le jeudi 23 août 2012
La ruée sur le pétrole de Rutshuru explique tout. La guerre qui sévit dans l’Est de la RDC sent l’odeur du pétrole. Le régime de Kigali, friand des richesses congolaises, ne se contente plus que du coltan et autres terres rares. L’appât du pétrodollar pour la poursuite soutenue de la prédation est à la base de l’occupation de Rutshuru.
Ayant conquis la partie «la plus utile» de cette région, Kigali a fini par installer le M23 pour amorcer officiellement le pompage criminel du brut. Comme l’Ouganda dans le lac Albert, et l’Angola sur le plateau continental, Kigali profite, à son tour, de la faiblesse de Kinshasa, pour jouir du pétrole de la RDC.
L’occupation du territoire de Rutshuru par le Rwanda, agissant via les rebelles du M23 qui y ont déjà installé une administration, n’est pas le fait du hasard. Le Rwanda a flairé l’odeur de l’or noir y enfoui.
Jusque-là, le pétrole ne constituait pas un enjeu majeur pour Kigali. L’appétit venant en mangeant, Kigali s’est finalement inspiré des autres. Essentiellement de l’Ouganda qui jouit déjà des bénéfices du pétrole du lac Albert, et de l’Angola qui profite allègrement du pétrole du plateau continental au large de l’Océan Atlantique.
Kigali vient donc de se découvrir la vocation de se transformer également en pays exportateur du pétrole qui lui faisait cruellement défaut.
Selon des estimations, les réserves enfouies dans le sous-sol de Rutshuru seraient estimées à plusieurs milliards de barils. Des indices qui auraient vraisemblablement convaincu Kigali de tenter une nouvelle aventure dans la partie Est de la RDC, en montant de toutes pièces une rébellion aux idéaux visiblement obscurs.
Ainsi, l’argument du respect de l’accord du 23 mars 2009, brandi par le M23 pour légitimer leur action, vole en fumée. C’est juste un paravent qui couvre les visées de Kigali. Tout se joue sur le pétrole de Rutshuru pour lequel Kigali voudrait avoir la pleine jouissance à l’instar de l’Ouganda et de l’Angola.
La nature a horreur du vide
La nature ayant horreur du vide, Kigali profite depuis toujours de la faiblesse de la RDC pour se positionner en véritable sous-traitant des richesses de la RDC. Après avoir superbement joué ce rôle dans le commerce des terres rares, Kigali s’apprête à élargir son champ d’action au pétrole de Rutshuru.
« Décidé de servir de plate-forme logistique des richesses de la RDC, le régime de Kigali trouve le prétexte dans les tergiversations de la partie congolaise, en rapport avec les contrats pétroliers conclus avec des partenaires, pour se faire lui-même l’interface », confie un analyste indépendant.
En fait, pour les autorités de Kigali, le plus important est d’aller vite en besogne dans l’attribution des blocs pétroliers contenus dans cet espace. L’installation d’une administration M23 est une démarche logique de Kigali pour prendre le contrôle de ce précieux liquide.
Prendre le contrôle du pétrole équivaut à s’assurer des rentrées importantes en devises. Un bon moyen de supporter la facture de la guerre.
Kagame et son régime ne tiennent pas à assister en spectateurs alors qu’il y a du pétrole juste à quelques mètres de la frontière commune. Les cas de l’Angola, sur le plateau continent, et de l’Ouganda, sur le lac Albert, ont fini par inspirer Kigali.
Ainsi qu’il se dégage des sens, l’analyste précité est formel : « Kigali fera perdurer l’instabilité afin de permettre à la firme qui effectuera les explorations de conduire à terme ces opérations.
Ce qui explique des brusques renforcements du M23 chaque fois que les FARDC ont réussi à prendre l’avantage sur le terrain des opérations militaires ».
La sonnette d’alarme d’ICG
International Crisis Group (ICG) avait vu juste, lorsque dans son rapport du 11 juillet 2012, il considérait que l’or noir au Congo constituait « un risque d’instabilité en lieu et place d’une opportunité de développement ».
L’ONG internationale écrivait : «Au lieu d’être une opportunité de développement, l’intérêt renouvelé pour le pétrole au Congo représente une réelle menace pour la stabilité d’un pays post-conflit toujours fragile. Les prospections pétrolières en cours et à venir alimentent déjà les ressentiments de la population locale et les tensions frontalières.
La confirmation des réserves de pétrole dans l’Est exacerberait la dynamique de conflits à l’œuvre aux Kivus. La reprise des combats au début de l’année 2012, notamment l’apparition d’une nouvelle rébellion au Nord Kivu et la reprise de l’expansion territoriale des groupes armés, remet en question la stabilisation de l’Est du pays qui concentre l’intérêt des compagnies pétrolières.
La découverte de gisements pourrait aussi créer de nouveaux centres de pouvoirs et remettre en cause la prépondérance politique du centre économique historique qu’est la province du Katanga.»
Cette révélation d’ICG ne pouvait laisser indifférents les Congolais. Toutefois, la relation avec l’occupation actuelle de Rutshuru n’était pas, à l’époque, à première vue évidente.
Avec le temps, l’alarme enclenchée par ICG se justifie à maints égards. «Des réserves potentielles de pétrole chevauchant les frontières du pays avec l’Ouganda, l’Angola et éventuellement d’autres voisins pourraient raviver d’anciennes querelles frontalières une fois les explorations entamées.
Dans un contexte général de ruée vers l’or noir en Afrique centrale et orientale, l’absence de frontières clairement délimitées constitue un sérieux péril pour la stabilité régionale».
Le Rwanda, dont l’impatience dans pareille circonstance est avérée, est passé à la vitesse supérieure, sans attendre son reste. D’ailleurs, le fait pour l’Angola de tirer des bénéfices substantiels dans le littoral Ouest a constitué, pour Kigali, un motif valable de mettre à profit l’opportunité d’entamer les explorations dans la partie Est de la RDC.
Kigali qui ne dort pas sur ses lauriers, prêt à bondir sur tout profit à tirer des ressources de la RDC. Avec l’invasion de Rutshuru, il s’est inspiré sur toute la ligne de l’Ouganda et de l’Angola.
Selon des estimations, timidement démenties - sans convaincre d’ailleurs par les officiels congolais - Luanda retire près de 10 milliards USD de l’exploitation du pétrole congolais sur le littoral ouest.
Sur le Graben Albertine, l’équation est plus simple pour l’Ouganda qui pompe déjà du pétrole sur le bassin commun. Plus de 4 milliards de barils sont en jeu sur ce site.
Le Rwanda s’est saisi de cette jurisprudence pour tenter sa nouvelle aventure avec le M23. Kigali s’est donc inscrit dans un schéma. Tant que, pense-t-il, Kinshasa ne se relèvera pas de son profond sommeil. Il y a de pas-de-porte en vue. Kigali est conscient.
Il a dès lors engagé une course contre la montre, qui ne lui profite pas. Les tergiversations de Kampala et de Goma trouvent un sens.
Des négociations politiques et diplomatiques engagées dans le cadre de la CIRGL s’inscrivent dans ce schéma. Tout est question de gagner plus de temps. Tel est le schéma de Kigali.
Financement de la guerre
Un coin de voile est ainsi levé sur les sources de financement de la guerre que mène le M23. Les multinationales qui ont un œil rivé sur le pétrole de Rutshuru ont finalement mis la main à la poche pour le financement de cette instabilité.
En créant cette insécurité, ces multinationales – les mêmes que la RDC a débouté il y a quelques années – ont mis le Rwanda dans le jeu, en l’utilisant comme bras exécuteur pour prendre possession du pétrole de Rutshuru.
La guerre dans l’Est a réellement l’odeur du pétrole. Les revendications, publiquement présentées par le M23, ne sont qu’une façon de détourner l’attention de l’opinion sur les gros enjeux de l’Est de la RDC.
Le Potentiel
La ruée sur le pétrole de Rutshuru explique tout. La guerre qui sévit dans l’Est de la RDC sent l’odeur du pétrole. Le régime de Kigali, friand des richesses congolaises, ne se contente plus que du coltan et autres terres rares. L’appât du pétrodollar pour la poursuite soutenue de la prédation est à la base de l’occupation de Rutshuru.
Ayant conquis la partie «la plus utile» de cette région, Kigali a fini par installer le M23 pour amorcer officiellement le pompage criminel du brut. Comme l’Ouganda dans le lac Albert, et l’Angola sur le plateau continental, Kigali profite, à son tour, de la faiblesse de Kinshasa, pour jouir du pétrole de la RDC.
L’occupation du territoire de Rutshuru par le Rwanda, agissant via les rebelles du M23 qui y ont déjà installé une administration, n’est pas le fait du hasard. Le Rwanda a flairé l’odeur de l’or noir y enfoui.
Jusque-là, le pétrole ne constituait pas un enjeu majeur pour Kigali. L’appétit venant en mangeant, Kigali s’est finalement inspiré des autres. Essentiellement de l’Ouganda qui jouit déjà des bénéfices du pétrole du lac Albert, et de l’Angola qui profite allègrement du pétrole du plateau continental au large de l’Océan Atlantique.
Kigali vient donc de se découvrir la vocation de se transformer également en pays exportateur du pétrole qui lui faisait cruellement défaut.
Selon des estimations, les réserves enfouies dans le sous-sol de Rutshuru seraient estimées à plusieurs milliards de barils. Des indices qui auraient vraisemblablement convaincu Kigali de tenter une nouvelle aventure dans la partie Est de la RDC, en montant de toutes pièces une rébellion aux idéaux visiblement obscurs.
Ainsi, l’argument du respect de l’accord du 23 mars 2009, brandi par le M23 pour légitimer leur action, vole en fumée. C’est juste un paravent qui couvre les visées de Kigali. Tout se joue sur le pétrole de Rutshuru pour lequel Kigali voudrait avoir la pleine jouissance à l’instar de l’Ouganda et de l’Angola.
La nature a horreur du vide
La nature ayant horreur du vide, Kigali profite depuis toujours de la faiblesse de la RDC pour se positionner en véritable sous-traitant des richesses de la RDC. Après avoir superbement joué ce rôle dans le commerce des terres rares, Kigali s’apprête à élargir son champ d’action au pétrole de Rutshuru.
« Décidé de servir de plate-forme logistique des richesses de la RDC, le régime de Kigali trouve le prétexte dans les tergiversations de la partie congolaise, en rapport avec les contrats pétroliers conclus avec des partenaires, pour se faire lui-même l’interface », confie un analyste indépendant.
En fait, pour les autorités de Kigali, le plus important est d’aller vite en besogne dans l’attribution des blocs pétroliers contenus dans cet espace. L’installation d’une administration M23 est une démarche logique de Kigali pour prendre le contrôle de ce précieux liquide.
Prendre le contrôle du pétrole équivaut à s’assurer des rentrées importantes en devises. Un bon moyen de supporter la facture de la guerre.
Kagame et son régime ne tiennent pas à assister en spectateurs alors qu’il y a du pétrole juste à quelques mètres de la frontière commune. Les cas de l’Angola, sur le plateau continent, et de l’Ouganda, sur le lac Albert, ont fini par inspirer Kigali.
Ainsi qu’il se dégage des sens, l’analyste précité est formel : « Kigali fera perdurer l’instabilité afin de permettre à la firme qui effectuera les explorations de conduire à terme ces opérations.
Ce qui explique des brusques renforcements du M23 chaque fois que les FARDC ont réussi à prendre l’avantage sur le terrain des opérations militaires ».
La sonnette d’alarme d’ICG
International Crisis Group (ICG) avait vu juste, lorsque dans son rapport du 11 juillet 2012, il considérait que l’or noir au Congo constituait « un risque d’instabilité en lieu et place d’une opportunité de développement ».
L’ONG internationale écrivait : «Au lieu d’être une opportunité de développement, l’intérêt renouvelé pour le pétrole au Congo représente une réelle menace pour la stabilité d’un pays post-conflit toujours fragile. Les prospections pétrolières en cours et à venir alimentent déjà les ressentiments de la population locale et les tensions frontalières.
La confirmation des réserves de pétrole dans l’Est exacerberait la dynamique de conflits à l’œuvre aux Kivus. La reprise des combats au début de l’année 2012, notamment l’apparition d’une nouvelle rébellion au Nord Kivu et la reprise de l’expansion territoriale des groupes armés, remet en question la stabilisation de l’Est du pays qui concentre l’intérêt des compagnies pétrolières.
La découverte de gisements pourrait aussi créer de nouveaux centres de pouvoirs et remettre en cause la prépondérance politique du centre économique historique qu’est la province du Katanga.»
Cette révélation d’ICG ne pouvait laisser indifférents les Congolais. Toutefois, la relation avec l’occupation actuelle de Rutshuru n’était pas, à l’époque, à première vue évidente.
Avec le temps, l’alarme enclenchée par ICG se justifie à maints égards. «Des réserves potentielles de pétrole chevauchant les frontières du pays avec l’Ouganda, l’Angola et éventuellement d’autres voisins pourraient raviver d’anciennes querelles frontalières une fois les explorations entamées.
Dans un contexte général de ruée vers l’or noir en Afrique centrale et orientale, l’absence de frontières clairement délimitées constitue un sérieux péril pour la stabilité régionale».
Le Rwanda, dont l’impatience dans pareille circonstance est avérée, est passé à la vitesse supérieure, sans attendre son reste. D’ailleurs, le fait pour l’Angola de tirer des bénéfices substantiels dans le littoral Ouest a constitué, pour Kigali, un motif valable de mettre à profit l’opportunité d’entamer les explorations dans la partie Est de la RDC.
Kigali qui ne dort pas sur ses lauriers, prêt à bondir sur tout profit à tirer des ressources de la RDC. Avec l’invasion de Rutshuru, il s’est inspiré sur toute la ligne de l’Ouganda et de l’Angola.
Selon des estimations, timidement démenties - sans convaincre d’ailleurs par les officiels congolais - Luanda retire près de 10 milliards USD de l’exploitation du pétrole congolais sur le littoral ouest.
Sur le Graben Albertine, l’équation est plus simple pour l’Ouganda qui pompe déjà du pétrole sur le bassin commun. Plus de 4 milliards de barils sont en jeu sur ce site.
Le Rwanda s’est saisi de cette jurisprudence pour tenter sa nouvelle aventure avec le M23. Kigali s’est donc inscrit dans un schéma. Tant que, pense-t-il, Kinshasa ne se relèvera pas de son profond sommeil. Il y a de pas-de-porte en vue. Kigali est conscient.
Il a dès lors engagé une course contre la montre, qui ne lui profite pas. Les tergiversations de Kampala et de Goma trouvent un sens.
Des négociations politiques et diplomatiques engagées dans le cadre de la CIRGL s’inscrivent dans ce schéma. Tout est question de gagner plus de temps. Tel est le schéma de Kigali.
Financement de la guerre
Un coin de voile est ainsi levé sur les sources de financement de la guerre que mène le M23. Les multinationales qui ont un œil rivé sur le pétrole de Rutshuru ont finalement mis la main à la poche pour le financement de cette instabilité.
En créant cette insécurité, ces multinationales – les mêmes que la RDC a débouté il y a quelques années – ont mis le Rwanda dans le jeu, en l’utilisant comme bras exécuteur pour prendre possession du pétrole de Rutshuru.
La guerre dans l’Est a réellement l’odeur du pétrole. Les revendications, publiquement présentées par le M23, ne sont qu’une façon de détourner l’attention de l’opinion sur les gros enjeux de l’Est de la RDC.
Le Potentiel
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