samedi 24 mars 2012

"Parti-Etat" : Koyagialo signe sa première bourde

Vendredi, 23 Mars 2012


Recevant, mercredi 21 mars, l'ancien gouverneur de la Province Orientale, Médard Autsai Asenga, le Premier ministre intérimaire Louis Alphonse Koyagialo s'est cru en droit d'arborer sa casquette de membre de la mouvance kabiliste en congratulant le précité "pour le score réalisé" dans cette partie du pays "en faveur" du président sortant "Joseph Kabila".

Koyagialo s'est ainsi départi de la "neutralité" voire d'une certaine réserve qu'on est en droit d'attendre d'un chef du gouvernement fut-il intérimaire.
La confusion continue donc entre l'Etat et le parti du chef d'Etat en exercice.

"L'homme parvenu au gouvernement, disait l'ancien président du Conseil français Pierre Mendès-France, n'est pas un homme d'un parti. C'est la Nation qu'il doit servir".


Cet ancien chef du gouvernement français voulait simplement rappeler que tout détenteur d'une parcelle du pouvoir d'Etat est censé, par ses faits et gestes, incarner l'intérêt général.

L'Etat en tant que pouvoir politique doit, en tout temps, rester au-dessus des contingences partisanes.

 Bien qu'étiqueté PPRD, le parti présidentiel, l'ancien gouverneur de l'ex-Shaba passait pour un homme qui avait «une certaine idée de l'Etat». Depuis sa désignation, le 6 mars dernier, en qualité de Premier ministre intérimaire, Louis Koyagialo semblait mener un parcours sans faute.


L'homme s'est montré économe en déclarations à l'emporte-pièce. Il s'est contenté d'expédier les affaires courantes sans faire des vagues.

 Mercredi 21 mars, le Premier ministre intérimaire a reçu l'ancien gouverneur de la Province Orientale, le PPRD Médard Autsaï. Le «Premier» a félicité celui-ci «pour le score réalisé» dans cette partie du pays «en faveur» du président sortant "Joseph Kabila".


«Au nom du gouvernement et du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), a déclaré le Premier ministre intérimaire, je vous félicite pour le succès de votre mandat de plus de 5 ans à la tête de la province Orientale, ainsi que pour les réalisations dans le cadre du programme gouvernemental des cinq chantiers».

On se croirait revenu vingt-trois années en arrière à l'époque du MPR parti-Etat.

 Le fait que cette rencontre ait eu lieu au ministère de l'Intérieur et non à l'hôtel du Conseil ne change rien. Koyagialo semble ignorer que la campagne électorale pour l'élection présidentielle a pris fin le 26 novembre dernier.


Et qu'en tenant des propos dignes d'un propagandiste, il écorne l'idée même d'un Etat impartial. Un Etat au-dessus des contingences partisanes. Par ces propos, le «locataire intérimaire» de la Primature s'est disqualifié en rappelant qu'il est avant tout au service d'un parti : le PPRD.

Il est également au service d'un clan politique : la Majorité présidentielle (MP). Qui s'occupe dès lors de l'intérêt général?

 Notons au passage que l'ancien gouverneur Autsai a invité la population de la Province Orientale «à préserver les acquis de la paix chèrement reconquise par le chef de l'Etat (Joseph Kabila» et «à soutenir les réalisations du gouvernement sous l'impulsion du président de la République avec la réhabilitation de la voirie urbaine à Kisangani, des routes Buta-Kisangani et autres, dans le cadre du programme des cinq chantiers et de la Révolution dans la modernité».


Médard Autsai a, par ailleurs, «félicité les FARDC et d'autres services de sécurité pour avoir maintenu la paix et la sécurité en province Orientale.» Les habitants des districts de l'Uélé apprécieront au moment où des bandes armées locales et étrangères continuent à y répandre la terreur.

 Le 24 avril 1990, les Zaïrois avaient applaudi la fin de la confusion entre l'Etat et le parti. Quinze années après la «libération» du 17 mai 1997, le constat est là : les trois pouvoirs traditionnels de l'Etat sont en passe de redevenir les «Organes» d'un parti kabiliste, le PPRD. Koyagialo signe ainsi sa première bourde en rappelant de manière subliminale qu'il est avant tout au service de l'Etat-PPRD.



B.A.W

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