dimanche 2 décembre 2012

Les rebelles partis, quel sera le statut de la ville de Goma ?



La ville de Goma était passée sous contrôle de la rébellion de M23 le 20 novembre 2012.

Depuis, cette rébellion a subi des pressions venant de tous bords lui enjoignant de quitter ce chef lieu de la province du Nord Kivu.

Kinshasa a fait de ce retrait un préalable pour engager des discussions avec ces insurgés. La dernière rencontre Runiga-Kabila à Kampala n’a pas fait avancer les choses.

Apres avoir essayé, en vain, de faire valoir quelques exigences, les dirigeants de M23 ont finalement annoncé leur volonté de quitter la ville de Goma. Les mouvements de leurs troupes auraient commencé depuis le mercredi 28 novembre 2012.

Ils seront positionnés à plus ou moins 20 kilomètres de part et d’autres de cette ville : à Sake et à Kibumba.
Ce jeudi 29 novembre 2012, les chefs d’Etat Majors des pays de la région se retrouveront à Goma pour évaluer la situation, décréter une zone neutre et déterminer l’éventualité du déploiement d’une force neutre.

Officiellement il est reconnu à ces rebelles de laisser une centaine de militaires à l’aéroport de Goma. Il va sans dire que les rebelles ne toléreront pas que l’on laisse aux FARDC la latitude de reprendre le contrôle de Goma.

Le gouvernement provincial qui s’était déplacé à Beni retournera-t-il à Goma ? L’administration que la rébellion tentait déjà de mettre en place sera-t-elle dissoute ?

Que fera-t-on des militaires FARDC et agents de la police nationale qui s’étaient rendu au M23 ?

La rébellion rendra-t-elle les armes, munitions et autres effets militaires abandonnés à Goma par les FARDC dans leur fuite ? Autant des questions qui attendent des réponses.

Entre temps, le mercredi 28 novembre 2012, Goma a vibré sous une marche organisée en guise de soutien au M23. Des slogans hostiles au pouvoir Kabila ont été scandés par des manifestants qui exigeaient des négociations inclusives en lieu et place de la guerre qui leur porte malheur.

Preuve que l’opinion de Goma est suffisamment divisée. S’il existe une certaine résistance contre la rébellion dans cette ville, une forte désapprobation de la manière dont le pouvoir Kabila conduit les affaires y est aussi ressentie.

Partis de Goma plus fort qu’avant

La prise de Goma par le M23 a eu un grand effet dans l’opinion tant nationale qu’internationale. Cette rébellion a démontré à la face du monde l’incapacité pour les FARDC d’en découdre avec elle par les armes.

Dès lors la solution militaire sera d’office écartée. La crise ne sera résolue que politiquement ou diplomatiquement.

Positionné à Kibumba et à Sake, le M23 sera stratégiquement en bonne place pour reprendre le contrôle de Goma en cas d’réouverture des hostilités.

Cette insurrection a récupéré un important arsenal militaire abandonné par les FARDC dans leurs fuites à Kibumba et à Sake. Bien d’observateur estime que ce retrait ressemble à un bon repli stratégique pour riposter à toute éventualité d’attaque.

Craindre le blocage

Le M23 exige maintenant des négociations élargies à l’opposition, la société civile et la diaspora congolaise pendant que Kinshasa voudrait s’accrocher à revisiter les accords du 23 mars.

les revendications du M23 font désormais partie intégrante des problèmes généraux de la RDC, a déclaré Runiga lors d’un point de presse tenu le mardi 27 novembre à Goma.

Ce chef rebelle a fait état notamment de la corruption qui gangrène la nation, l’absence des infrastructures sur la majeure partie de l’étendue de la République (les écoles et les hôpitaux étant ceux légués par la colonisation), l’existence de plusieurs hectares de terres arables avec un peuple parmi les plus affamés du monde, la solde des militaires qui ne le nourrit pas plus de trois jours, la persistance du taux parmi les plus élevés du monde de la mortalité maternelle et infantille, le problème d’insécurité rendu endémique dans les Kivu par des FDLR-INTERAHAMWE et MAYI-MAYI soutenus et armés par le Gouvernement de Kinshasa…

Le Président du M23 a dit aussi en substance que le retrait de Goma est possible, mais que le président Kabila devrait aussi, pour faciliter, répondre aux conditions suivantes :

1. Libérer Mr Etienne TSHISEKEDI ainsi que d’autres leaders et opposants politiques

2. Diligenter une enquête internationale neutre sur la tentative d’assassinat du Dr MUKWEGE ;
3. Ordonner l’arrestation du Général John NUMBI ;

4. Arrestation des Officiers complices du Général AMISSI Tango four ;

5. Déclarer un cessez-le-feu avec l’ARC ;

6. Fixer un calendrier pour des négociations avec le M23, l’opposition congolaise, la Société Civile et la diaspora congolaise d’Occident.

Ces conditions, Runiga les avait évoqué lors de sa dernière rencontre avec Joseph Kabila à Kampala. C’est cela même qui aurait irrité le chef de l’Etat Congolais au point de l’amener à claquer la porte sous le nez du président ougandais Yoweri MUSEVENI.

Le désaccord à ce sujet peut rendre compliquer les négociations et bloquer la situation.

Si la force neutre tarde à se faire déployer, il faut craindre l’éventualité d’autres affrontements armés entre les deux belligérants.

Joska Kaninda Nkole
Le Millénaire

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