vendredi 20 avril 2012

Magouilles et chantages à la Cpi, Ocampo réclame 500 millions à Gbagbo

Malgré la vacuité du dossier Gbagbo à la Cpi, le procureur argentin veut voir écroué l’ancien chef de l’Etat ivoirien. Le Temps a fouiné et trouvé les vraies motivations de l’acharnement de Luis Moreno-Ocampo. Les nouvelles ne sont pas bonnes pour le régime Ouattara au pouvoir depuis le 11 avril 2011.


Et pour cause, la grande complicité jusque là gardée comme un secret d’alcôve vient de connaître le coup de projecteur. dans une lettre sur un papier entête portant logo de la Cour pénale internationale (Cpi), le Procureur de cette institution, l’Argentin Luis Moreno- Ocampo nommé juge enquêteur dans les crimes en Côte d’Ivoire, étale son compagnonnage avec l’ancien Secrétaire général de la rébellion des Forces nouvelles.

Le procureur salue Guillaume Soro pour sa «nomination» à la présidence de l’Assemblée nationale. «J’ai l’honneur de vous adresser mes plus sincères félicitations ainsi que celles de mes collaborateurs pour votre nomination à la présidence de l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire», écrit, le 27 mars 2012, le magistrat de la Cour pénal internationale. 

«Je tiens à vous réitérer ma reconnaissance pour votre action et votre soutien au travail de mon Bureau en Côte d’Ivoire, et j’espère que vous allez poursuivre la même collaboration de qualité avec mon successeur, Madame Fatou Bensouda (…) J’espère que nous aurons l’occasion de nous voir dans les toutes prochaines semaines afin de continuer la fructueuse coopération entre votre Gouvernement et mon Bureau».

La gravité de cette missive est à deux niveaux. Le premier niveau, c’est que Ocampo est juge enquêteur et c’est à lui que l’enquête sur les crimes commis en Côte d’Ivoire de 2002 à 2011 a été confiée. La gravité au deuxième niveau, c’est que Guillaume Soro est partie prenante dans les crimes perpétrés en Côte d’Ivoire depuis septembre 2002. 

Il est le Secrétaire général du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire, devenu quelques mois plus tard Forces nouvelles dont les crimes odieux – crimes de guerre, crimes contre l’humanité et qui pourraient être requalifiés en Génocide -, sont relevés par les organisations internationale de défense des droits de l’homme.

Mais quelles sont les motivations qui ont guidé le procureur de la Cpi Lui Moreno-Ocampo à entretenir une camaraderie, une certaine complicité avec le chef de la rébellion ivoirienne, tout en nourrissant une aversion toute particulière contre le président Gbagbo.

Nos sources indiquent que courant septembre 2011 Luis Moreno Ocampo a tenté de rentrer en contact avec le conseil du président Laurent Gbagbo. 

Après, le juge argentin aurait proposé ses services aux avocats du Président Gbagbo moyennant une mallette bien  remplie.  
Les indiscrétions confient que le procureur de la Cpi aurait fait savoir aux avocats du président Laurent Gbagbo qu’il était disposé à annuler les poursuites contre leur client et à classer l’affaire «sans suite», au cas où ils se montreraient «concrets». 

A en croire nos sources, Ocampo aurait demandé la somme de 500 millions aux avocats de Gbagbo. Mais ces derniers n’auraient pas mordu à l’hameçon de la corruption. Les avocats du Président Laurent Gbagbo ont renvoyé le procureur de la Cpi à ses copies.

C’est donc fulminant de rage que Luis Moreno- Ocampo a décidé de faire payer au camp Gbagbo cette intégrité intellectuelle affichée par les avocats défenseurs de Gbagbo.

Et depuis, le juge corrompu a prospecté du côté des nouveaux tenants du pouvoir en Côte d’Ivoire. Qui n’ont pas craché sur le morceau, eux qui ne savaient plus où mettre de la tête face à la réalité des faits sur le terrain. Faits qui constituent des crimes odieux, crimes contre l’humanité et qui bientôt pourraient être requalifiés en génocide. 

C’est pourquoi, malgré la vacuité du dossier Gbagbo, Luis Moreno-Ocampo, qui quitte ses fonctions en juin prochain, tient coûte que coût à inculper l’ancien chef d’Etat injustement détenu à La Haye et qui passe en jugement le 18 mai prochain, pour sa deuxième comparution. 

En effet, le dossier Gbagbo à la Cpi est vide. Cette institution n’est pas habilitée à juger le Président de la République de Côte d’Ivoire qui est un Etat souverain qui plus est, n’a pas ratifié le statut de Rome. 

Et des spécialistes en la matière ne cessent de le démontrer. « En droit international public, tous les actes posés par les dirigeants politiques d’un pays n’engagent pas nécessairement ce pays à l’extérieur. 

Car les traités sont soumis pour leur validité, comme les contrats le sont en droit privé, aux mêmes principes généraux de droit; à savoir la capacité du sujet, la licéité de l’objet, et la régularité du consentement. 

Dans le cas de la Côte d’Ivoire, il y a un consentement inachevé et des irrégularités formelles issues de l’absence de ratification : c’est ce qu’on appelle dans le jargon les ratifications imparfaites » note en effet le Juriste Politologue Sery Zadi Gboziagnon dans une contribution abondamment reprise par la presse ivoirienne. 

«Est nul tout traité dont la conclusion a été obtenue par la menace, ou l’emploi de la force en violation des principes de droit international incorporée dans la chartre des Nations Unies. En vertu de ce qui précède, la Côte d’Ivoire n’est pas parti aux accords de Rome sur la C.P.I». 

Indique encore l’expert ivoirien en droit international le Juriste Politologue Sery Zadi Gboziagnon. Il y a lieu de comprendre les agitations de Luis Moreno-Ocampo sous le prisme d’un baroud d’honneur pour un juge qui a perdu la partie dans la défense d’un ex-rebelle, Guillaume Soro. 

Ce dernier court inexorablement vers la prison à vie, n’en déplaise à celui qui l’a nommé à la présidence de l’Assemblée nationale.

S. Allard 
in Le Temps
Dimanche 8 Avril 2012
La Dépêche D'Abidjan

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