samedi 18 août 2012

RDC: La durée du mandat présidentiel devrait passer de 5 à 7 ans

18/08/2012

                                                                                                   Joseph Kabila
 
A Kinshasa, «Joseph Kabila» et son gouvernement «consultent» un personnel politique trié sur le volet. Signe annonciateur de l’échec de l’option militaire? En dépit des apparences, «Joseph» dissimule mal sa disposition à engager des négociations avec le M-23 pourvu qu’il sauve son «fauteuil».

Il se murmure qu’un nouvel amendement de la Constitution serait "en chantier". La durée du mandat présidentiel devrait passer de cinq à sept ans. Intox? L’avenir le dira.

Comme il fallait s’y attendre, Lambert Mende Omalanga - qui se comporte de plus en plus en porte-parole du «raïs» et de moins en moins en celui du gouvernement – a animé un point de presse mardi 14 août en réaction à la conférence de presse tenue la veille par Jeannot Mwenze Kongolo, l’ex-tout-puissant ministre de la Justice du président Laurent-Désiré Kabila.

Analysant la manière dont est gérée la guerre qui secoue les provinces du Kivu, Mwenze a accusé le gouvernement de «trahison». A tort?

Enlisement. Quatre mois après le déclenchement de la rébellion dite «Mouvement du 23 mars» soutenue par le Rwanda de Paul Kagame, l’ambiance est à l’enlisement. Les forces rebelles sont occupées à consolider leurs positions dans les localités conquises.

«Joseph Kabila» et son gouvernement paraissent en panne d’idées. Ils donnent l’impression d’avoir passé par pertes et profits les «territoires occupés» par les insurgés : Kiwanja, Bunagana, Rutshuru, Kalengera, Rugari, Mabenga etc. Toute l’attention des responsables politico-militaires se limite désormais à "défendre" la ville de Goma.

On apprend ainsi que les FARDC, appuyées par les forces onusiennes, occupent plusieurs localités autour de Kibumba et poursuivent leur déploiement autour du chef-lieu de la province du Nord Kivu. Objectif : faire échec à toute infiltration des forces rebelles.

Pendant ce temps, des défections des militaires FARDC étiquetés CNDP se poursuivent. Le dernier cas en date a eu lieu à Burhinyi (Territoire de Mwenga). Quatre officiers supérieurs de l’ex-CNDP manquent à l’appel. Il s’agit de : lieutenant-colonel Makoma, lieutenant colonel Mitegero et des majors Kanyamugira et Bakamiye.

Début août, un autre groupe de militaires commandé par le lieutenant colonel Kasisira a rejoint le M-23 à partir de Kaziba (Territoire de Walungu). Dans une déclaration faite jeudi 15 août à Goma, le gouverneur du Nord Kivu, Julien Paluku, a affirmer que le Rwanda et l’Ouganda continue à «renforcer» les insurgés du M-23. Dans la capitale congolaise, c’est le silence plat.

Trahison. A Kinshasa, «Joseph Kabila» et son gouvernement «consultent» un personnel politique trié sur le volet. Signe annonciateur de l’échec de l’option militaire? En dépit des apparences, «Joseph» dissimule mal sa disposition à engager des négociations avec le M-23 pourvu qu’il sauve son «fauteuil».

Il se murmure qu’un nouvel amendement de la Constitution serait "en chantier".

La durée du mandat présidentiel devrait passer de cinq à sept ans. Intox? L’avenir le dira. L’opinion congolaise, chauffée à blanc dans l’anti-kabilisme, ne fait pas mystère de son refus de toute discussion avec le M-23. Un avis partagé jusqu’ici par les forces politiques et sociales.

La Conférence des évêques du Congo n’a pas dit autre chose dans une déclaration faite à l’issue de sa réunion du 2 au 6 juillet dernier. Tout en dénonçant toute tentative de «balkanisation» du territoire national, les évêques ont relevé que les FARDC semblent «être toujours impuissante face à toutes les rébellions».

Une impuissance à l’origine de «dialogue qui aboutit presque toujours au partage du pouvoir et des richesses».

Lundi 13 août, l’ex-tout-puissant ministre de la Justice et des Affaires parlementaires de Mzee LD Kabila, Jeannot Mwenze Kongolo, 52 ans, est sorti de son silence. Il a animé un point de presse dans la capitale congolaise au cours duquel il a dénoncé l’énième «agression» du territoire congolais par le Rwanda et l’Ouganda, «sous couvert de la rébellion du M23».

Selon lui, certains comportements affichés par le gouvernement dans la gestion de la crise en cours au Nord-Kivu, «frisent la trahison». Il a cité à l’appui les dénégations du l’exécutif national pendant que la Monusco et des Ong dont Human Right Watch dénonçaient la présence des soldats rwandais dans les rangs du M-23.

Il a cité également la plainte - de la RD Congo - déposée à son époque à La Haye contre le Rwanda. Laquelle plainte a été retirée, selon lui, par le ministre de la Justice d’alors, Honorius Kisimba Ngoy.

Mwenze a par ailleurs déploré l’impunité accordée à Jules Mutebusi ainsi qu’à Laurent Nkunda après l’occupation de la ville de Bukavu en juin 2004 par des soldats dissidents des FARDC conduits par ces deux hommes.

Il a évoqué enfin le cas de Laurent Nkunda qui est, depuis le 22 janvier 2009, «assigné à résidence au Rwanda» alors qu’il est «officiellement recherché par la justice congolaise» en sa qualité de chef du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple).

«Le Gouvernement nous a promis qu’on l’amènerait à Kinshasa. Rien n’a été fait !», a-t-il regretté. Il a conclu en invitant le gouvernement à «prendre en charge» les soldats déployés sur le terrain afin que ceux-ci sentent que «le gouvernement est derrière eux!».

La «contre-attaque».Mardi 14 août, le tout-Kinshasa-politique attendait la riposte promise. Le ministre des Médias, Lambert Mende Omalanga, a mené une contre-offensive dans le cadre d’une conférence de presse.

L’histoire ne dit pas s’il agissait en tant que porte-parole du gouvernement ou celui de «Joseph Kabila». En dépit de son bagou indéniable, Mende n’a rien dit de percutant pour contrer les accusations graves articulées par Mwenze.

Les dénégations du gouvernement? «Le Gouvernement congolais, n’est en aucun cas, tenu de réagir sans avoir réuni tous les éléments d’un dossier au seul motif que des ONG ou des agences des Nations unies risqueraient de nous prendre de vitesse». Le gouvernement accusé de trahison?

«Affirmer que le président Joseph Kabila a refusé d’ester contre le Rwanda et l’Ouganda n’est qu’un gros mensonge politiquement motivé». L’impunité accordée à Mutebusi et à Nkunda ? «La conduite d’une guerre d’agression n’a rien à voir avec l’arrestation d’un individu ou groupe d’individus dont on sait qu’ils ne sont que des groupes agissant par procuration du véritable agresseur".

Au lieu de s’arrêter là, "Lambert" a cru faire de l’ironie en qualifiant les propos de Mwenze de "chant de sirène d’ex-cacique". Un "chant de sirène" qui serait "motivé", selon lui, "par des préoccupations individuelles et carriéristes".

Crise de confiance. Ce n’est pas la première fois que Jeannot Mwenze sorte l’"artillerie lourde" pour pilonner les positions de «Joseph Kabila» en accusant celui-ci d’avoir bradé - c’est un euphémisme - l’idéal politique défendu jadis par LD Kabila. L’ancien ministre de la Justice qui n’a pas peu contribué à l’avènement de «Joseph» au somment de l’Etat, reprocherait au successeur de Mzee de faire preuve de «déviationnisme».

Dans une interview accordée à Congo Indépendant en décembre 2010, «Jeannot» précisait qu’il n’émettait pas des critiques «dans le but d’attirer l’attention de l’entourage présidentiel». «Je le fais, disait-il, à l’intention particulière de la population congolaise. Il s’agit pour moi d’une démarche pour le moins normale de la part d’un politicien qui se soucie du destin collectif».

Chacun a le droit d’aimer ou de ne pas aimer l’ancien ministre Mwenze. Il reste que les griefs administrés à l’encontre du gouvernement vont dans le sens du sentiment général perceptible au sein de l’opinion congolaise. La manière dont la guerre est conduite au Nord Kivu a fait monter d’un cran la crise de confiance qui régnait déjà entre les citoyens et le duo Augustin Matata-«Joseph Kabila».

Il n’est plus rare d’entendre parler de «trahison au sommet de l’Etat» dans les conversations entre Congolais.

Flashback. En jetant un rapide coup d’œil rétrospectif, il apparaît que les faits donnent raison à Mwenze. Lambert Mende à rater l’occasion de se taire ou de répondre de manière adéquate à quelques questions de fond. Lesquelles? Le 29 juillet 1998, LD Kabila mettait fin à la «coopération militaire» avec l’Ouganda et le Rwanda.

Début août, c’est à nouveau la guerre! Une nouvelle «rébellion congolaise» a vu le jour à…Kigali. Le modus opérandi reste identique à la création de l’AFDL qui a porté LD Kabila au pouvoir un certain 17 mai 1997.

Le nouveau mouvement s’appelle "RCD" (Rassemblement congolais pour la démocratie).

Au mois de décembre 1998, le ministre congolais chargé des Droits humains d’alors, Léonard She Okitundu, publie un «Livre blanc» couvrant la période du 2 août 1998 au 5 novembre 1998.

Le document fournit des amples détails sur les «violations massives des droits de l’Homme à l’Est de la RD Congo» commis par trois «pays agresseurs» en l’occurrence l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi.

Le 23 juin 1999, la RD Congo déposait sa plainte notamment contre le Rwanda devant la Cour internationale de Justice (CIJ). Et non à la Cour pénale internationale comme semble dire Mende. Par ordonnance datée du 21 octobre 1999, la CIJ invitait les parties rwandaise et congolaise à déposer leur mémoire et contre-mémoire respectivement le 21 avril 2000 et le 23 octobre 2000.

Le Congo n’ayant pas accompli cette formalité, la CIJ lui accorda un nouveau délai jusqu’au 23 janvier 2001.

Question : Qui a ordonné à l’avocat de la RD Congo de retirer la plainte déposée contre le Rwanda par lettre télécopiée, datée du 15 janvier 2001?

Pour mémoire, LD Kabila a été victime d’un "attentat" le lendemain. Voilà une question de fond que le ministre des Médias a éludé. Mwenze a dit tout haut ce que la grande majorité des Congolais pense tout bas.

A savoir qu’un «traître» trône au sommet de l’Etat congolais et que les institutions nationales sont infiltrées par des «agents de l’étranger». Conséquence : l’intérêt national est loin d’être bien défendu...

[B.A.W]
CongoIndependant

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