique du Sud et le Cardinal Agré accuse : « La communauté internationale n’a pas de cœur mais seulement des intérêts ». Dans une conférence tenue à Abidjan par un cercle d’universitaires africains le 27 décembre 2010, de réelles propositions furent faites pour une sortie de crise pacifique. Ces propositions furent acheminées au secrétaire général des Nations Unies le 29 décembre 2010 à savoir la formation d'un gouvernement de « large ouverture ». C'est la même proposition qui est aujourd’hui faite par le Président français Nicolas Sarkozy, ce que proposent les Nations Unies et l'Union Africaine. Pourquoi donc tuer des femmes, des enfants, des jeunes si c'est pour revenir à une proposition identique à celle qui a été faite il y a quelques mois ? Nous faisons face aujourd'hui à la faillite de l'intelligence humaine devant un problème pourtant humain engendré par les hommes et leurs institutions. Comment justifier aux yeux de l’opinion le fait de promener madame Simone Gbogbo en soutien-gorge dans les rues d’Abidjan ? Comment justifier le viol de certaines filles membres de sa famille directe ? Comment justifier le presque lynchage de Michel Gbogbo le premier fils du Président Gbagbo ? Comment croire au premier ministre Allassane Dramane Ouattara quand il parle de réconciliation avec une expression de haine quand il prononce le nom de son prédécesseur ?
Le Dr Alassane Dramane Ouattara dans l'étau des massacres ethnico-religieux
La Côte d'Ivoire est une mosaïque d'ethnies, une soixantaine au total regroupées en six grands groupes : les Voltaïques (rien à voir avec les Burkinabè), les Malinké, les Mandé-sud, les Krou, les Lagunaire et les Akan. Les 800 morts de Douékoué ne sont pas morts parce qu'ils ont apporté leur soutien au président Laurent Gbagbo, ils sont morts parce qu'ils sont Yacouba, wè, animistes et chrétiens !
Les morts de Gagnoa (ville natale de Gbagbo), Guiglo, Daloa, le village de l'international franco-ivoirien Didier Drogba (Drogbakro) entièrement incendié, Adjamene où vivent les Kroumen chrétiens a été littéralement effacé de la carte de Côte d'Ivoire. Des religieuses et des prêtres sont promenés en tenue d'Adam à Korhogo me rapporte un prêtre de la maison diocésaine du Plateau à Abidjan ! Ce sont pourtant des zones sensées avoir été sécurisées par les « forces républicaines » du Dr Alassane Dramane Ouattara. MSF (Médecins Sans Frontières) annonce le départ d'Abidjan d'un million de personnes, 100 000 réfugiés sont arrivés au Libéria, des milliers de Burkinabés qui travaillaient dans le Sud remontent vers le Nord et aujourd'hui, la guerre intercommunautaire est ouverte et ce n'est pas demain qu'elle s'arrêtera ! On ne saurait donc parler ici de bavure ou de cas isolés. Il semble de plus en plus clair qu'il y ait une épuration ethnico-religieuse entreprise par les troupes du Président reconnu par la communauté internationale. Le fait que les uns et les autres gardent les yeux fermés sur cette épuration ne signifie pas qu'elle n'a pas lieu, car il n’y a pas pire cécité que celle d'une conscience qui refuse de voir. C'est le cas aujourd’hui de la communauté internationale qui est allée très loin dans son soutien au Dr Alassane Dramane Ouattara.
Nous pouvons donc légitimement nous poser la question de savoir quel est le véritable visage du Président Ouattara, « Ado » pour les intimes. C'est en 1990 que Félix Houphouët Boigny fait appel à cet économiste aux costumes bien coupés, à la voix posée, formé à l'université de Pennsylvanie. C'est le fils d'un prospère commerçant qui vivait entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso. Ce technocrate est appelé à faire « atterrir » selon le mot de la journaliste belge Colette Braeckman, la dévaluation du CFA (la monnaie commune aux États de l'Afrique française, liée au franc français puis à l'Euro). C'est devant un certain Nicolas Sarkozy, maire de Neuilly et aujourd'hui président de la France qu'il épouse Dominique Novion une Juive Française qui autrefois fut la concubine du Président Houphouët-Boigny et gérante de ses propriétés immobilières. C'est aussi lui qui enverra en prison pour la seconde fois deux militants socialistes : Laurent et Simone Gbagbo. Pendant ce temps, il mettra en œuvre une politique d'austérité que le fera « honnir dans les milieux populaires », mais, le fera aduler des réseaux économiques. Ce sont les privatisations des entreprises d'État qui lui permettront par la suite de devenir directeur adjoint du FMI. C'était le prix à payer pour une éphémère stabilité du pays.
En 1999, quand le défunt général Robert Guei renverse Henri Konan Bédié, le Dr Alassane Dramane Ouattara le soutient ouvertement et fait entrer des membres du RDR (Rassemblement Des Républicains) au gouvernement. Mais en 2000, alors que monsieur Ouattara se voyait déjà Président de Côte d'Ivoire, la Cour Suprême rejette sa candidature parce que sa nationalité n'est pas reconnue et le thème de l'« ivoirité » lancé par le Président Henri Konan Bédié, enflamme les esprits. Si Laurent Gbagbo remporte cette élection confirmant ainsi qu'une élection présidentielle est d'abord la rencontre d'un homme avec son peuple, mais aussi avec son destin, il nous confiera un jour ironiquement que « les héritiers de Félix Houphouët-Boigny se battaient au bord du chemin, ils ont laissé le pouvoir par terre et je l'ai ramassé. » Oui, il s’agit bien d’une élection « calamiteuse » que les houphouëtistes ne lui ont jamais pardonnée. Ce président socialiste va en 2011, organiser un Forum de réconciliation nationale. Ils sont nombreux parmi les analystes politiques à reconnaître qu'il n'a jamais eu le temps de mettre en œuvre la politique d'assurance santé qui figure à son programme, car en 2002, il échappe de peu à un coup d'État militaire qui a entraîné l’occupation de la partie nord du pays par les rebelles que Paris va rebaptiser « Forces nouvelles. »
Malgré tout ce que dira à l'époque le Dr Alassane Dramane Ouattara qui séjourne dans sa résidence de Mougen dans le Sud de la France, il ne fait de doute pour personne qu'il est le père « intellectuel » de la rébellion et surtout son financier avec une base arrière au Burkina Faso de Blaise Compaoré. Cette rébellion provoquera la partition du pays en deux avec un Nord contrôlé par la rébellion et que la communauté internationale n'a jamais réussi à désarmer soit par complaisance soit alors tout simplement par incapacité.
En 2006, le président Laurent Gbagbo accorde enfin par décision discrétionnaire la nationalité ivoirienne à « ADO », ce qui lui permet de revenir à Abidjan pour se préparer à la présidentielle, la seule consultation électorale qui l'intéresse vraiment. Discours orthodoxe, allure policée et belle villa, l'économiste a cependant gardé le contact avec les rebelles qui continuent à piller, à violer dans le nord de la Côte d'Ivoire ainsi que le démontre le rapport du 22 octobre 2010 de la Human Rights Watch intitulé : Côte d'Ivoire : criminalité rampante et violences sexuelles dans l'Ouest du pays.
http://www.hrw.org/fr/news/2010/10/22/c-te-d-ivoire-criminalit-rampante-et-violences-sexuelles-dans-l-ouest-du-pays
A la fin de cette barbarie il nous faudra inventer d'autres mots pour qualifier les crimes qui ont été perpétrés dans certaines localités de Côte d'Ivoire. Des femmes violées par des hommes, mais aussi par d'autres femmes et pour couronner le tout se retrouvent avec du béton armé dans « le cul » comme une dalle. Devrait-on toujours parler de viol ? C’est vrai que le Dr Alassane Dramane Ouattara a toujours eu des rapports avec la rébellion, liens qui se confirment aujourd'hui avec la nomination au poste de Premier Ministre de Guillaume Soro et la conversion en Forces Républicaines des rebelles d'hier, ex forces nouvelles, la réhabilitation de « IB », le sergent Ibrahim Coulibaly. Alors, est-il légitime de nous poser la question de savoir comment le sergent Ibrahim Coulibaly (Photo) en prison en France a pu sortir du territoire français et de sa prison ?
Cela ne rappellerait-il pas le cas d'un certain Charles Taylor autrefois prisonnier aux États-Unis et qui s'est retrouvé quelque temps après à la tête du Libéria ? Il est encore temps de dire que la Communauté Internationale a fait preuve de complaisance en reconnaissant, sous l'impulsion de la diplomatie française et de l'implication personnelle du Président français, la victoire de l'homme du Nord. Nous avons donc des doutes lorsque le Dr Alassane Dramane Ouattara est présenté par la communauté internationale comme un ange. De son exil doré à l'hôtel du Golf, dans une capitale qui ne veut vraiment pas de lui, il mène une triple stratégie : dans un premier temps, il asphyxie économiquement non seulement son adversaire, mais aussi tout le pays, notamment en décrétant un embargo sur le cacao, opération qui ruine les petits planteurs pendant que le beau-fils de l'économiste aux belles coupes de costumes enregistre une belle plus value sur les 240 000 tonnes stockées à Londres. La seconde stratégie se trame au niveau diplomatique alors qu’il appelle à son secours l'universitaire ivoiro-américaine Jeanne Maddox Toungara, amie de madame Suzanne Rice ambassadeur des États-Unis aux Nations Unies. La troisième stratégie a été la création d'une « armée invisible » qui s’est infiltrée dans Abidjan ces deux derniers mois et qui a lancé « l'assaut final » contre la capitale rebelle.
Qui sont donc ces commandos de la mort ?
Qui sont donc ces hommes marqués d'une croix sur le front que nous présentent les différentes chaînes de télévision occidentales et que l'on a rebaptisé les Forces républicaines ? Qui sont ces hommes qui tuent si facilement alors que de la bouche de l'économiste Alassane Dramane Ouattara ils sont accueillis en libérateurs partout où ils passent ? Qui donc a assassiné le Professeur Philippe Rémond à l'arme blanche dans sa chambre d'hôtel à Yamoussoukro dans la nuit du 29 au 30 mars, dans une ville tombée sans combats et qui a accueilli Guillaume Soro et ses rebelles en libérateurs ? Ces « commandos de l'ombre » sont constitués ainsi que nous l'avons souligné plus haut de rebelles venus du Nord et rebaptisés par Paris Forces Nouvelles, de Burkinabè, les parrains d'hier, de Nigérians, de chasseurs traditionnels, de Dozos connus pour leur cruauté et qui ne sont pas absents des massacres de Douékoué. Depuis que Jean-Pierre Bemba a comparu devant le TPI (Tribunal Pénal International), les portes de ce tribunal vont certainement s’ouvrir pour l’ancien directeur du FMI malgré le soutien de Paris et de madame Suzanne Rice. De deux choses l’une : soit il contrôle mal ses troupes soit alors il leur donne des consignes dans l'ombre. Le chef d'accusation est tout trouvé, il faudra invoquer la chaîne de commandement et la responsabilité politique !
Conclusion
À l'heure de la défaite, celle de la légalité constitutionnelle et républicaine, puisque le Dr Allassane Dramane Ouattara n’a toujours pas prêté serment ! Il est difficile pour l'esprit humain de s'assumer ; pourtant, aujourd'hui encore, il est possible de dire que la lecture qui est faite de la situation politico-sociale en Côte d'Ivoire est erronée parce qu'aucune élection présidentielle ne mérite point de voir des milliers d'humains sous les bombes des forces armées les plus puissantes du monde. Il n’est pas juste que des femmes soient violées et mutilées en bandes-organisées Parce que l'arbre qui pousse en Afrique ne saurait prendre corps dans la terreur que déploie un monde riche arrogant et irrespectueux de la vie humaine. Le cri que pousse l’homme africain ne franchit certainement pas le seuil de ses lèvres, mais l’homme africain qui crie aujourd’hui n’est pas un ours qui danse comme le disait Aimé Césaire. L’Afrique n’a jamais autant mérité son nom de vallée de larmes, de « l’homme-insulte, de l’homme-torture... de l’homme-pogrom, un chiot, un mendigot».
Dr. Eithan Luccin de la Tour du Pin
Chercheur au CNRS
Nous pouvons donc légitimement nous poser la question de savoir quel est le véritable visage du Président Ouattara, « Ado » pour les intimes. C'est en 1990 que Félix Houphouët Boigny fait appel à cet économiste aux costumes bien coupés, à la voix posée, formé à l'université de Pennsylvanie. C'est le fils d'un prospère commerçant qui vivait entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso. Ce technocrate est appelé à faire « atterrir » selon le mot de la journaliste belge Colette Braeckman, la dévaluation du CFA (la monnaie commune aux États de l'Afrique française, liée au franc français puis à l'Euro). C'est devant un certain Nicolas Sarkozy, maire de Neuilly et aujourd'hui président de la France qu'il épouse Dominique Novion une Juive Française qui autrefois fut la concubine du Président Houphouët-Boigny et gérante de ses propriétés immobilières. C'est aussi lui qui enverra en prison pour la seconde fois deux militants socialistes : Laurent et Simone Gbagbo. Pendant ce temps, il mettra en œuvre une politique d'austérité que le fera « honnir dans les milieux populaires », mais, le fera aduler des réseaux économiques. Ce sont les privatisations des entreprises d'État qui lui permettront par la suite de devenir directeur adjoint du FMI. C'était le prix à payer pour une éphémère stabilité du pays.
En 1999, quand le défunt général Robert Guei renverse Henri Konan Bédié, le Dr Alassane Dramane Ouattara le soutient ouvertement et fait entrer des membres du RDR (Rassemblement Des Républicains) au gouvernement. Mais en 2000, alors que monsieur Ouattara se voyait déjà Président de Côte d'Ivoire, la Cour Suprême rejette sa candidature parce que sa nationalité n'est pas reconnue et le thème de l'« ivoirité » lancé par le Président Henri Konan Bédié, enflamme les esprits. Si Laurent Gbagbo remporte cette élection confirmant ainsi qu'une élection présidentielle est d'abord la rencontre d'un homme avec son peuple, mais aussi avec son destin, il nous confiera un jour ironiquement que « les héritiers de Félix Houphouët-Boigny se battaient au bord du chemin, ils ont laissé le pouvoir par terre et je l'ai ramassé. » Oui, il s’agit bien d’une élection « calamiteuse » que les houphouëtistes ne lui ont jamais pardonnée. Ce président socialiste va en 2011, organiser un Forum de réconciliation nationale. Ils sont nombreux parmi les analystes politiques à reconnaître qu'il n'a jamais eu le temps de mettre en œuvre la politique d'assurance santé qui figure à son programme, car en 2002, il échappe de peu à un coup d'État militaire qui a entraîné l’occupation de la partie nord du pays par les rebelles que Paris va rebaptiser « Forces nouvelles. »
Malgré tout ce que dira à l'époque le Dr Alassane Dramane Ouattara qui séjourne dans sa résidence de Mougen dans le Sud de la France, il ne fait de doute pour personne qu'il est le père « intellectuel » de la rébellion et surtout son financier avec une base arrière au Burkina Faso de Blaise Compaoré. Cette rébellion provoquera la partition du pays en deux avec un Nord contrôlé par la rébellion et que la communauté internationale n'a jamais réussi à désarmer soit par complaisance soit alors tout simplement par incapacité.
En 2006, le président Laurent Gbagbo accorde enfin par décision discrétionnaire la nationalité ivoirienne à « ADO », ce qui lui permet de revenir à Abidjan pour se préparer à la présidentielle, la seule consultation électorale qui l'intéresse vraiment. Discours orthodoxe, allure policée et belle villa, l'économiste a cependant gardé le contact avec les rebelles qui continuent à piller, à violer dans le nord de la Côte d'Ivoire ainsi que le démontre le rapport du 22 octobre 2010 de la Human Rights Watch intitulé : Côte d'Ivoire : criminalité rampante et violences sexuelles dans l'Ouest du pays.
http://www.hrw.org/fr/news/2010/10/22/c-te-d-ivoire-criminalit-rampante-et-violences-sexuelles-dans-l-ouest-du-pays
A la fin de cette barbarie il nous faudra inventer d'autres mots pour qualifier les crimes qui ont été perpétrés dans certaines localités de Côte d'Ivoire. Des femmes violées par des hommes, mais aussi par d'autres femmes et pour couronner le tout se retrouvent avec du béton armé dans « le cul » comme une dalle. Devrait-on toujours parler de viol ? C’est vrai que le Dr Alassane Dramane Ouattara a toujours eu des rapports avec la rébellion, liens qui se confirment aujourd'hui avec la nomination au poste de Premier Ministre de Guillaume Soro et la conversion en Forces Républicaines des rebelles d'hier, ex forces nouvelles, la réhabilitation de « IB », le sergent Ibrahim Coulibaly. Alors, est-il légitime de nous poser la question de savoir comment le sergent Ibrahim Coulibaly (Photo) en prison en France a pu sortir du territoire français et de sa prison ?
Cela ne rappellerait-il pas le cas d'un certain Charles Taylor autrefois prisonnier aux États-Unis et qui s'est retrouvé quelque temps après à la tête du Libéria ? Il est encore temps de dire que la Communauté Internationale a fait preuve de complaisance en reconnaissant, sous l'impulsion de la diplomatie française et de l'implication personnelle du Président français, la victoire de l'homme du Nord. Nous avons donc des doutes lorsque le Dr Alassane Dramane Ouattara est présenté par la communauté internationale comme un ange. De son exil doré à l'hôtel du Golf, dans une capitale qui ne veut vraiment pas de lui, il mène une triple stratégie : dans un premier temps, il asphyxie économiquement non seulement son adversaire, mais aussi tout le pays, notamment en décrétant un embargo sur le cacao, opération qui ruine les petits planteurs pendant que le beau-fils de l'économiste aux belles coupes de costumes enregistre une belle plus value sur les 240 000 tonnes stockées à Londres. La seconde stratégie se trame au niveau diplomatique alors qu’il appelle à son secours l'universitaire ivoiro-américaine Jeanne Maddox Toungara, amie de madame Suzanne Rice ambassadeur des États-Unis aux Nations Unies. La troisième stratégie a été la création d'une « armée invisible » qui s’est infiltrée dans Abidjan ces deux derniers mois et qui a lancé « l'assaut final » contre la capitale rebelle.
Qui sont donc ces commandos de la mort ?
Qui sont donc ces hommes marqués d'une croix sur le front que nous présentent les différentes chaînes de télévision occidentales et que l'on a rebaptisé les Forces républicaines ? Qui sont ces hommes qui tuent si facilement alors que de la bouche de l'économiste Alassane Dramane Ouattara ils sont accueillis en libérateurs partout où ils passent ? Qui donc a assassiné le Professeur Philippe Rémond à l'arme blanche dans sa chambre d'hôtel à Yamoussoukro dans la nuit du 29 au 30 mars, dans une ville tombée sans combats et qui a accueilli Guillaume Soro et ses rebelles en libérateurs ? Ces « commandos de l'ombre » sont constitués ainsi que nous l'avons souligné plus haut de rebelles venus du Nord et rebaptisés par Paris Forces Nouvelles, de Burkinabè, les parrains d'hier, de Nigérians, de chasseurs traditionnels, de Dozos connus pour leur cruauté et qui ne sont pas absents des massacres de Douékoué. Depuis que Jean-Pierre Bemba a comparu devant le TPI (Tribunal Pénal International), les portes de ce tribunal vont certainement s’ouvrir pour l’ancien directeur du FMI malgré le soutien de Paris et de madame Suzanne Rice. De deux choses l’une : soit il contrôle mal ses troupes soit alors il leur donne des consignes dans l'ombre. Le chef d'accusation est tout trouvé, il faudra invoquer la chaîne de commandement et la responsabilité politique !
Conclusion
À l'heure de la défaite, celle de la légalité constitutionnelle et républicaine, puisque le Dr Allassane Dramane Ouattara n’a toujours pas prêté serment ! Il est difficile pour l'esprit humain de s'assumer ; pourtant, aujourd'hui encore, il est possible de dire que la lecture qui est faite de la situation politico-sociale en Côte d'Ivoire est erronée parce qu'aucune élection présidentielle ne mérite point de voir des milliers d'humains sous les bombes des forces armées les plus puissantes du monde. Il n’est pas juste que des femmes soient violées et mutilées en bandes-organisées Parce que l'arbre qui pousse en Afrique ne saurait prendre corps dans la terreur que déploie un monde riche arrogant et irrespectueux de la vie humaine. Le cri que pousse l’homme africain ne franchit certainement pas le seuil de ses lèvres, mais l’homme africain qui crie aujourd’hui n’est pas un ours qui danse comme le disait Aimé Césaire. L’Afrique n’a jamais autant mérité son nom de vallée de larmes, de « l’homme-insulte, de l’homme-torture... de l’homme-pogrom, un chiot, un mendigot».
Dr. Eithan Luccin de la Tour du Pin
Chercheur au CNRS
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