mercredi 13 avril 2011

Côte d'Ivoire: "Un succès pour l'armée française, un échec pour la diplomatie"

Par LEXPRESS.fr, publié le 12/04/2011 

Le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite électorale ne constituait pas seulement une menace pour ses concitoyens, mais aussi pour toute l'Afrique où onze scrutins électoraux sont prévus cette année. 
Côte d'Ivoire: "Un succès pour l'armée française, un échec pour la diplomatie"
REUTERS/Emmanuel Braun

La presse européenne salue, parfois, émet des réserves, voire critique franchement aussi, l'intervention de la France en Côte d'Ivoire qui a permis la chute de Laurent Gbagbo. Extraits.


Grandeur

"Cette quête de grandeur (en français dans l'original) a été menée avec la hâte, la réactivité et le goût du risque qui ont marqué la carrière de Nicolas Sarkozy", salue, admiratif, le quotidien conservateur britannique The Telegraph qui voit dans le chef de l'Etat français un nouveau George Bush.

Le seul moyen

"Même si les forces françaises veulent minimiser leur rôle, le résultat de cette intervention est le bienvenu", salue le quotidien britannique The Guardian. En effet, "le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite électorale ne constituait pas seulement une menace pour ses concitoyens, mais aussi pour toute l'Afrique où onze scrutins électoraux sont prévus cette année. Il est essentiel que les élections gardent leur sens. C'est le seul moyen de rompre le lien entre élections et désordre civile", ajoute le quotidien de centre gauche.

Echec diplomatique

"Un succès pour l'armée française mais un échec pour sa diplomatie", juge l'éditorialiste John Lichfield dans The Independent. "La question de savoir si des soldats français sont ou non entrés dans le bunker de Laurent Gbagbo pour le capturer est secondaire puisque ce sont bien les forces françaises qui ont fait pencher la balance de la guerre en faveur des forces pro-Ouattara", explique-t-il dans le quotidien centriste. "La résolution qui légitimait l'intervention de Licorne a été interprétée avec de de plus en plus de souplesse", poursuit-il. "Bien sûr, la France peut arguer que le meilleur moyen de sauver les civils d'Abidjan était d'écarter Mr Gbagbo du pouvoir. Mais Paris aurait préféré, au fond, ne pas se montrer si impliqué dans la défaite de l'ex-président." et de conclure, "Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir en proclamant qu'il en finirait avec la Françafrique ; les événements de Côte d'Ivoire suggèrent que les vieilles habitudes et les ambigüités ont la vie dure."

Candidat de l'étranger

"Peut-on espérer que ces frappes, qui n'avaient rien de chirurgical, réussissent à guérir le malade? Rien n'est moins sûr: présenté comme le "vainqueur reconnu par la communauté internationale", Alassane Ouattara aura plus de mal que jamais à se défaire de son image de 'candidat de l'étranger' " prévient la spécialiste de l'Afrique du quotidien belge Le Soir, Colette Braeckman. "A moins d'un miracle, la violence pourrait continuer à s'étendre comme un feu de brousse"ajoutait-elle au lendemain des premières frappes de Paris contre le camp Gbagbo, le 4 avril. "À Dakar, M. Sarkozy avait osé affirmer que l'Afrique n'était pas encore entrée dans l'Histoire. Lui, il s'y est taillé sa place, mais il ne sait pas encore dans quelle rubrique..." raille-t-elle.

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