jeudi 3 janvier 2013

Centrafrique, Françafrique…

Mercredi 2 Janvier 2013


(Le président centreafricain, François Bozizé, le 27 décembre 2012 - AP/SIPA)

« Je romprai avec la Françafrique », promettait le candidat François Hollande. Une promesse bien difficile à tenir par le président de la République, comme on est en train de le voir en Centrafrique.

Quoi qu’elle fasse, ou ne fasse pas, la France sera tenue pour responsable de l’évolution de la situation dans ce petit pays misérable de moins de cinq millions d’habitants, où la guerre civile vient de repartir.

Longtemps, Paris a fait la pluie et le beau temps dans son ancienne colonie d’Oubangui-Chari. On se souvient comment « l’Empereur » Jean-Bedel Bokassa fut déposé par l’opération Barracuda en 1979.

En 2006-07, l’armée française y faisait toujours le coup de feu. Certes, la France y a fermé ses bases de Bouar et Bangui et seul un petit contingent de 250 hommes stationnait encore sur l’aéroport de la capitale, pour y soutenir le Micopax, une mission africaine de stabilisation.

Car le pays est en effet en proie à une profonde instabilité, où s’entremêle banditisme, luttes tribales et ambitions politiques. La Centrafrique est dirigé par le président François Bozizé, dont les méthodes ne semblent guère plus recommandables que celles de ses opposants.

Face à la dégradation de la situation (attaque de l’ambassade de France, menaces éventuelles sur un millier de ressortissants européens, dont des binationaux), Paris a décidé de renforcer son dispositif militaire, qui est aujourd’hui de 600 hommes.

Pour quoi faire ? C’est tout le problème. Car, en Centrafrique, la France n’a le choix qu’entre deux mauvaises solutions.

Sauver le régime Bozizé, largement discrédité, en « tapant » sur les rebelles du mouvement Seleka ou laisser les choses suivre leur cours sans intervenir. La seconde hypothèse, a priori raisonnable, semble avoir la préférence de l’Elysée.

Reste que, dans ce cas, il y aura un prix à payer : l’effondrement possible du pays. Le chaos va s’installer, comme au Mali ou en RD Congo voisine. L’Etat, déjà bien virtuel, risque tout simplement de disparaître.

Les violences se développeront, avec leur cortège de massacres interethniques. La France sera accusé d’avoir laissé faire – alors qu’elle s’était plutôt bien sortie de la crise en Côte d’Ivoire.

La seule chance d’échapper à ce dilemme est d’obtenir une solution négociée entre le pouvoir et les rebelles. Bref, de mettre les mains dans le cambouis de la politique intérieure centrafricaine. Vous avez dit Françafrique ?

Jean-Dominique Merchet - Marianne

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire