MAY 20, 2011 1:20 PM
Emprunter le tronçon Abidjan-Aboisso est un calvaire pour les transporteurs. Ce n’est pas l’état des voies. Mais à cause du racket des rebelles d’Alassane Ouattara. Sur ce tronçon, ils ont érigé dix barrages. A chaque barrage, le chauffeur débourse la somme de 1000 Fcfa. Ce qui lui revient à 10000 Fcfa, un seul voyage. Alors que les transporteurs font au moins dix voyages par jour. Ce qui fait pour la seule journée une somme de 200.000 Fcfa. Les rebelles font la pluie et le beau temps. En tout cas, les rebelles soutiennent qu’ils ne sont pas venus pour accompagner les autres. Avant d’indiquer qu’en 2002, ils ont suivi à l’aveuglette leurs chefs qui se sont enrichis sur leur dos. « Nous allons tous devenir riches. Sinon, nous ne voyons pas pourquoi nous avons pris les armes. Nous devons faire la fierté de nos parents » font-ils remarquer.
Gare au chauffeur qui refuse de s’acquitter de la somme. Il est passé à tabac. Ils font les rackets sous les yeux des Forces de Défense et de Sécurité dont le seul rôle est de contrôler les pièces du véhicule et celles des passagers. Ce n’est pas l’affaire des rebelles d’Alassane Ouattara. Ces derniers ne savent ni lire ni écrire. « Nous ne sommes pas venus lire papier. On est là pour nous remplir les poches. Personne ne peut parler. Nous sommes les seuls chefs ici » soutiennent-ils. Des transporteurs leur font savoir qu’ils sont ensemble. C’est-à-dire du même politique, le Rdr. La réponse d’un rebelle est sans équivoque : « Nous ne mangeons pas ça. On s’en fout. On veut notre argent. On rackette tout le monde sans trier ».
Les chauffeurs médusés
Les chauffeurs, quant à eux, grognent. Mais ils ne peuvent le faire ouvertement. « Mon frère, on est obligé de faire avec. On a accusé les policiers et les gendarmes. Ils sont mieux que ces petits vagabonds » indique K.S. Et de regretter : « Nous avons tous du remord. On a accusé Gbagbo de tous les maux. Aujourd’hui, il est parti. La situation est devenue pire ». I.B ne dit pas le contraire. Il pense que les chauffeurs doivent assumer ce qui leur arrive. Avant de donner ce proverbe : « Quand tu sèmes du riz, c’est du riz tu récoltes. Et non de l’igname. Nous avons souhaité leur arrivée. Ils sont arrivés. Alors assumons ». Face à cette situation, certains transporteurs préfèrent garer leur véhicule. « Nous ne pouvons pas travailler pour eux. Le carburant est cher. A cette allure, on ne peut pas faire de recettes » déplore M.K. D’autres chauffeurs préfèrent s’arrêter au niveau de Bassam. « C’est mieux. Cela nous permet de ne pas jeter notre argent dans le vide » explique K.S. Les transporteurs n’ont que leurs yeux pour pleurer.
Enise Kamagaté
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