jeudi 30 août 2012

Génocide en RDC – Etablir les responsabilités



Déjà neuf millions de morts sont enregistrés à la suite de l’instabilité créée dans la partie orientale de la République démocratique du Congo.

Le Rwanda, qui est depuis toujours au centre de ce drame, continue à nier son implication.

La communauté internationale se distingue curieusement par son incapacité à réagir. Mais, des morts dans l’Est réclament que justice leur soit rendue. L’heure des comptes a sonné. Le Rwanda ne devra pas être seul au box des accusés. Les commanditaires aussi.

Voilà un ouvrage, passé presque inaperçu dans l’opinion publique. Mais, il pose cependant une question réelle sur laquelle le monde devait normalement se rabattre.

Il est l’œuvre d’un journaliste de terrain qui, après recoupement, s’est rendu compte de l’évidence. En effet, depuis les tensions récurrentes qui fragilisent la partie Est de la RDC, des Congolais ont été tués dans l’indifférence la plus totale.

Devant une communauté internationale, à la fois complice et médusée, la RDC entend réparation pour corriger l’injustice.

Aujourd’hui, ils sont nombreux à reconnaitre qu’il y a eu bel et bien génocide en RDC. Peu importe, la connotation qu’on donnerait à tous ces morts de la RDC. Le plus important est qu’ils sont morts – dans la plupart des cas, dans l’innocence la plus totale.

Leur progéniture ne comprendra jamais pourquoi ils ont été tués. Cependant, la vérité, quoique étouffée, finira un jour par jaillir de l’ombre où elle est présentement enterrée.

«Quelle que soit la longueur de la nuit, le jour finit toujours par poindre », dit-on. Décidément, ce jour, cette heure de vérité, n’est plus lointain. Il est proche.

A l’intérieur déjà, des Congolais ont pris conscience.

Ils prennent, enfin, le courage de dire tout haut ce que les autres disent tout bas ou qu’ils ont cru détacher de l’histoire récente de ce pays.

Parmi les Congolais, un digne fils Désiré-Israël Kazadi, a osé s’aventurer sur ce chapitre. Il s’est lancé sur ce terrain, certes glissant, mais plein de signification pour un peuple en quête de son identité perdue par tant d’années d’humiliation et d’agression. Il pose, sans ambages, le problème de la «controverse» sur le génocide congolais.

Dans l’avant-propos de l’ouvrage, la problématique est posée de la plus belle manière.

«Au cœur de cette région, la province du Kivu, située dans la partie est de la République démocratique du Congo. Cette province florissante a été convoitée pour ses richesses minérales, traditionnel creuset de migrations transfrontalières, agitée de longue date par de violences interethniques en particulier entre Hutu et Tutsi originaires du Rwanda et du Burundi voisins.

Ces violences ont, depuis 1996, engendré deux conflits successifs. Qui, à leur tour, ont été marqués par un déchaînement de combats, de massacres interethniques, de pillages, de viols impliquant plusieurs pays et un imbroglio de groupes armés», lit-on dans l’ouvrage.

Après une remontée dans le temps, depuis la guerre de 1996 déclenchée par les troupes de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Rwanda (Afdl) jusqu’aux plus récentes, l’auteur confirme, enfin, sa conclusion.

«Ainsi donc, écrit-il, notre problématique consiste à savoir si oui ou non les conflits armés survenus sur le territoire congolais ont-ils donné lieu au crime de génocide».

Il s’appuie, dès lors, sur les enquêtes conduites par l’Organisation des Nations unies (ONU) et des rapports produits par des organisations nationales de défense des droits de l’homme qui, note-t-il, «certifient que certains crimes graves avaient été perpétrés contre des populations du fait de leur appartenance ethnique».

Sa conclusion est sans équivoque : «Dès lors, le crime de génocide peut donc trouver son sens». L’auteur est convaincu qu’un génocide dans lequel près de neuf millions de Congolais ont péri a eu lieu sur le sol congolais depuis le milieu des années 1990.

Mais, pourquoi le monde a-t-il fermé les yeux face à ces atrocités inacceptables en plein 21ème siècle ?

Qu’est-ce qui justifie ce silence ?

Des questions que l’ouvrage aborde avec courage et abnégation, sans partie pris et arrière-pensée. La seule motivation, selon l’auteur, est de rétablir la vérité, au nom de la justice transitionnelle qui exige réparation avant d’envisager toute forme de réconciliation.

Reconnaissance d’un crime

Rappelant tous les crimes commis en RDC, l’auteur aboutit à l’évidence que «certains massacres commis en RDC sont constitutifs, au regard de leur gravité et de l’étendue des dégâts, de crime de génocide».

«De toute évidence, note-t-il, les Hutus rwandais ont été tués du fait de leur appartenance à une ethnie. Des Congolais ont été aussi été décimés en groupe pour avoir appartenu à une tribu avec les complicités de leurs propres compatriotes».

Il est convaincu que «la communauté internationale, engagée depuis les tribunaux de Nuremberg et de Tokyo, à lutter contre l’impunité se trouve face à un défi.

Celui de prouver à l’humanité que nul ne peut se soustraire des crimes dont il se rend coupable dès lors qu’ils ébranlent le globe».

C’est un secret de polichinelle, pense-t-il. Car, «en République démocratique, les rapports officiels et des organisations démontrent que le Congo a, à une époque de son histoire, fait face à des conflits armés ayant donné lieu à de graves crimes».

Ainsi, «à défaut d’instituer une juridiction de poursuites comme en ex-Yougoslavie et au Rwanda, les Congolais demandent une chose : reconnaître le génocide sur son territoire.

Les annales permettront aux générations futures de remonter les origines pour écrire l’histoire, la vraie, d’un pays ensanglanté mais qui demande justice.

Une justice à une seule vitesse. La controverse du génocide pourrait ainsi être levée et donner lieu à une reconnaissance internationale du crime».

Il traduit alors le vœu du Congo et des Congolais : celui de connaitre «la vérité à travers les mécanismes de justice transitionnelle, comprenant les poursuites pénales, la recherche de la vérité et la réforme institutionnelle qui devra occasionner le renvoi de l’Armée, de la Police et des services d’intelligence, des personnes impliquées, à quel que niveau que ce soit, dans la commission des crimes graves et envisager, le cas échéant, des poursuites. Pour que plus jamais, des crimes graves restent impunis».

C’est le moment d’établir les responsabilités. Au terme de la seconde guerre mondiale, le monde a pris tout son temps pour traquer, arrêter et condamner tous ceux qui ont contribué à ce qui a été qualifié de «crime contre l’humanité».

Ces crimes, réputés imprescriptibles, demeurent encore d’actualité, des années après le procès de Nuremberg. Plus près de la RDC, au Rwanda, des crimes commis en 1994 ont valu une forte mobilisation internationale.

Pourquoi ne serait-il le cas pour ceux commis depuis les années 1996 en RDC ?

Par devoir et pour des raisons de moral, le monde doit se repentir en corrigeant l’injustice commise à l’égard du peuple congolais.

Il est donc temps de rétablir en nommant les vrais coupables, la main qui a fourni les armes, la logistique et qui continue à armer des pays tels que le Rwanda et l’Ouganda pour semer mort, désolation et pleurs dans la partie Est de la RDC.

Il faut se rappeler que près de neuf millions des Congolais ont déjà perdu leur vie sur les champs de bataille de l’Est ou comme victime directe de cette tragédie.

LP

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