May 23, 2011 Autres Media
Dans l’interview qu’il a accordée à France 24 et Rfi après son investiture le 21 mai 2011 à Yamoussoukro, Alassane Dramane Ouattara, le nouveau Président ivoirien s’est montré ferme : Gbagbo doit être jugé par la justice ivoirienne et la Cour pénale internationale. Qu’est-ce qu’on lui reproche ? En résumé : violence sur les populations et refus de céder le pouvoir à Alassane Ouattara. Mais Ouattara qui promet l’impunité relativement aux exactions postélectorales a-t-il fait au moins arrêter ses hommes qui ont tué un millier de personnes à Duékoué fin mars-début avril 2011 ? Non, là il va falloir une enquête qui va établir les responsabilités avant quoi que ce soit. Or, sans enquête, sans ce préalable, Laurent Gbagbo et 200 personnalités de son régime sont arrêtés et croupissent en prison pour des délits présumés. Ses hommes qui ont tué également le sergent Ibrahim Coulibaly dit « Ib » seront-ils punis ? « Non, n’allez pas vite en besogne, s’empresse Ouattara de démentir, j’ai fait faire une autopsie, il faut attendre que la lumière sur les circonstances de sa mort soit faite avant de se prononcer » a-t-il nié en substance.
Il ne reconnait même pas que ce sont ses hommes qui ont abattu Ib. Que peut-on, dans ces conditions, attendre du terme « impunité » de cet homme ? Alassane Dramane Ouattara attribue tout ce qui est « milice » et « mercenaire » à son rival Laurent Gbagbo. Pourtant, c’est lui-même qui, pour tenir sa promesse de rendre la Côte d’Ivoire ingouvernable, a fait faire le coup d’Etat du 24 décembre 1999. C’est lui qui a installé la rébellion sanglante après l’échec du coup d’Etat du 19 septembre 2002. Et pendant les 9 ans que cette rébellion pilotée par son délégué Soro Guillaume a tenu la Côte d’Ivoire divisée, les violations des droits de l’homme et les crimes économiques se sont multipliés. Mais de tout cela, Alassane ne se sent pas concerné. Il est blanc comme neige. C’est donc Laurent Gbagbo le seul responsable, même des coups contre lui-même. Voilà la scène dans laquelle nous nous trouvons. Où celui qui a fait entrer la violence en politique nie tout et accuse son rival qu’il a agressé sous le soutien de la France. Quelle sera donc la validité de la justice qu’il promet ? Quelle sera la crédibilité des procès qu’il va organiser, où déjà, les avocats des mis en cause sont interdits ? Quelle est cette justice sérieuse où l’on juge un ancien chef de l’Etat sans lui permettre d’être assisté de son avocat ? Si jusqu’à ce jour, Alassane Ouattara n’a pas fait arrêter un seul de ses rebelles dont des dozos qui ont massivement tué à Duékoué, il montre clairement qu’il fera tout pour ne pas que ces tueurs soient traités comme tels. Parce que les reconnaitre comme tueurs, génocidaires, fera remonter la responsabilité à lui-même.
Or, comme il est au pouvoir et qu’il représente les intérêts français, il ne doit pas être éclaboussé. Et s’il invite la Cpi, c’est parce qu’il est persuadé que cette institution est aux ordres. Et qu’elle le soignerait dans ses rapports et accablerait Gbagbo. Voilà la dynamique dans laquelle Alassane Ouattara invite à la réconciliation. Comme si une réconciliation se faisait par décret ou par coup d’Etat. Comme si la force française Licorne et ses Mi-24 suffisaient à imposer la réconciliation aux Ivoiriens. Comment aller à une réconciliation quand le mot « pardon » se montre inadmissible aux yeux de celui qui a endeuillé des milliers de familles en Côte d’Ivoire ? Lorsque Laurent Gbagbo a voulu montrer un exemple de mesures d’impunité, il a commencé par laisser la justice arrêter et mettre en prison ses propres collaborateurs et autres proches dans la filière café cacao. Or, on se rend compte qu’Alassane Ouattara n’a pas cette aptitude. Sa justice et son impunité sont déjà corrompues, injustes. Parce qu’il ne peut pas être sans reproche dans une crise ivoirienne où il est à la base de tous les coups sources de violence.
Dans l’interview qu’il a accordée à France 24 et Rfi après son investiture le 21 mai 2011 à Yamoussoukro, Alassane Dramane Ouattara, le nouveau Président ivoirien s’est montré ferme : Gbagbo doit être jugé par la justice ivoirienne et la Cour pénale internationale. Qu’est-ce qu’on lui reproche ? En résumé : violence sur les populations et refus de céder le pouvoir à Alassane Ouattara. Mais Ouattara qui promet l’impunité relativement aux exactions postélectorales a-t-il fait au moins arrêter ses hommes qui ont tué un millier de personnes à Duékoué fin mars-début avril 2011 ? Non, là il va falloir une enquête qui va établir les responsabilités avant quoi que ce soit. Or, sans enquête, sans ce préalable, Laurent Gbagbo et 200 personnalités de son régime sont arrêtés et croupissent en prison pour des délits présumés. Ses hommes qui ont tué également le sergent Ibrahim Coulibaly dit « Ib » seront-ils punis ? « Non, n’allez pas vite en besogne, s’empresse Ouattara de démentir, j’ai fait faire une autopsie, il faut attendre que la lumière sur les circonstances de sa mort soit faite avant de se prononcer » a-t-il nié en substance.
Il ne reconnait même pas que ce sont ses hommes qui ont abattu Ib. Que peut-on, dans ces conditions, attendre du terme « impunité » de cet homme ? Alassane Dramane Ouattara attribue tout ce qui est « milice » et « mercenaire » à son rival Laurent Gbagbo. Pourtant, c’est lui-même qui, pour tenir sa promesse de rendre la Côte d’Ivoire ingouvernable, a fait faire le coup d’Etat du 24 décembre 1999. C’est lui qui a installé la rébellion sanglante après l’échec du coup d’Etat du 19 septembre 2002. Et pendant les 9 ans que cette rébellion pilotée par son délégué Soro Guillaume a tenu la Côte d’Ivoire divisée, les violations des droits de l’homme et les crimes économiques se sont multipliés. Mais de tout cela, Alassane ne se sent pas concerné. Il est blanc comme neige. C’est donc Laurent Gbagbo le seul responsable, même des coups contre lui-même. Voilà la scène dans laquelle nous nous trouvons. Où celui qui a fait entrer la violence en politique nie tout et accuse son rival qu’il a agressé sous le soutien de la France. Quelle sera donc la validité de la justice qu’il promet ? Quelle sera la crédibilité des procès qu’il va organiser, où déjà, les avocats des mis en cause sont interdits ? Quelle est cette justice sérieuse où l’on juge un ancien chef de l’Etat sans lui permettre d’être assisté de son avocat ? Si jusqu’à ce jour, Alassane Ouattara n’a pas fait arrêter un seul de ses rebelles dont des dozos qui ont massivement tué à Duékoué, il montre clairement qu’il fera tout pour ne pas que ces tueurs soient traités comme tels. Parce que les reconnaitre comme tueurs, génocidaires, fera remonter la responsabilité à lui-même.
Or, comme il est au pouvoir et qu’il représente les intérêts français, il ne doit pas être éclaboussé. Et s’il invite la Cpi, c’est parce qu’il est persuadé que cette institution est aux ordres. Et qu’elle le soignerait dans ses rapports et accablerait Gbagbo. Voilà la dynamique dans laquelle Alassane Ouattara invite à la réconciliation. Comme si une réconciliation se faisait par décret ou par coup d’Etat. Comme si la force française Licorne et ses Mi-24 suffisaient à imposer la réconciliation aux Ivoiriens. Comment aller à une réconciliation quand le mot « pardon » se montre inadmissible aux yeux de celui qui a endeuillé des milliers de familles en Côte d’Ivoire ? Lorsque Laurent Gbagbo a voulu montrer un exemple de mesures d’impunité, il a commencé par laisser la justice arrêter et mettre en prison ses propres collaborateurs et autres proches dans la filière café cacao. Or, on se rend compte qu’Alassane Ouattara n’a pas cette aptitude. Sa justice et son impunité sont déjà corrompues, injustes. Parce qu’il ne peut pas être sans reproche dans une crise ivoirienne où il est à la base de tous les coups sources de violence.
Suzanne Assalé
Source: Le Temps
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