mardi 9 avril 2013

Kampala : nouveau piège contre la RDC - Le Facilitateur appelle Kinshasa et le M23 à reprendre les négociations

LUNDI, 08 AVRIL 2013

Crispus Kiyonga

Le Facilitateur ougandais, Crispus Kiyonga, a décidé de faire reprendre les négociations entre Kinshasa et le M23. Celles-ci, rappelons-le, sont suspendues depuis la signature, par la République Démocratique du Congo et ses partenaires de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), le 24 février à Addis-Abeba, de l’Accord-cadre portant sur la paix et la coopération en territoire congolais et dans la région. 

Cette convocation est d’autant surprenante qu’elle intervient à quelques jours du déploiement, dans la partie Est de notre pays, de la Brigade spéciale des Nations Unies appelée à combattre le M23 ainsi que toutes les forces négatives nationales et étrangères.

L’initiative du ministre ougandais de la Défense a tout l’air d’un piège, dans la mesure où il invite le gouvernement congolais à se mettre de nouveau à la même table que le M23, un mouvement rebelle qui a désormais le choix entre se faire hara-kiri ou subir les assauts des forces onusiennes jusqu’à sa disparition totale. 

Crispus Kiyonga et l’Ouganda font comme s’ils n’étaient pas liés par la Résolution 2098.

En voulant entraîner Kinshasa dans la voie de la reprise des négociations avec le M23, le régime de Kampala cherche visiblement à pousser les officiels congolais à la faute et à les placer en situation de « rébellion » contre la communauté internationale. 

Rouvrir le dialogue avec le M23 à Kampala, c’est ni plus ni moins énerver le droit international sur pied duquel a été adoptée la Résolution 2098 mais aussi le droit interne congolais qui interdit le recours aux armes en vue de là conquête ou de la conservation du pouvoir. 

Comment les autorités congolaises vont-elles justifier le réchauffement de leur partenariat avec le M23, dès lors que ce mouvement rebelle a perdu son statut d’interlocuteur avec sa mise à l’index dans la Résolution 2098 ?

Nouvelle tentative inavouée d’infiltration des FARDC

La démarche de Crispus Kiyonga est perçue, par de nombreux observateurs, comme une nouvelle tentative d’infiltration des FAR- DC. Les prolongations .de Kampala cachent l’intention de l’Ouganda de faire signer par Kinshasa, un nouveau deal politique avec le M23 et de permettre ainsi à ce mouvement rebelle de déverser ses combattants, en majorité des sujets étrangers, dans lés rangs des troupes loyalistes. 

Un schéma d’intégration précipitée du général Ruzandiza alias Sultani Makenga et ses hommes est en chantier, dans le but inavoué de les diluer dans les FARDC avant le déclenchement des opérations de traque des forces négatives par la Brigade Spécial des Nations Unies.

Ainsi, au moment où les troupes spéciales onusiennes vont se mettre en action, ce général mutin et radié des FARDC en juillet 2010 au grade de colonel, au même titre que le général Bosco Ntaganda, et ses combattants, auront eu le temps d’enfiler l’uniforme de l’armée régulière, de se faire « mixer » et d’être réaffectés au Nord-Kivu, cette partie de la RDC à laquelle ils s’accrochent comme à la prunelle de leurs yeux.

Le piège est là. Une fois un nouvel Accord conclu entre Kinshasa et les rebelles du M23, ces derniers cesseront automatiquement d’être une force négative, car membres à part entière des FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo), au même titre que les ex-officiers et soldats du RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie), du MLC (Mouvement de Libération du Congo), du RCD-K-ML (Rassemblement Congolais pour la Démocratie- Kisangani-Mouvement de Libération), RCD/N (Rassemblement Congolais pour la Démocratie/Nationalistes), les Mai-Mai Raia Mutomboki, les Mai-Mai de Kyungu Gédéon, les miliciens de Cobra Matata, etc.

Si les autorités congolaises commettent la gaffe de conférer le statut de membres de l’armée régulière congolaise à Sultani Makenga et compagnie avant la fin de ce mois, les Nations Unies risquent de se trouver devant le fait accompli. 

Par conséquent, la traque de cette force négative ainsi que celle d’autres groupes armés étrangers et nationaux tels que les FDLR, l’ADF Nalu, la LRA, les Mai- Mai et autres va être fort compliquée.

Les Congolais veulent savoir …

Dans ce dossier fort ténébreux des négociations, les Congolais ont l’impression que ceux qui les gouvernent leur cachent des choses. Il est curieux d’apprendre que Kinshasa a continué à positionner des « experts » à Kampala, malgré la clarté de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et surtout de la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité des Nations Unies où le M23 est cité comme la première force négative à traquer et éradiquer. 

Les mêmes textes interdisent toute protection aux auteurs des crimes de guerre et crimes contre l’humanité, tel Sultani Makenga, l’arrestation de ceux-ci et leur transfèrement devant la justice internationale.

Les Congolais veulent savoir ce qui se trame derrière l’invitation-convocation du ministre ougandais de la Défense. Crispus Kiyonga aurait-il pris l’initiative de parler de la relance des négociations de Kampala s’il n’avait pas rencontré une oreille attentive du côté de Kinshasa?

C’est le lieu de clarifier la position du gouvernement congolais, qui donne la nette impression de n’avoir toujours pas rompu définitivement avec le M23, tout en exigeant publiquement sa dissolution. 

Entretemps, pendant que la politique de l’autruche semble revenir au triple galop, la Société Civile du Nord-Kivu fait état, depuis la semaine dernière, des préparatifs de nouvelles incursions militaires ougandaises et rwandaises au Nord-Kivu. 

C’est comme si le Rwanda et l’Ouganda ont levé l’option de faire la guerre aux casques bleus, à travers des groupes armés instrumentalisés à partir du territoire congolais.

Kimp

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