dimanche 23 juin 2013

Ray Lema. Une création "très prometteuse" Rendez-vous le dimanche 4 août, lors de la 14e édition du Festival du Bout du Monde.



16 avril 2013



Les répétitions se sont poursuivies, dimanche et lundi, pour le jazzman congolais Ray Lema et l'Orchestre de l'UBO.

De quoi être fin prêt pour le jour J, sur la scène du Bout du Monde, à Crozon. Un télescopage musical spécialement créé pour l'occasion.


C'est une invitation au voyage entre musiques africaines, brésiliennes, jazz, funk et symphoniques que concoctent le jazzman congolais Ray Lema et les quelque 80 musiciens de l'Orchestre symphonique de l'Université de Bretagne Occidentale.

Déjà venu en décembre pour une première répétition, Ray Lema était accompagné, cette fois-ci, de son batteur et de son guitariste.

« Il y aura encore deux choristes, un bassiste, un ou deux percussionnistes et même des étudiants du Conservatoire de Lyon venus en renfort », indique Jean-Philippe Brun, chef d'orchestre de cette création.

« Il y aura aussi des professeurs de cuivre du conservatoire de Brest. On arrête là, sinon on ne tiendra jamais tous sur scène », plaisante-t-il. Il faut dire qu'au total, ils seront près de 90 musiciens à interpréter les titres métissés de l'artiste congolais.

« Ça nous change du répertoire classique »

« Les répétitions avancent bien et Ray est très sympa. Cela nous change de notre répertoire habituel, plus classique », poursuit le chef d'orchestre. Il faut dire qu'en parallèle, l'orchestre répète actuellement la cinquième symphonie de Tchaïkovsky.

« Les rythmiques sont de haut niveau. Il faut quasiment les intégrer physiquement pour vraiment les avoir dans la peau. Il se passe beaucoup de choses sur la partition, comme pour accompagner n'importe quel chanteur. Mais là, c'est quand même un peu plus dur que du Julien Clerc ! ».

À voir les répétitions, effectivement, les musiciens ont fort à faire pour passer de la rigueur de la musique classique à la chaleur des polyrythmies afro-cubaines. « Ils se débrouillent bien », sourit le compositeur congolais, qui n'hésite pas à donner un petit cours de djembé au percussionniste et à expliquer en détail le rôle de chacun dans cette composition symphonique.

« Vous, les contrebasses et les violoncelles, vous jouez une partie qui, dans les tribus, est jouée par des voix d'hommes », explique-t-il au détour d'une rythmique particulièrement délicate.

« Un concert joyeux ! »

« Ce sont des amateurs de très bon niveau, estime le jazzman. Ils ont fait beaucoup de travail de leur côté, à partir des partitions. Leurs rapports sont très amicaux, ce qui donne une certaine fraîcheur au projet, que l'on ne retrouve pas forcément chez des musiciens professionnels qui sont peut-être plus dans un rapport de compétition.

Je trouve cela magnifique. Dans ma musique, je mélange des rythmes binaires et ternaires, comme on le fait en Afrique centrale. Ce n'est pas forcément évident pour des musiciens occidentaux, pour lesquels c'est souvent soit l'un, soit l'autre. Le maestro doit trouver la bonne battue pour que tout le monde puisse rouler tranquillement avec lui ».

Comment envisage-t-il ce concert au Bout du Monde ? « C'est vraiment très prometteur ! Je les ai vus bouger sur la musique pour la première fois, hier (dimanche, NDLR). Ça sera un concert très joyeux ! »

Pour voir le résultat de cette création, rendez-vous le dimanche 4 août, lors de la 14e édition du Festival du Bout du Monde.

Comment vivez-vous ce télescopage musical ?

Phong Dam Hieu, 50 ans, violon alto : « Je joue de la musique depuis tout petit, mais là, je reprends après 20 ans d'interruption. Ce projet est drôlement intéressant. C'est vraiment rafraîchissant de se retrouver entre gens d'âges et d'horizons aussi variés. Le plus jeune n'a que 16 ans !

Nous sommes tous embarqués dans le même bateau, avec un but commun : ce concert au Bout du Monde et, bien sûr, l'amour de faire de la musique ensemble ». Benoît Jeanjean, 49 ans, violoncelle : « Cette musique passe beaucoup plus par le corps que la musique classique.

Cela nous oblige à nous libérer de nos complexes. Les techniques sont différentes, on est plus dans l'attaque des notes que dans leur tenue. C'est une musique dansante. Nous devons donc la danser nous aussi, la vivre. C'est aussi une musique très variée, qui fait venir plein de choses à l'esprit.

Et puis il y a le fait de se produire sur une scène à audience nationale ! ». Nicolas Tisserand, 35 ans, flûte et piccolo : « Je suis dans l'orchestre depuis 1996 et c'est l'un des plus gros projets depuis une quinzaine d'années. Cela concrétise le travail de fond effectué par Jean-Philippe Brun.

Cela fait monter l'orchestre en niveau et nous permet d'accéder au monde de la musique professionnelle. Le projet emballe tout le monde ! Et chaque musicien se remet en question, car nous devons changer nos habitudes.

La rythmique, notamment, demande beaucoup d'attention ! ». Camila Léandro, 23 ans, violoncelle : « C'est vraiment enrichissant de jouer de la musique que l'on n'a pas l'habitude de jouer ou des rythmes que l'on n'aurait pas imaginé se marier aussi bien avec un orchestre symphonique.

La musique classique est souvent étiquettée "grand-parents"ou ennuyeuse. Ce genre de projet prouve le contraire. C'est un truc de fou, une véritable aventure ! On va quand même se retrouver au Bout du Monde, mais pas en tant que simple festivalier : on sera sur scène ! »

TELEGRAMME de Brest

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