Mardi, 23 Juillet 2013
Officiellement ouvertes en décembre 2012, les négociations entre le Mouvement rebelle du 23 mars 2009 (M23) et la délégation de Kinshasa en sont à leur huitième mois.
Jusqu'ici, les horizons de cette rencontre se dessinent peu reluisants.
Rien de concret en termes d'évolution positive de ce dialogue entre les deux parties. Bien au contraire. La rencontre de la capitale ougandaise se révèle un échec jusqu'ici.
Les récents affrontements de la semaine dernière entre les deux forces antagonistes en sont une parfaite illustration.
Contrairement à Frédéric Chiluba, ancien président zamibien et médiateur de la rencontre en juillet 1999, entre les différents belligérants de la crise congolaise, l'Ougandais Kaguta Yoweri Museveni a, jusqu'ici, le mérite d'assurer une médiation de la honte.
Qu'est-ce qui bloque les négociations de Kampala ?
Pourquoi Kampala piétine ?
Que faut-il faire en définitive?
A quoi servent encore les discussions de Kampala … ?
Voilà, quelques questions parmi tant d'autres qui se posent dans les rues de Kinshasa. Même si, en réalité, plus d'un Congolais ne croit plus en cette rencontre qui a semblé prendre en otage toute une opinion nationale.
Et, dans une large mesure, celle de la sous-région des Grands lacs. Pour certains analystes, c'est Museveni qui pose problème, car étant à la fois juge et partie.
La Conférence internationale sur la Région des Grands lacs (CIRGL) avait-elle mal fait de confier pareille responsabilité à un médiateur qui, dès le départ, avait été étiqueté comme l'un des parrains de la rébellion ?
Nombreux sont des observateurs qui se félicitent que le Gouvernement congolais ait compris que la rencontre de la capitale ougandaise est une vaste distraction.
Autrement, Kinshasa se serait bercé d'illusions au point de se faire prendre au dépourvu dans la situation actuelle sur le terrain, essentiellement marquée par la poursuite des affrontements.
Par rapport à cette léthargie qui caractérise les discussions de Kampala, le bon sens invite à un parallèle avec ce qu'autrefois fut la rencontre de Lusaka entre le Gouvernement de Kinshasa, le MLC et la RDC dans toute sa pluralité.
On se rappelle qu'à l'époque, le médiateur Fréderic Chiluba avait réussi à imposer un cessez-le-feu à toutes les forces belligérantes jusqu'à la signature d'un Accord ad hoc le 10 juillet 1999.
S'il est vrai qu'on ne devrait pas comparer les deux épisodes tant le contexte et les acteurs ont changé, il est aussi vrai que Kampala devrait s'inspirer de Lusaka.
Surtout que cette fois-ci, le chemin paraissait déjà balisé pour des concertations nationales initiées par Joseph Kabila.
Plus concrètement, Kampala devrait dégager l'impasse de manière à permettre l'organisation effective desdites Concertations.
Au regard de la situation actuelle, on est en droit de se poser mille et une questions.
La principale est de se demander s'il faut aller à la table des concertations nationales sans la partie M23.
Autrement dit, doit-on organiser cette rencontre à l'interne, peu importe l’issue de Kampala ?
D'ETERNELS BEBES POLITIQUES
Il y a un peu plus de deux décennies, l'ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, désigné médiateur de l'une des crises politiques pendant le régime du Président Mobutu, n'avait pas caché sa déception.
" J'ai trouvé un peuple sans culture politique", avait-il dit. Cette déclaration du chef de l'Etat sénégalais d'alors avait jeté un pavé dans la marre. Dans certaines officines politiques zaïroises, le propos de Wade avait été qualifié d'excessif et de discourtois.
Au regard de la situation actuelle, les auteurs de ce jugement sont-ils encore prêts à le soutenir? A priori, on dirait avec empressement " NON ". et avec raison d'ailleurs.
Certaines personnes estiment que c'est par un pur lapsus que Wade avait parlé de manque de culture politique. L'expression convenable serait "une classe politique sans maturité".
Et, ce ne serait pas méchant de le dire. Ce ne serait pas non plus, un faux pas diplomatique. Car, jamais, de mémoire collective des Congolais, la classe politique n'a trouvé de solution a une crise politique interne, sans le concours d'une expertise extérieure.
On se souvient de l’Algérien Lakhdar Brahimi. On se rappelle aussi le Botswanais Ket Masire pendant toutes les péripéties, préludes au Dialogue intercongolais de Sun City. Pas seulement.
Le Sénégalais Moustapha Niasse a également inscrit son nom dans les annales de la politique congolaise. Au jour d'aujourd'hui, certains pensent que pour des Concertations nationales en vue, il faudrait un médiateur neutre. Avec raison.
Mais la question est de savoir si la neutralité doit être liée à la nationalité. Si la crainte est l'achat de conscience. Est-il impossible de corrompre un médiateur expatrié ? Pas du tout.
Dans un environnement politique où l'on boude tout, rien n'indique a priori que in fine, la prétendue neutralité du médiateur fera l'unanimité.
Dans ces conditions, la classe politique congolaise, parce qu'incapable de se mettre d'accord sur des conflits internes, finira par solliciter la médiation de Dieu. Vu des spirituels, la solution idéale est celle-là.
Mais pour le cas d'espèce, nous sommes d''avis avec de nombreux analystes qui exhortent la classe politique congolaise à plus de maturité.
Elle devra quitter son berceau de " bébé " politique pour porter la prestigieuse veste d'homme d'Etat.
Laurel KANKOLE
Officiellement ouvertes en décembre 2012, les négociations entre le Mouvement rebelle du 23 mars 2009 (M23) et la délégation de Kinshasa en sont à leur huitième mois.
Jusqu'ici, les horizons de cette rencontre se dessinent peu reluisants.
Rien de concret en termes d'évolution positive de ce dialogue entre les deux parties. Bien au contraire. La rencontre de la capitale ougandaise se révèle un échec jusqu'ici.
Les récents affrontements de la semaine dernière entre les deux forces antagonistes en sont une parfaite illustration.
Contrairement à Frédéric Chiluba, ancien président zamibien et médiateur de la rencontre en juillet 1999, entre les différents belligérants de la crise congolaise, l'Ougandais Kaguta Yoweri Museveni a, jusqu'ici, le mérite d'assurer une médiation de la honte.
Qu'est-ce qui bloque les négociations de Kampala ?
Pourquoi Kampala piétine ?
Que faut-il faire en définitive?
A quoi servent encore les discussions de Kampala … ?
Voilà, quelques questions parmi tant d'autres qui se posent dans les rues de Kinshasa. Même si, en réalité, plus d'un Congolais ne croit plus en cette rencontre qui a semblé prendre en otage toute une opinion nationale.
Et, dans une large mesure, celle de la sous-région des Grands lacs. Pour certains analystes, c'est Museveni qui pose problème, car étant à la fois juge et partie.
La Conférence internationale sur la Région des Grands lacs (CIRGL) avait-elle mal fait de confier pareille responsabilité à un médiateur qui, dès le départ, avait été étiqueté comme l'un des parrains de la rébellion ?
Nombreux sont des observateurs qui se félicitent que le Gouvernement congolais ait compris que la rencontre de la capitale ougandaise est une vaste distraction.
Autrement, Kinshasa se serait bercé d'illusions au point de se faire prendre au dépourvu dans la situation actuelle sur le terrain, essentiellement marquée par la poursuite des affrontements.
Par rapport à cette léthargie qui caractérise les discussions de Kampala, le bon sens invite à un parallèle avec ce qu'autrefois fut la rencontre de Lusaka entre le Gouvernement de Kinshasa, le MLC et la RDC dans toute sa pluralité.
On se rappelle qu'à l'époque, le médiateur Fréderic Chiluba avait réussi à imposer un cessez-le-feu à toutes les forces belligérantes jusqu'à la signature d'un Accord ad hoc le 10 juillet 1999.
S'il est vrai qu'on ne devrait pas comparer les deux épisodes tant le contexte et les acteurs ont changé, il est aussi vrai que Kampala devrait s'inspirer de Lusaka.
Surtout que cette fois-ci, le chemin paraissait déjà balisé pour des concertations nationales initiées par Joseph Kabila.
Plus concrètement, Kampala devrait dégager l'impasse de manière à permettre l'organisation effective desdites Concertations.
Au regard de la situation actuelle, on est en droit de se poser mille et une questions.
La principale est de se demander s'il faut aller à la table des concertations nationales sans la partie M23.
Autrement dit, doit-on organiser cette rencontre à l'interne, peu importe l’issue de Kampala ?
D'ETERNELS BEBES POLITIQUES
Il y a un peu plus de deux décennies, l'ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, désigné médiateur de l'une des crises politiques pendant le régime du Président Mobutu, n'avait pas caché sa déception.
" J'ai trouvé un peuple sans culture politique", avait-il dit. Cette déclaration du chef de l'Etat sénégalais d'alors avait jeté un pavé dans la marre. Dans certaines officines politiques zaïroises, le propos de Wade avait été qualifié d'excessif et de discourtois.
Au regard de la situation actuelle, les auteurs de ce jugement sont-ils encore prêts à le soutenir? A priori, on dirait avec empressement " NON ". et avec raison d'ailleurs.
Certaines personnes estiment que c'est par un pur lapsus que Wade avait parlé de manque de culture politique. L'expression convenable serait "une classe politique sans maturité".
Et, ce ne serait pas méchant de le dire. Ce ne serait pas non plus, un faux pas diplomatique. Car, jamais, de mémoire collective des Congolais, la classe politique n'a trouvé de solution a une crise politique interne, sans le concours d'une expertise extérieure.
On se souvient de l’Algérien Lakhdar Brahimi. On se rappelle aussi le Botswanais Ket Masire pendant toutes les péripéties, préludes au Dialogue intercongolais de Sun City. Pas seulement.
Le Sénégalais Moustapha Niasse a également inscrit son nom dans les annales de la politique congolaise. Au jour d'aujourd'hui, certains pensent que pour des Concertations nationales en vue, il faudrait un médiateur neutre. Avec raison.
Mais la question est de savoir si la neutralité doit être liée à la nationalité. Si la crainte est l'achat de conscience. Est-il impossible de corrompre un médiateur expatrié ? Pas du tout.
Dans un environnement politique où l'on boude tout, rien n'indique a priori que in fine, la prétendue neutralité du médiateur fera l'unanimité.
Dans ces conditions, la classe politique congolaise, parce qu'incapable de se mettre d'accord sur des conflits internes, finira par solliciter la médiation de Dieu. Vu des spirituels, la solution idéale est celle-là.
Mais pour le cas d'espèce, nous sommes d''avis avec de nombreux analystes qui exhortent la classe politique congolaise à plus de maturité.
Elle devra quitter son berceau de " bébé " politique pour porter la prestigieuse veste d'homme d'Etat.
Laurel KANKOLE
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