21/05/2012
Bosco NTAGANDA - Chef de rebelle tutsi rwandais à l'Est de la RDC.
Lorsqu’il s’agit d’arrêter Ntaganda, Human Right Watch (HRW) indique que les autorités rwandaises ont donné des assurances qu’elles ne laisseraient pas Ntaganda entrer au Rwanda. Ce qui ne les exonère pas non plus de l’obligation de coopérer à son arrestation avec son voisin de la RDC.
«Le gouvernement rwandais doit user de son influence pour soutenir les efforts du gouvernement congolais visant à arrêter Ntaganda et les autres auteurs d’abus graves ; il ne doit pas les accueillir ni les aider à partir ailleurs», souhaite HRW.
Va-t-on assister à un nouvel épisode de traque qui se terminerait en eau de boudin, par le simple jeu des complicités ? C’est là toute la question.
La chasse à l’homme engagée contre le général FARDC Bosco Ntaganda doit prendre sa vitesse de croisière. C’est l’avis de Human Rights Watch (HRW) qui craint que l’enrôlement des enfants en cours n’aboutisse à la reconstitution de son armée.
Cette urgence est également de stricte rigueur du côté congolais. Les autorités viennent de s’engager sur tous les fronts : militaire, diplomatique, … Plus qu’une traque, il faut resserrer l’étau autour du criminel.
Au moins 149 enfants et jeunes hommes sont enrôlés, de force, par «le général renégat» Bosco Ntaganda. L’homme vient ainsi de rééditer les exploits de l’Ituri pour lesquels il est poursuivi par la CPI.
Son ancien chef, ci-devant Thomas Lubanga, vient d’être condamné par la CPI pour les mêmes crimes.
Danger public et ennemi commun, Bosco Ntaganda a sa place en prison et non dans les FARDC, encore moins à la tête des mouvements rebelles.
Suite à ce nouvel enrôlement des enfants, les autorités congolaises ne devraient plus hésiter à le livrer à la CPI. Les pressions exercées sur Kinshasa se trouvent tout de suite justifiées.
Ayant flairé le danger, «Bosco Ntaganda a recommencé à commettre contre des enfants des crimes identiques à ceux pour lesquels la Cour pénale internationale a déjà émis à son encontre un mandat d’arrêt», confie Anneke Van Woudenberg, chercheuse senior pour la division Afrique à HRW.
Elle poursuit : «Tant que Bosco Ntaganda sera en liberté, les enfants et les civils vivant dans l’Est du Congo seront exposés à un risque sérieux pour leur sécurité».
«Les chefs d’accusation supplémentaires de crimes de guerre et crimes contre l’humanité pour meurtre, persécution fondée sur des motifs ethniques, viol, esclavage sexuel et pillage», sont autant de crimes qui allongent la liste des griefs retenus contre ce «général renégat».
Ces infractions sont également punies par le droit militaire congolais au point que les autorités congolaises sont également déterminées à mettre hors d’état de nuire ce hors-la-loi.
Déjà, des morts parmi les enfants recrutés se font enregistrer selon la même source : «Au moins sept garçons sont morts dans les combats. Les jeunes garçons et jeunes hommes, enrôlés de force, étaient âgés de 12 à 20 ans, et appartenaient pour la plupart aux groupes ethniques tutsi et hutu.
Au moins 48 d’entre eux avaient moins de 18 ans et 17 avaient moins de 15 ans ». D’après les schémas de recrutement documentés, Human rights watch pense que «l’activité réelle de recrutement pendant cette période peut avoir été considérablement plus importante».
Le général mutin est passé en personne solliciter des parents qu’ils «offrent» leurs progénitures à son aventure.
Le témoignage d’une femme de Birambizo qui s’est confiée à HRW est édifiant : «Les forces de Ntaganda ont pris le contrôle de Kitchanga, de Kilolirwe, de Mushaki, de Rubaya, de Kingi et des zones environnantes dans le territoire de Masisi, dans l’Est de la RDC».
Ce témoin rend compte de l’argument que brandissent les troupes de Ntaganda pour allier la population à leur cause.
La femme le traduit en ces termes : «Depuis que vous (villageois) soutenez le gouvernement, vous n’avez rien obtenu. Pourquoi ne pas vous joindre à moi ?».
Ce baratin de bas étage s’est poursuivi en ces termes, raconte la même habitante : "Ntaganda nous a demandé de lui confier nos enfants, nos élèves pour combattre. Il est venu dans notre village lui-même, tout comme l’avait fait l’ancien chef rebelle Laurent Nkunda."
Mais nous avons refusé en disant que nos enfants doivent aller à l’école». Des scènes graves de violences et de recrutement avec violence ont été répertoriées par Human rigths watch dans le moindre détail.
Près de Kabati, un garçon de 16 ans raconte : «Les hommes de Bosco Ntaganda nous plaçaient des grenades sur le corps et nous expliquaient qu’au moindre mouvement, elles exploseraient».
Des tortures faites aux enfants démontrent à quel point le gouvernement de la RDC devrait redoubler d’efforts pour mettre un terme à ces agissements.
L’arrestation de Bosco Ntaganda devient une urgence
Tous ces crimes mis ensemble constituent des motifs valables pour procéder à une traque sans tergiversation de ce hors-la-loi qui devient un danger public.
La CPI, qui vient d’alourdir de nouvelles charges contre Bosco Ntaganda, ne dispose pas d’une armée. C’est donc sur la collaboration de la RDC que la CPI compte s’appuyer pour neutraliser le général dissident.
La RDC, qui reconstruit son armée, est appelée à mettre les bouchées doubles pour s’acquitter de sa tâche.
Mais, les FARDC ont un sérieux handicap. Le plan de leur restructuration bat de l’aile et des factions armées n’ont pas encore disparu. Les mettre au même moment sur les traces de Bosco Ntaganda, Joseph Kony, des FDLR, sans compter les Maï-Maï, ça serait trop lui demander.
La charge est trop lourde pour une armée qui se recherche. D’où, l’urgence de conditionner les troupes des FARDC pour leur permettre de jouer véritablement leur rôle.
La collaboration de la Monusco n’est pas évidente. Pour des prétextes flous, les Casques bleus dépêchés en RDC font plus de l’observation que d’aucuns assimilent à du tourisme avec spécialisation dans la comptabilité macabre, que de la protection des civils.
Et pourtant, la Monusco de même que la CPI sont deux émanations des Nations unies.
Dans le cas spécifique de la RDC, le Conseil de sécurité des Nations unies est invité à revoir en urgence la copie du mandat de la Monusco pour lui permettre de jouer véritablement son rôle de force d’interposition.
Kigali fait diversion
Lorsqu’il s’agit d’arrêter Ntaganda, HRW indique que les autorités rwandaises ont donné des assurances qu’elles ne laisseraient pas Ntaganda entrer au Rwanda. Ce qui ne les exonère pas non plus de l’obligation de coopérer à son arrestation avec son voisin de la RDC.
«Le gouvernement rwandais doit user de son influence pour soutenir les efforts du gouvernement congolais visant à arrêter Ntaganda et les autres auteurs d’abus graves ; il ne doit pas les accueillir ni les aider à partir ailleurs», souhaite HRW.
Va-t-on assister à un nouvel épisode de traque qui se terminerait en eau de boudin, par le simple jeu des complicités ? C’est là toute la question.
La CPI qui est l’émanation de la communauté internationale ne devrait-elle pas bénéficier d’un concours soutenu de cette même communauté internationale pour capturer un renégat qui soumet des enfants à des traitements cruels et dégradants ?
L’urgence pour l’arrestation, suivie du transfèrement de Ntaganda, doit s’accompagner des mesures adéquates. De simples énonciations et incantations ne suffisent pas. Il faut passer à la vitesse supérieure pour qu’enfin cette partie de la République retrouve sa quiétude.
Longtemps considéré comme fusible pour une paix durable dans l’Est, Bosco Ntaganda vient de prouver qu’il n’a jamais été l’élément central du puzzle pour la stabilisation de la partie orientale de la RDC.
Tout porte à croire qu’en signant en 2009 à Goma un accord avec le CNDP, Kinshasa s’est fourré dans un jeu dont il n’avait pas la maîtrise de tous les paramètres.
Aujourd’hui à Kinshasa, tous jurent par l’urgence de capturer Ntaganda pour résoudre l’équation de l’Est. Erreur d’analyse, estime-t-on. D’autant plus que le problème n’est pas d’arrêter Ntaganda.
Le plus important, c’est de s’attaquer à la racine du mal, c’est-à-dire la présence de diverses milices armées dans la partie Est de la RDC.
Et surtout leur base arrière. On en a eu la preuve avec Nkunda. Ainsi, malgré son arrestation au Rwanda, Nkunda a pris le temps de se reconstituer, même à l’ombre, au travers des adeptes qui ont adhéré à son CNDP d’alors.
Derrière Nkunda ou Ntaganda, il y a certainement une main invisible qui tire les ficelles.
C’est à cette main qu’il faut s’attaquer en priorité pour une paix durable dans l’Est.
[Le Potentiel]
Bosco NTAGANDA - Chef de rebelle tutsi rwandais à l'Est de la RDC.
Lorsqu’il s’agit d’arrêter Ntaganda, Human Right Watch (HRW) indique que les autorités rwandaises ont donné des assurances qu’elles ne laisseraient pas Ntaganda entrer au Rwanda. Ce qui ne les exonère pas non plus de l’obligation de coopérer à son arrestation avec son voisin de la RDC.
«Le gouvernement rwandais doit user de son influence pour soutenir les efforts du gouvernement congolais visant à arrêter Ntaganda et les autres auteurs d’abus graves ; il ne doit pas les accueillir ni les aider à partir ailleurs», souhaite HRW.
Va-t-on assister à un nouvel épisode de traque qui se terminerait en eau de boudin, par le simple jeu des complicités ? C’est là toute la question.
La chasse à l’homme engagée contre le général FARDC Bosco Ntaganda doit prendre sa vitesse de croisière. C’est l’avis de Human Rights Watch (HRW) qui craint que l’enrôlement des enfants en cours n’aboutisse à la reconstitution de son armée.
Cette urgence est également de stricte rigueur du côté congolais. Les autorités viennent de s’engager sur tous les fronts : militaire, diplomatique, … Plus qu’une traque, il faut resserrer l’étau autour du criminel.
Au moins 149 enfants et jeunes hommes sont enrôlés, de force, par «le général renégat» Bosco Ntaganda. L’homme vient ainsi de rééditer les exploits de l’Ituri pour lesquels il est poursuivi par la CPI.
Son ancien chef, ci-devant Thomas Lubanga, vient d’être condamné par la CPI pour les mêmes crimes.
Danger public et ennemi commun, Bosco Ntaganda a sa place en prison et non dans les FARDC, encore moins à la tête des mouvements rebelles.
Suite à ce nouvel enrôlement des enfants, les autorités congolaises ne devraient plus hésiter à le livrer à la CPI. Les pressions exercées sur Kinshasa se trouvent tout de suite justifiées.
Ayant flairé le danger, «Bosco Ntaganda a recommencé à commettre contre des enfants des crimes identiques à ceux pour lesquels la Cour pénale internationale a déjà émis à son encontre un mandat d’arrêt», confie Anneke Van Woudenberg, chercheuse senior pour la division Afrique à HRW.
Elle poursuit : «Tant que Bosco Ntaganda sera en liberté, les enfants et les civils vivant dans l’Est du Congo seront exposés à un risque sérieux pour leur sécurité».
«Les chefs d’accusation supplémentaires de crimes de guerre et crimes contre l’humanité pour meurtre, persécution fondée sur des motifs ethniques, viol, esclavage sexuel et pillage», sont autant de crimes qui allongent la liste des griefs retenus contre ce «général renégat».
Ces infractions sont également punies par le droit militaire congolais au point que les autorités congolaises sont également déterminées à mettre hors d’état de nuire ce hors-la-loi.
Déjà, des morts parmi les enfants recrutés se font enregistrer selon la même source : «Au moins sept garçons sont morts dans les combats. Les jeunes garçons et jeunes hommes, enrôlés de force, étaient âgés de 12 à 20 ans, et appartenaient pour la plupart aux groupes ethniques tutsi et hutu.
Au moins 48 d’entre eux avaient moins de 18 ans et 17 avaient moins de 15 ans ». D’après les schémas de recrutement documentés, Human rights watch pense que «l’activité réelle de recrutement pendant cette période peut avoir été considérablement plus importante».
Le général mutin est passé en personne solliciter des parents qu’ils «offrent» leurs progénitures à son aventure.
Le témoignage d’une femme de Birambizo qui s’est confiée à HRW est édifiant : «Les forces de Ntaganda ont pris le contrôle de Kitchanga, de Kilolirwe, de Mushaki, de Rubaya, de Kingi et des zones environnantes dans le territoire de Masisi, dans l’Est de la RDC».
Ce témoin rend compte de l’argument que brandissent les troupes de Ntaganda pour allier la population à leur cause.
La femme le traduit en ces termes : «Depuis que vous (villageois) soutenez le gouvernement, vous n’avez rien obtenu. Pourquoi ne pas vous joindre à moi ?».
Ce baratin de bas étage s’est poursuivi en ces termes, raconte la même habitante : "Ntaganda nous a demandé de lui confier nos enfants, nos élèves pour combattre. Il est venu dans notre village lui-même, tout comme l’avait fait l’ancien chef rebelle Laurent Nkunda."
Mais nous avons refusé en disant que nos enfants doivent aller à l’école». Des scènes graves de violences et de recrutement avec violence ont été répertoriées par Human rigths watch dans le moindre détail.
Près de Kabati, un garçon de 16 ans raconte : «Les hommes de Bosco Ntaganda nous plaçaient des grenades sur le corps et nous expliquaient qu’au moindre mouvement, elles exploseraient».
Des tortures faites aux enfants démontrent à quel point le gouvernement de la RDC devrait redoubler d’efforts pour mettre un terme à ces agissements.
L’arrestation de Bosco Ntaganda devient une urgence
Tous ces crimes mis ensemble constituent des motifs valables pour procéder à une traque sans tergiversation de ce hors-la-loi qui devient un danger public.
La CPI, qui vient d’alourdir de nouvelles charges contre Bosco Ntaganda, ne dispose pas d’une armée. C’est donc sur la collaboration de la RDC que la CPI compte s’appuyer pour neutraliser le général dissident.
La RDC, qui reconstruit son armée, est appelée à mettre les bouchées doubles pour s’acquitter de sa tâche.
Mais, les FARDC ont un sérieux handicap. Le plan de leur restructuration bat de l’aile et des factions armées n’ont pas encore disparu. Les mettre au même moment sur les traces de Bosco Ntaganda, Joseph Kony, des FDLR, sans compter les Maï-Maï, ça serait trop lui demander.
La charge est trop lourde pour une armée qui se recherche. D’où, l’urgence de conditionner les troupes des FARDC pour leur permettre de jouer véritablement leur rôle.
La collaboration de la Monusco n’est pas évidente. Pour des prétextes flous, les Casques bleus dépêchés en RDC font plus de l’observation que d’aucuns assimilent à du tourisme avec spécialisation dans la comptabilité macabre, que de la protection des civils.
Et pourtant, la Monusco de même que la CPI sont deux émanations des Nations unies.
Dans le cas spécifique de la RDC, le Conseil de sécurité des Nations unies est invité à revoir en urgence la copie du mandat de la Monusco pour lui permettre de jouer véritablement son rôle de force d’interposition.
Kigali fait diversion
Lorsqu’il s’agit d’arrêter Ntaganda, HRW indique que les autorités rwandaises ont donné des assurances qu’elles ne laisseraient pas Ntaganda entrer au Rwanda. Ce qui ne les exonère pas non plus de l’obligation de coopérer à son arrestation avec son voisin de la RDC.
«Le gouvernement rwandais doit user de son influence pour soutenir les efforts du gouvernement congolais visant à arrêter Ntaganda et les autres auteurs d’abus graves ; il ne doit pas les accueillir ni les aider à partir ailleurs», souhaite HRW.
Va-t-on assister à un nouvel épisode de traque qui se terminerait en eau de boudin, par le simple jeu des complicités ? C’est là toute la question.
La CPI qui est l’émanation de la communauté internationale ne devrait-elle pas bénéficier d’un concours soutenu de cette même communauté internationale pour capturer un renégat qui soumet des enfants à des traitements cruels et dégradants ?
L’urgence pour l’arrestation, suivie du transfèrement de Ntaganda, doit s’accompagner des mesures adéquates. De simples énonciations et incantations ne suffisent pas. Il faut passer à la vitesse supérieure pour qu’enfin cette partie de la République retrouve sa quiétude.
Longtemps considéré comme fusible pour une paix durable dans l’Est, Bosco Ntaganda vient de prouver qu’il n’a jamais été l’élément central du puzzle pour la stabilisation de la partie orientale de la RDC.
Tout porte à croire qu’en signant en 2009 à Goma un accord avec le CNDP, Kinshasa s’est fourré dans un jeu dont il n’avait pas la maîtrise de tous les paramètres.
Aujourd’hui à Kinshasa, tous jurent par l’urgence de capturer Ntaganda pour résoudre l’équation de l’Est. Erreur d’analyse, estime-t-on. D’autant plus que le problème n’est pas d’arrêter Ntaganda.
Le plus important, c’est de s’attaquer à la racine du mal, c’est-à-dire la présence de diverses milices armées dans la partie Est de la RDC.
Et surtout leur base arrière. On en a eu la preuve avec Nkunda. Ainsi, malgré son arrestation au Rwanda, Nkunda a pris le temps de se reconstituer, même à l’ombre, au travers des adeptes qui ont adhéré à son CNDP d’alors.
Derrière Nkunda ou Ntaganda, il y a certainement une main invisible qui tire les ficelles.
C’est à cette main qu’il faut s’attaquer en priorité pour une paix durable dans l’Est.
[Le Potentiel]
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