lundi 10 septembre 2012

Guerre de l'Est RDC-Rwanda : trop de questions sans réponses !

Lundi, 10 Septembre 2012



Des millions de Congolaises et Congolais naviguent finalement dans un grand flou face aux nombreuses questions restées sans réponses dans le dossier sécuritaire du Nord-Kivu.

A l'issue du Sommet des Chefs d'Etat et de gouvernement de la CIRGL (Conférence Internationale sur la Région de Grands Lacs), qui s'est tenu du 07 au 08 septembre 2012 à Kampala, la délégation congolaise paraît avoir gagné une nouvelle bataille diplomatique, en obtenant l'implication des Nations Unies et de l'Union Africaine dans le processus de mise en place de la Force internationale neutre appelée à sécuriser la frontière congalo-rwandaise.

Mais le président rwandais, Paul Kagame, dont le pays est directement impliqué dans le conflit armé de l'Est de la RDC, a joué aux abonnés absents. Pourquoi ? Nul ne le sait.

Cette absence parait, aux yeux des observateurs, plus inquiétante que sa participation. D'où, l'on peut craindre que le maître de Kigali ne se sente nullement concerné par le dispositif spécial de sécurité que son collègue Museveni tente de mettre en place pour stabiliser la RDC et, partant, la région de Grands Lacs.

Deux questions sont cependant restées pendantes, à savoir celle liée au financement et celle relative à la disponibilisation des troupes. Jusqu'ici, non seulement le budget de cette mini armée de 4.000 hommes est inconnu, mais aucun bailleur n'a encore annoncé sa participation financière.

Tant et si bien qu'un mois après Addis-Abeba et Kampala I, personne ne sait si les fonds seront disponibles pour couvrir les frais de fonctionnement de l'hypothétique future Force internationale neutre.

S'agissant des troupes, seule la Tanzanie a accepté de mettre ses soldats à la disposition de l'Union Africaine et des Nations Unies. Les incertitudes sont telles que les trois chefs d'Etat présents au rendez-vous de Kampala II et les chefs de gouvernement ont résolu de se retrouver, une fois de plus, dans un mois. Affirmer que l'on est en train de tourner en rond ne serait pas exagéré.

Des soldats rwandais en uniformes congolais!

Alors que la controverse n'a pas fléchi au sujet de la présence suspecte de deux compagnies de l'armée rwandaise à Rutshuru, trois ans après la clôture officielle de l'opération « Umoja Wetu » menée concomitamment par les troupes congolaises et rwandaises contre les forces négatives, une autre révélation vient troubler les esprits.

Il s'agit de la nouvelle faisant état de l'utilisation, par ces mêmes troupes rwandaises, des tenues des FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) tout au long de leur séjour en territoire congolais.

Qui, au niveau du commandement militaire ou des décideurs politiques, avaient autorisé les soldats rwandais à s'habiller exactement comme les soldats congolais et pourquoi ?

N'était-ce pas là le prélude au projet de mutinerie du M23, ce mouvement rebelle où se sont automatiquement engouffrés des dizaines de soldats rwandais encore présents sur notre sol en avril 2012?

S'il est démontré que l'alliance militaire de janvier-février 2009 entre les FARDC et la Rwanda Defense Force, avec les prolongations que l'on connaît à Rutshuru, a été un véritable délit d'initiés, l'on ne devrait pas s'étonner de l'embarras des limiers de nos services de sécurité à faire la différence entre une armée d'occupation et les troupes loyalistes dans la partie Est du pays.

C'est peut-être sur base d'éléments tels que les tenues, les armes et les munitions utilisées lors de l'opération Umoja Wetu que le régime de Kigali s'appuie pour continuer de nier son implication dans la guerre de l'Est.

Combien a coûté l'opération Umoja wetu ?

Comme on le sait, le dossier Umoja wetu a rebondi à la suite du communiqué du ministère rwandais de la Défense tenant à justifier par cette alliance militaire congolo-rwandaise la légalité de la présence des troupes rwandaises à Rutshuru jusqu'au vendredi 31 août 2012.

En marge de cette nouvelle affaire congolo-rwandaise où s'affrontent les affirmations et démentis des deux parties, l'on vient d'exhumer un rapport sorti par le Fonds Monétaire International, en août 2009, lequel faisait état de la facture de l'opération Umoja wetu pour une période de deux semaines, soit la bagatelle de 7,6 millions de dollars américains.

Il semble que toute la charge financière aurait été laissée au gouvernement congolais. D'où une autre question, demeurée aussi sans réponse combien le Trésor public congolais a-t-il déboursé pour la prise en charge, pendant presque deux mois, des troupes mixtes congolo-rwandaises chargées de traquer les FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda)?

Chaque jour qui passe laisse à nos compatriotes, l'impression que le dossier sécuritaire de l'Est comporte des zones d'ombre que l'on est loin d'avoir fini de découvrir.

Existerait-il des accords secrets, entre autorités rwandaises et congolaises l'avenir ne manquera pas de le dire un jour aux millions de Congolaises et Congolais.

Kimp

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