Jeudi 20 et vendredi 21 juin derniers, les rebelles du M23 ont soumis les habitants des villages de l’axe de Rutshuru à des représailles afin de venger Makenga Sultani, leur chef militaire hospitalisé en Ouganda où il lutte contre la mort.
Son cortège avait été mitraillé par les combattants d’un nouveau mouvement armé dénommé Forces pour la défense de la patrie qui contrôle certaines points du secteur où il lui avait tendu l’embuscade mortelle. Le M23 qui accuse les villageois du territoire de Rutshuru d’être complices de cet acte est venu frapper indistinctement.
La Brigade d’intervention de la Monusco, qui est en pleine constitution, a encore pris du volume. 1000 soldats sud-africains ont fait mouvement par des transporteurs de construction américaine Hercules C-130 depuis samedi dernier. Ils ont atteint leur base opérationnelle de Goma, dans le Nord-Kivu où ils ont rejoint l’autre contingent, celui de la Tanzanie avec ses 1200 hommes qui y bivouaquaient déjà depuis un peu plus d’un mois.
Les Tanzaniens n’avaient pas croisé les bras en attendant l’opérationnalisation fin juillet de cette unité spéciale. Ils ont déjà commencé des patrouilles dans Goma et dans sa périphérie. Ce qui est normal du fait que le commandement de la Brigade dirigé par un général tanzanien est lui déjà en place et opère.
Si une force s’attaque à la population, la Brigade va réagir sans attendre la constitution de toutes ses unités. Sur les 3.000 soldats qui vont constituer cette Brigade, 2.200 sont désormais en place.
Il ne reste plus que 800 hommes qui viendraient du Malawi et dont l’arrivée n’est pas encore annoncée. L’armature est là avec les Tanzaniens et les Sud-Africains qui viennent pour se battre.
Lorsque le M23, cible principale du feu de la Brigade de la Monusco avait tenté de dissuader les Sud-Africains et les Tanzaniens en leur promettant hécatombe sur le champ de bataille au Nord-Kivu, le commandant en chef de l’armée sud-africaine avait répondu aux rebelles pro-rwandais que leurs menaces ne les intimident en rien et qu’ils viennent pour se battre car le travail d’un soldat est de se battre et non autre chose.
Mêmes propos du côté de la Tanzanie qui avait officiellement réagi par le biais de son ministre de la Défense nationale. N’eût-été la reprise des négociations de Kampala qui accorde immunité au M23, la Brigade allait déjà faire parler la poudre comme il se doit car c’est pour cette mission qu’elle est déployée au Nord-Kivu.
Sur le terrain, les rebelles continuent pourtant à faire souffrir la population. Jeudi 20 et vendredi 21 juin derniers, ils ont soumis les habitants des villages de l’axe de Rutshuru à des représailles afin de venger Makenga Sultani, leur chef militaire hospitalisé en Ouganda où il lutte contre la mort.
Son cortège avait été mitraillé par les combattants d’un nouveau mouvement armé dénommé Forces pour la défense de la patrie qui contrôle certaines points du secteur où il lui avait tendu l’embuscade mortelle.
Pour la population du Nord-Kivu, il s’agit d’un acte de haute portée militaire, un haut fait d’armes dans le chef de ce groupe nouvellement crée qui se bat contre les acteurs de la balkanisation que sont les Sultani Makenga et autres. Le M23 qui accuse les villageois du territoire de Rutshuru d’être complices de cet acte est venu frapper indistinctement.
Ce qui a eu comme effet d’envoyer des populations en brousse afin d’échapper à la colère des rebelles qui s’abat sur tout ce qui bouge.
Les populations sont une nouvelle fois martyrisées au moment où les hommes de la Brigade sur qui ils avaient fondé tous leurs espoirs sont bel bien en casernement à Goma, à une quarantaine de kilomètres de là et sont pourtant en mesure d’intervenir pour les secourir.
Mais tant que le M23 n’aura pas quitté les négociations de Kampala, la Brigade ne pourra rien faire en termes d’actions opérationnelles.
Or il y a des problèmes à Rutshuru qui exigent une intervention immédiate de la Brigade ne fût-ce que dans le sens de protéger les populations contre les exactions du M23 après la fusillade contre son chef militaire.
Le nouveau mouvement qui a réussi à frapper le cortège surarmé de Sultani Makenga en lui infligeant de lourdes pertes parmi lesquels un colonel, son bras droit et plus de 10 hommes d’escorte ont montré que le dispositif sécuritaire du M23 comporte des failles.
Le deuxième enseignement est que le mouvement rebelle n’est pas seul à contrôler l’axe Rutshuru-Bunangana car il ya des positions où ils peuvent être inquiétés par la Force pour la défense de la patrie comme c’était le cas le mardi 18 juin dernier, le jour où Sultani Makenga a échappé à la mort.
FAUSSE ACCALMIE
Là il s’agit des événements survenant à l’intérieur de la partie occupée et administrée par le M23. C’est le branle-bas de combat. Pourtant sur la ligne de front qui est située à une vingtaine de kilomètres de Goma, il y a accalmie.
Depuis la dernière tentative de reprise de la ville par le !mouvement rebelle qui a été stoppé net par les Fardc à 6 km de la ville volcanique, aucun incident n’était signalé depuis.
Cependant il ne s’agit que d’une fausse accalmie. L’absence de guerre ne signifie pas que la crise du Nord-Kivu est terminée. Loin de là. Au contraire l’accalmie actuelle est au bénéfice du M23 qui continue à administrer sans désemparer la partie qu’il occupe de Rutshuru et Bunangana.
Où ils ont installé leur territoriale et continuent à percevoir taxes, impôts et droits de douanes sur le fret venant de l’est du continent, du Kenya.
Pendant l’accalmie, le M23 continue à se livrer au trafic d’or sur la partie sous sa botte comme l’organisation «Global Witness» a eu à le dénoncer dans son dernier rapport sur le trafic d’or à l’est de la Rdc.
L’accalmie permet donc au M23 d’engranger des dividendes colossaux sur toute activité économique.
Cependant le M23 n’est pas aussi invincible qu’il l’a laissé croire jusqu’à ce jour. Deux événements l’attestent. Sa dernière tentative de prise de Goma que les FARDC ont stoppé avec véhémence sans l’appui de la Monusco ni de qui que ce soit.
Pourtant, les rebelles étaient lourdement armés avec leur batterie des missiles. Les Fardc les ont chassé jusqu’à Kibumba, à 20 km.
Vaincus, ils n’ont trouvé mieux que de se venger contre la population civile de Goma sur laquelle ils ont lancé des obus à partir de la colline de Ruwenzori sur laquelle ils ont installé du lourd.
Deuxième événement qui renseigne que le M23 ne vaut rien sans l’appui du Rwanda, c’est l’embuscade réussie tendue pour la deuxième fois contre le cortège de son chef suprême en la personne de Sulatni Makenga par les hommes du groupe «Forces pour la défense de la nation».
Makenga n’est pas n’importe qui. Il est chef militaire mais c’est aussi lui qui est le véritable patron de l’aile politique. Le vrai Président du mouvement c’est bien lui, Sultani Makenga et non Bertrand Bisimwa qui n’est qu’un faire-valoir comme Jean-Pierre Runiga.
Atteindre aussi facilement le cortège du chef suprême du mouvement, leur Président et le blesser mortellement montre bien que le M23 sans le Rwanda ne peut même pas contrôler une rue de Rutshuru.
Les jours qui viennent seront déterminants pour ce mouvement dont le cahier de charges n’est que la balkanisation de la Rdc.
[Kandolo M.]
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