Un calme précaire régnait jeudi sur Abidjan où les populations apeurées sont restées terrées chez elles alors que les forces armées alliées à Alassane Ouattara sont annoncées aux portes de la capitale économique ivoirienne.
Dans la grande commune de Yopougon, un bastion de Laurent Gbagbo, les rues sont désertes toute la journée.
Les populations se sont retranchées chez elles, la peur au ventre.
De temps en temps, des vrombissements de véhicules particuliers transportant de jeunes gens en tenue civile et armés de kalachnikov venaient rompre le silence.
Un habitant du quartier chic de Cocody joint au téléphone dépeint le même décor.
"Au dehors, c’est le calme plat, nous nous sommes barricadés, personne n’ose mettre le nez dans la rue et chacun se demandant comment tout cela va finir", indique-t-il.
La tension restait palpable dans les quartiers au sud d’Abidjan où des scènes de pillages ont été enregistrées à Koumassi et à Marcory-Zone 4.
De fortes détonations ont été entendues dans le quartier administratif et des affaires, le Plateau, où se trouve le Palais présidentiel.
A la mi-journée, Guillaume Soro, le Premier ministre et ministre de la Défense d’Alassane Ouattara, a annoncé que la ville d’Abidjan était "encerclée" par ses troupes et demandé "que Gbagbo se rende immédiatement".
Parties lundi de l’ouest et du nord-est du pays, les forces " républicaines " composées d’éléments de l’ex rébellion des Forces nouvelles, ont presque sans combattre, en dehors de Duékoué (ouest) et de Tiébissou (centre), pris en un temps éclair le contrôle de plusieurs villes importantes dont la cité portuaire de San Pedro ( sud-ouest), la capitale politique et administrative Yamoussoukro ( centre, 230n km d’Abidjan) et la non symbolique Gagnoa (centre- ouest, région natale de Laurent Gbagbo).
Une déroute des forces fidèles à Laurent Gbagbo confirmée par la défection du chef d’état-major, le général Philippe Mangou, qui s’est réfugié avec sa famille à l’ambassade de l’Afrique du sud à Abidjan.
Des sources ont annoncé également le ralliement à Alassane Ouattara de plusieurs généraux dont de hauts responsables de la police et de la gendarmerie.
Laurent Gbagbo n’aurait plus autour de lui que les unités spéciales des forces de défense et de sécurité.
Dans une déclaration sur sa télévision privée jeudi, Alassane Ouattara a appelé les militaires fidèles à son rival, "ceux qui sont encore hésitants", à le rejoindre, à "rejoindre la légalité".
"Il faut éviter un bain de sang", a expliqué son Premier ministre Guillaume Soro qui a donné "quelques heures pour que ceux qui veulent se rallier le fasse et que Laurent Gbagbo se rende".
Le président sortant avait annoncé qu’il ferait mercredi soir une adresse à la nation avant de la reporter sine die.
La fulgurante offensive des forces "républicaines" fait suite à un échec de la voie diplomatique pour contraindre Laurent Gbagbo à céder le pouvoir à son rival déclaré vainqueur de l’élection du 28 novembre dernier par la Commission électorale et reconnu comme " président légitime" par l’Onu, l’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO).
Le bars de fer entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, proclamé réélu par le Conseil constitutionnel après invalidation des résultats de la Commission électorale, ont fait près de 500 morts, 50 000 déplacés internes et près de 100 000 réfugiés au Liberia voisin depuis la mi-décembre. (Xinhua)
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