mardi 11 septembre 2012

Exclusivité congonews : Lumbala, comment il a échappé à l'extradition vers Kinshasa La saga Lumbala racontée minute après minute

Mardi, 11 Septembre 2012



Plus d'une semaine durant, la rédaction de «CONGONEWS» a fait la battue pour percer le mystère de l'affaire Roger Lumbala. Difficile démarche là où les sources demeurent quasi inaccessibles.

Il a fallu réactiver l'ancien réseau du directeur du journal, Mike Mukebayi, qui a passé deux ans -entre 2003 et 2005- a crapahuté dans les collines du Rwanda jusqu'aux zones périphériques de Bujumbura très troubles à l'époque avec la présence de la rébellion de FNL pour le compte du journal «LE SOFT INTERNATIONAL» alors installé dans le chic quartier de Nyarutarama à Kigali.

De là, le filon a conduit à trois coups de fil séparés reçus de la capitale burundaise, trois coups de fil recoupés qui restituent toute la saga de l'infortune de l'ancien chef rebelle de Bafwasende, dans la Province Orientale.

Tout part de l'avant-midi du samedi Ier septembre sur le lac Tanganyka. Une embarcation banale vogue sur les eaux du lac le plus poissonneux du monde en provenance de Kigoma, en Tanzanie, pour Bujumbura.

Lumbala y a embarqué après un bref séjour sur les côtes tanzaniennes où il était aller chercher on ne sait trop quoi. Il avait dû écourter soudainement son séjour suite à un appel très urgent de Paris. De Kigoma, l'aéroport le plus proche pour s'envoler vers la capitale française, c'est Bujumbura.

Voilà qui explique le parcours emprunté lorsqu'une équipe de patrouille de la PAF -la redoutable police de frontière burundaise- arraisonne le bateau. Juste un contrôle de routine qui tourne mal pour le capitaine sans réponse à la préoccuption de présenter les papiers.

Cette défaillance suspecte décident les patrouilleurs d'étendre le contrôle de papiers à tous les passagers.

Au tour de Lumbala, son identité fait tiquer. Un député, ça ne passe pas inaperçu, surtout de la RD-Congo qui fait l'actualité avec le regain de la violence dans la province du Nord-Kivu.

Le temps de remonter l'information à la hiérarchie, les policiers reçoivent l'ordre d'amener le parlementaire congolais immédiatement et directement dans les installations des services de renseignement à Bujumbura.

Sur place, Lumbala est auditionné par deux Généraux burundais, le Général Agricole, le directeur de cabinet du patron des barbouzes et le Général Boulanger, l'homme en charge des services extérieurs d'intelligence.

Selon les bribes qui ont échappé de l'audition, ses interrogateurs ont demandé à Lumbala pourquoi lui qui semble engagé dans la logique d'une lutte armée n'a-t-il pas rallié le M-23.

De sa verbalisation, Lumbala apprendra que son nom figure sur une liste expédiée de Kinshasa à certaines capitales des pays voisins des personnalités à appréhender sitôt aperçues. Mbussa Nyamwisi y est également répertorié.

Officieusement, d'autres comme Vital Kamerhe, Jean-Lucien Bussa, Franck Diongo, Kudura Kasongo, Joseph Olenghankoy y sont assimilés.

L'interrogé a encore répondu à bien d'autres questions pour être rélâché avec l'exigence de se présenter le lundi 3 septembre. Tous ses deux passeports, diplomatique et ordinaire, lui ont été confisqués, question de lui couper toute possibilité de quitter le Burundi.

Dans l'intervalle du samedi à lundi, les choses s'accélèrent. Les deux Généraux prennent un vol régulier de Kenya Airways le dimanche pour Kinshasa. Ils viennent négocier l'extradition du «colis» auprès de Kinshasa déjà mise au parfum de la grosse prise de Bujumbura.

Des négociations qui auraient abouti à une «rançon». Une partie aurait casqué le prix fort en millions de dollars. Combien? La rédaction de «CONGONEWS» préfère passer sous silence ces informations là pour ne prêter à une divulgation des secrets-défense.

Motus et bouche cousue également sur le jet. Soit, les deux burundais et la délégation mise à disposition à Kinshasa ont atterri à Bujumbura le lundi 3 septembre à 23 heures. Lumbala les avait pris d'avance.

Déjà dans la matinée, il s'était rendu à l'ambassade d'Afrique du Sud à Bujumbura pour demander la protection après avoir été alerté, la veille, du voyage de ses interrogateurs à Kinshasa.

Son principal allié aura été le gouvernement burundais, pas si chaud à extrader Lumbala pendant qu'une opposante burundaise, une certaine Pascaline, se la coule douce dans la capitale congolaise.

D'où peut-être la fuite qui a permis a Lumbala de se mettre à l'abri. Des sources rapportent qu'il négocie son exil à Johannesbourg et qu'une fois au pays de Nelson Mandela, il va rendre son mandat dans une déclaration publique.

Sur son compte Facebook, il appelle déjà à soutenir le Colonel John Tshibangu, le nouveau rebelle qui cherche où prendre pied dans les Kasaï.

MATTHIEU KEPA

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