30. mai 2013
Global Campaign for Rwandan Human Rights (GCRHR) accuse le leader du gouvernement Front patriotique rwandais (FPR) d’utiliser la peur et la déstabilisation psychologique sur les jeunes.
Dans son rapport « Harcelé pour harceler au nom de la dignité » publié le 19 Avril, l’ONG a déclaré que le gouvernement rwandais et les services de sécurité « forcent les jeunes à participer à des activités dans le but d’aider le gouvernement à promouvoir son image et contrôler son peuple. ».
GCRHR dit qu’il a découvert et catalogué « diverses méthodes utilisées par les dirigeants du FPR visant à contraindre les jeunes à prendre part à diverses actions, ce qui provoque une peur extrême des autorités et une déstabilisation psychologique. »
Ce faisant, le régime serait occupé à tenter de sécuriser son pouvoir politique et « minimiser toute menace à son remplacement », indique le rapport.
Le rapport a recueilli plusieurs interviews de témoins et victimes affirmant que les services de sécurité nationale de renseignement rwandais (NISS) et le parti FPR, au pouvoir, « contraignent les jeunes à participer à des activités qui visent à modifier et façonner leur croyance sur le régime du FPR ».
Leur [le NISS et le FPR] but étant de « peindre et construire une image positive du pays au niveau international et espionner sa propre population ».
Les recherches menées par le GCRHR affirment que les jeunes qui ont été engagés dans la formation obligatoire de deux mois dite « éducation civique » destinée aux élèves du secondaire, ont subi « une détresse profonde et un découragement qui les amènent à vivre dans une extrême crainte des autorités ».
En outre, la plupart des participants ont également dit avoir subi « une déstabilisation psychologique » après l’expérience.
Dans les camps de BUSOGO, dans la province du Nord, il est reporté que les jeunes sont regroupés en fonction de leurs « backgrounds ou origines ethniques ». L’éducation donnée au groupe tutsi parle de l’unification, du patriotisme et du contrôle de ceux « qui sont enclins à commettre un génocide ».
Dans le groupe hutu, le message est que toutes les suggestions, idées, selon lesquelles le FPR aurait commis des crimes contre les Hutu sont considérées comme étant une négation du génocide et si cela arrive, cela devrait être signalé et traité par la loi « en conséquence ».
Qui plus est, une personne avec de telles croyances ou toute personne qui laisse penser que « beaucoup de Rwandais sont illégalement emprisonnés ou harcelés par les autorités » est un ennemi de l’Etat.
« Pour les jeunes qui ont fait l’expérience de ces camps (aux mains des autorités du FPR, des agents et des militaires), soit personnellement, à travers un membre de la famille ou par l’intermédiaire d’amis proches, ces camps leur enseignent et forcent de croire des idées différentes de ce qu’ils ont; cette expérience leur laisse une détresse profonde.
Plusieurs cas de dépressions nerveuses, de suicides et tentatives de suicide chez les jeunes qui ont participé à ces jeunes camp ont été rapportés« , affirme le rapport.
Le recrutement pour des rebelles en RDC
Les chercheurs du GCRHR ont également constaté que les camps sont utilisés comme un réservoir de recrutement pour la formation de groupes rebelles dans l’Est du Congo. »Il y a eu des cas de disparition de jeunes après qu’ils aient participé à des camps d’entraînement (…).
Depuis 2007, c’est un secret de polichinelle que ces jeunes disparus ont été envoyés pour rejoindre des groupes rebelles en RD Congo, rebelles qui sont soutenus par le gouvernement rwandais. »
Un évadé des groupes armés en RDC a déclaré au GCRHR que le FPR sélectionne ceux qui seront envoyés au Congo sur base de leurs compétences linguistiques en swahili, du niveau d’éducation atteint à l’école secondaire et de leur statut social.
Transmettre des idées
Les entretiens tenus avec les « anciens et actuels fonctionnaires du gouvernement rwandais » révèlent que la stratégie du FPR est de cibler les jeunes âgés entre 16 et 30 ans parce que « ce groupe d’âge n’a pas connu la guerre civile des années 1990, ni le génocide rwandais de 1994 ou ne l’ont connu qu’étant des enfants en bas âge. ».
De telle sorte, leurs croyances sur ces événements sont plus enclins à être façonnées par l’éducation. En outre, ce groupe d’âge constitue un grand pouvoir politique, car ils représentent 40% de la population rwandaise et plus de 60% des électeurs.
GCRHR a constaté que l’enseignement donné à cette jeunesse ciblée, à propos de l’histoire du pays ainsi que ses valeurs culturelles, est en faveur de « l’idéologie du FPR » qui présente la force armée du parti en tant que leader héroïque qui « a aidé à renverser la mauvaise et discriminante histoire du Rwanda. ».
Ceux qui adhèrent à cette nouvelle croyance « deviennent des supporteurs, partisans ou potentiels promoteurs et protecteurs de l’idéologie du FPR. ». C’est d’eux que les idées politiques du FPR sont ainsi transmises.
En outre, ceux qui questionnent ou critiquent « la moindre idée de l’idéologie officiellement approuvée » seraient , « arrêtés, harcelés, marginalisés, contraints à l’exil ou disparaîssent ».
Formation d’espions
Le rapport mentionne également la formation secrète d’élus « fraîchement diplômés » de Nasho, à l’Est du Rwanda. Les étudiants sont censés être formés à « la méthodologie militaire de pointe, de communication et de persuasion, diverses méthodes pour identifier un ennemi de l’Etat, et les méthodes d’espionnage ».
À la fin du programme d’un an, les étudiants sont employés par le gouvernement « à différents niveaux », où, entre autres, ils ont « la tâche particulière de surveiller secrètement leurs collègues et de produire des rapports quotidiens ou hebdomadaires au secrétariat du FPR, au service des renseignements militaires (DMI) ou au NISS ».
Les chercheurs du GCRHR signalent également des réunions et des formations organisées par les ambassades rwandaises et hauts commissariats pour les jeunes de la diaspora, y compris ceux détenteurs de bourses d’étude.
« Au cours des formations, des rencontres et des camps qui sont organisés dans le cadre de ce programme, les jeunes sont informés et guidés sur les différentes activités et les méthodes à utiliser afin de satisfaire ou de contribuer au programme de la jeunesse diaspora et au programme de l’étudiant.
Ils sont également tenus de signaler aux ambassades et hauts commissariats des informations sur tout Rwandais qui cherche asile ou refuge dans les pays où ils résident. Et doivent signaler tous les groupes d’opposition ainsi que leurs activités. »
Basée à Londres, Global Campaign for Rwandan Human Rights se veut être une « campagne internationale relative aux droits humains créé pour promouvoir et soutenir les droits de l’homme de tous les Rwandais ».
L’enquête de dix mois a inclus un nombre total de 43 témoins, la plupart d’entre eux appartenant à un groupe d’âge de 19 à 35 ans et a été menée afin de « peindre un tableau complet de la situation actuelle au Rwanda en ce qui concerne la jeunesse ».
Pour la collecte des données, GCRHR a interviewé « des jeunes étudiants et travaillant au Rwanda » ainsi que « des jeunes étudiants internationaux bénéficiaires de différentes bourses, établis en Angleterre et aux USA, ainsi que « des jeunes demandeurs d’asile au Royaume-Uni , en Belgique, France, Irlande et aux Etats-Unis« .
En outre, des anciens et des actuels responsables du gouvernement ont également été entendus.
Version originale en anglais par Jane Nishimwe
Traduit par Arlette Ngoboka
Jambonews.net
Global Campaign for Rwandan Human Rights (GCRHR) accuse le leader du gouvernement Front patriotique rwandais (FPR) d’utiliser la peur et la déstabilisation psychologique sur les jeunes.
Dans son rapport « Harcelé pour harceler au nom de la dignité » publié le 19 Avril, l’ONG a déclaré que le gouvernement rwandais et les services de sécurité « forcent les jeunes à participer à des activités dans le but d’aider le gouvernement à promouvoir son image et contrôler son peuple. ».
GCRHR dit qu’il a découvert et catalogué « diverses méthodes utilisées par les dirigeants du FPR visant à contraindre les jeunes à prendre part à diverses actions, ce qui provoque une peur extrême des autorités et une déstabilisation psychologique. »
Ce faisant, le régime serait occupé à tenter de sécuriser son pouvoir politique et « minimiser toute menace à son remplacement », indique le rapport.
Le rapport a recueilli plusieurs interviews de témoins et victimes affirmant que les services de sécurité nationale de renseignement rwandais (NISS) et le parti FPR, au pouvoir, « contraignent les jeunes à participer à des activités qui visent à modifier et façonner leur croyance sur le régime du FPR ».
Leur [le NISS et le FPR] but étant de « peindre et construire une image positive du pays au niveau international et espionner sa propre population ».
Les recherches menées par le GCRHR affirment que les jeunes qui ont été engagés dans la formation obligatoire de deux mois dite « éducation civique » destinée aux élèves du secondaire, ont subi « une détresse profonde et un découragement qui les amènent à vivre dans une extrême crainte des autorités ».
En outre, la plupart des participants ont également dit avoir subi « une déstabilisation psychologique » après l’expérience.
Dans les camps de BUSOGO, dans la province du Nord, il est reporté que les jeunes sont regroupés en fonction de leurs « backgrounds ou origines ethniques ». L’éducation donnée au groupe tutsi parle de l’unification, du patriotisme et du contrôle de ceux « qui sont enclins à commettre un génocide ».
Dans le groupe hutu, le message est que toutes les suggestions, idées, selon lesquelles le FPR aurait commis des crimes contre les Hutu sont considérées comme étant une négation du génocide et si cela arrive, cela devrait être signalé et traité par la loi « en conséquence ».
Qui plus est, une personne avec de telles croyances ou toute personne qui laisse penser que « beaucoup de Rwandais sont illégalement emprisonnés ou harcelés par les autorités » est un ennemi de l’Etat.
« Pour les jeunes qui ont fait l’expérience de ces camps (aux mains des autorités du FPR, des agents et des militaires), soit personnellement, à travers un membre de la famille ou par l’intermédiaire d’amis proches, ces camps leur enseignent et forcent de croire des idées différentes de ce qu’ils ont; cette expérience leur laisse une détresse profonde.
Plusieurs cas de dépressions nerveuses, de suicides et tentatives de suicide chez les jeunes qui ont participé à ces jeunes camp ont été rapportés« , affirme le rapport.
Le recrutement pour des rebelles en RDC
Les chercheurs du GCRHR ont également constaté que les camps sont utilisés comme un réservoir de recrutement pour la formation de groupes rebelles dans l’Est du Congo. »Il y a eu des cas de disparition de jeunes après qu’ils aient participé à des camps d’entraînement (…).
Depuis 2007, c’est un secret de polichinelle que ces jeunes disparus ont été envoyés pour rejoindre des groupes rebelles en RD Congo, rebelles qui sont soutenus par le gouvernement rwandais. »
Un évadé des groupes armés en RDC a déclaré au GCRHR que le FPR sélectionne ceux qui seront envoyés au Congo sur base de leurs compétences linguistiques en swahili, du niveau d’éducation atteint à l’école secondaire et de leur statut social.
Transmettre des idées
Les entretiens tenus avec les « anciens et actuels fonctionnaires du gouvernement rwandais » révèlent que la stratégie du FPR est de cibler les jeunes âgés entre 16 et 30 ans parce que « ce groupe d’âge n’a pas connu la guerre civile des années 1990, ni le génocide rwandais de 1994 ou ne l’ont connu qu’étant des enfants en bas âge. ».
De telle sorte, leurs croyances sur ces événements sont plus enclins à être façonnées par l’éducation. En outre, ce groupe d’âge constitue un grand pouvoir politique, car ils représentent 40% de la population rwandaise et plus de 60% des électeurs.
GCRHR a constaté que l’enseignement donné à cette jeunesse ciblée, à propos de l’histoire du pays ainsi que ses valeurs culturelles, est en faveur de « l’idéologie du FPR » qui présente la force armée du parti en tant que leader héroïque qui « a aidé à renverser la mauvaise et discriminante histoire du Rwanda. ».
Ceux qui adhèrent à cette nouvelle croyance « deviennent des supporteurs, partisans ou potentiels promoteurs et protecteurs de l’idéologie du FPR. ». C’est d’eux que les idées politiques du FPR sont ainsi transmises.
En outre, ceux qui questionnent ou critiquent « la moindre idée de l’idéologie officiellement approuvée » seraient , « arrêtés, harcelés, marginalisés, contraints à l’exil ou disparaîssent ».
Formation d’espions
Le rapport mentionne également la formation secrète d’élus « fraîchement diplômés » de Nasho, à l’Est du Rwanda. Les étudiants sont censés être formés à « la méthodologie militaire de pointe, de communication et de persuasion, diverses méthodes pour identifier un ennemi de l’Etat, et les méthodes d’espionnage ».
À la fin du programme d’un an, les étudiants sont employés par le gouvernement « à différents niveaux », où, entre autres, ils ont « la tâche particulière de surveiller secrètement leurs collègues et de produire des rapports quotidiens ou hebdomadaires au secrétariat du FPR, au service des renseignements militaires (DMI) ou au NISS ».
Les chercheurs du GCRHR signalent également des réunions et des formations organisées par les ambassades rwandaises et hauts commissariats pour les jeunes de la diaspora, y compris ceux détenteurs de bourses d’étude.
« Au cours des formations, des rencontres et des camps qui sont organisés dans le cadre de ce programme, les jeunes sont informés et guidés sur les différentes activités et les méthodes à utiliser afin de satisfaire ou de contribuer au programme de la jeunesse diaspora et au programme de l’étudiant.
Ils sont également tenus de signaler aux ambassades et hauts commissariats des informations sur tout Rwandais qui cherche asile ou refuge dans les pays où ils résident. Et doivent signaler tous les groupes d’opposition ainsi que leurs activités. »
Basée à Londres, Global Campaign for Rwandan Human Rights se veut être une « campagne internationale relative aux droits humains créé pour promouvoir et soutenir les droits de l’homme de tous les Rwandais ».
L’enquête de dix mois a inclus un nombre total de 43 témoins, la plupart d’entre eux appartenant à un groupe d’âge de 19 à 35 ans et a été menée afin de « peindre un tableau complet de la situation actuelle au Rwanda en ce qui concerne la jeunesse ».
Pour la collecte des données, GCRHR a interviewé « des jeunes étudiants et travaillant au Rwanda » ainsi que « des jeunes étudiants internationaux bénéficiaires de différentes bourses, établis en Angleterre et aux USA, ainsi que « des jeunes demandeurs d’asile au Royaume-Uni , en Belgique, France, Irlande et aux Etats-Unis« .
En outre, des anciens et des actuels responsables du gouvernement ont également été entendus.
Version originale en anglais par Jane Nishimwe
Traduit par Arlette Ngoboka
Jambonews.net
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