samedi 9 juillet 2011

Cortège funèbre de Serge LUKUSA : Des policiers ont tiré des rafales à balles réelles sur les combattants de l’UDPS

image UDPS - Kinshasa, vendredi 8 juillet 2011, sur le boulevard du 30 juin, la police charge les manifestants de l'UDPS avec de gaz lacrymogène.

Encore une kabilerie de plus ! Ce vendredi 8 juillet 2011, des coups de feu nourrit ont eu lieu à Kinshasa. La police congolaise a sorti de grands moyens pour dispercer et empêcher les partisans de l'Udps d'atteindre le siège de la CENI sur le boulevard du 30 juin: tirs de sommation, gaz lacrymogène... Les partisans de l'Udps non armés n'étaient pas allés de main morte, ils avaient la dépouille d'un de leurs camarades assassiné dans une voiture transformée en corbillard. L'objectif était de faire sit-in devant la CENI, cette dernière a déjà tout boutquée pour la réélection de Joseph kabila.
Hier vendredi 8 juillet, la circulation a été perturbée pendant un bon moment sur une partie du boulevard du 30 Juin. Et pour cause. Des gaz lacrymogènes pleuvaient sur les militants de l’UDPS qui avaient transporté à la Commission nationale électorale indépendante (CENI) le corps d’un des leurs décédé par suffocation, suite à l’inhalation d’une grande quantité de gaz lacrymogène lancé par les policiers le 4 juillet 2011, pour réprimer le sit-in tenu ce jour-là devant le siège de la CENI.
En effet, le tronçon du boulevard 30 Juin, compris entre la Gare centrale et les Galeries présidentielles, affichait l’air d’un champ de bataille aux heures de midi. Les têtes auréolées des rubans rouges, les membres de l’UDPS ont voulu contredire le ministre Lambert Mende qui avait déclaré la veille qu’il n’y a pas eu mort d’homme au cours de la répression des membres de l’UDPS.
C’est ainsi qu’après la levée de la morgue du corps du militant Serge Lukusa Diyoka, le cortège funèbre a carrément emprunté le boulevard du 30 Juin. Direction : le siège de la Commission nationale électorale indépendante. Mais arrivée au niveau de l’immeuble Sozacom, cette foule a été interceptée par la police. Les agents de l’ordre ont donc confisqué le corps qu’ils ont ensuite introduit dans l’enceinte de la CENI. Pour les militants de l’UDPS, c’était là une énième provocation, ils se sont donc mis à scander des chansons hostiles au pouvoir.
Tout d’un coup, des policiers détachés dans les ministères logés au building ONATRA se sont mis à tirer des rafales à balles réelles. Ce qui a provoqué une véritable panique dans tout le périmètre. C’était donc le sauve-qui-peut, même des innocents se sont mis à courir dans tous les sens afin de ne pas y laisser la peau.
Par après, la brigade anti-émeute s’est amenée avec ses matraques, ses boucliers et ses fusils qui servent à lancer des bombes lacrymogènes. A peine descendus des jeeps, les agents de l’ordre se sont mis à appuyer sur la gâchette, et les bombes lacrymogènes vomissaient leur gaz avec un bruit assourdissant. Même la presse qui avait accouru pour vivre l’événement en a eu pour son compte. Ce gaz-là n’est pas seulement suffocant, mais également il pique les yeux et les trouble. Raison pour laquelle, l’UDPS croit dur comme fer que ce sont les effets néfastes de ce gaz qui ont tué le combattant Serge Lukusa Diyoka.
Après avoir surmonté la peur, les militants de l’UDPS sont revenus à la charge, tenant chacun un sachet d’eau dans les mains pour s’essuyer les yeux. Encore une fois, les policiers ont dû former une ceinture, barrant totalement le passage sur le boulevard. Les véhicules venant de Kintambo étaient obligés de rebrousser chemin au niveau des Galeries présidentielles. Tenaces, les militants de l’UDPS ont fini par investir la chaussée en s’asseyant par terre, bravant le produit piquant.
Par après, trois autres jeeps de la police sont venues avec deux colonels à bord. Ces officiers supérieurs ont donc tempéré le zèle de leurs subalternes qui ont pu libérer la voie, pour ne se cantonner que du côté de la CENI.
C’est à 15h20’que le corps a été restitué aux membres de l’UDPS. Il a été ramené au lieu du deuil sous escorte des jeeps de la police.

Unique exigence : des élections apaisées

La tension politique monte de plus en plus alors que l’on s’approche inexorablement de la tenue d’élections voulues libres, démocratiques et transparentes par tous. Les derniers accrochages -répétés - entre les forces de l’ordre et les combattants de l’UDPS, de même que l’escalade verbale anticipant sur la campagne électorale proprement dite, sont un signe prémonitoire du climat qui risque de régner avant, pendant et après les prochains scrutins. Avec comme conséquence de déboucher sur la contestation des résultats et ramener le pays plusieurs décennies en arrière.
Jeune, la démocratie congolaise refuse de grandir. Les hommes politiques ne semblent pas tirer les leçons du passé. Le climat qui s’observe actuellement n’est pas du tout rassurant quant à l’avenir immédiat ou proche. L’éthique politique demeure une gageure. Les politiciens congolais continuent à se considérer comme des ennemis. Alors qu’en réalité, ils ne sont que des compatriotes positionnés en adversaires politiques du fait de la divergence d’opinions politiques. La législature finissante ne semble pas avoir beaucoup appris aux formations politiques et à leurs animateurs. Les tares du passé reviennent à la surface après un semblant d’avancée positive. Les comportements affichés par les uns et les autres sont tels qu’il n’est pas exagéré de dire qu’en termes d’apprentissage, les cinq années qui s’achèvent n’auront été que du gâchis.
Intolérance politique, contestations des textes, suspicions, violences verbales et physiques, se conjuguent au quotidien, en ce moment précis où l’on s’achemine vers la deuxième expérience de l’accession au pouvoir par les urnes.
D’aucuns se souviennent que lorsqu’il s’agit de partager le pouvoir, les politiciens oublient leurs divergences et se mettent vite autour d’une table. Dès lors, qu’est-ce qui les empêche de se mettre ensemble et de s’accorder autour des textes et autres liées à l’organisation des scrutins ? C’est la préoccupation de tous les observateurs avisés qui se demandent si on peut vraiment construire ou reconstruire le pays dans la confusion, la non acceptation de l’autre. Et pourtant ce qui se passe ailleurs sur le continent devrait ramener tout le monde à la raison, surtout à adopter des attitudes responsables pendant cette période critique et, partant, fragile.
Si les prochains scrutins ne se déroulaient pas dans un climat de sérénité et que par malheur les violences s’ensuivaient, c’est le développement même du pays qui s’en ressentirait. Dans ce cas-là, l’on sera rentré plusieurs décennies en arrière, au temps des hommes forts et des partis-Etat. On aura ainsi brisé le rêve de tout un peuple dont l’exercice du pouvoir passe par le choix libre des dirigeants à tous les niveaux. Lequel choix a pour soubassement l’organisation d’élections libres, démocratiques et transparentes. Dans un climat apaisé et le respect des règles du jeu par tous.

[Donatien Ngandu Mupompa/Le Potentiel/reveil-fm]

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