L'Afrique
du Sud a joué un rôle important dans toutes les guerres que connait
notre pays, la RD Congo. En 1996, alors que le Rwanda préparait
activement l'invasion du Zaïre, l'Afrique du Sud, de son côté,
fournissait armes et munitions au régime de Kigali.
C'est d'ailleurs le
premier pays à alimenter la machine de guerre du Rwanda après la levée
de l’embargo – suite au génocide du printemps 1994 − par l’ONU en 1996.
Et quand on demanda à Kader Asmal [président du Comité national
sud-africain de contrôle des armes conventionnelles (NCACC) et ministre
des Eaux et Forêts] pourquoi son pays armait-il le Rwanda?
Réponse
implacable: Le président Kagame a le droit de traquer ceux qui ont
commis le génocide dans son pays, et d’ajouter sans détour : « Nous
sommes arrivés à la conclusion que ces maniaques du génocide en exil au
Zaïre constituent la première menace dans la région ».
Pourtant,
l’Afrique du Sud savait très bien que les revendications de Kigali
n’étaient que fallacieuses. Nous avons réussi à nous procurer un
document ultra-sensible sur les réelles motivations du Rwanda et de ses
alliés occidentaux envers le Zaïre, dès août 1994; donc quelques
semaines après la prise de pouvoir du FPR au Rwanda.
Ce document que je
reproduis en annexe dans mon bouquin à venir prouve si besoin en était
encore que les choses sont loin de ce que racontent le régime de Kigali,
ses alliés occidentaux et leurs médias de service. Bref.
Autre chose qu’il faut
savoir: Pendant les négociations initiées par l’Afrique du Sud entre
l'AFDL et le régime de Mobutu pour soi-disant parvenir à un
cessez-le-feu, Mandela en coulisse faisait pression sur Kabila pour
qu'il redonne aux multinationales sud-africaines, les concessions
minières qu’elles exploitaient avant que la rébellion ne les cède à
Jean-Raymond Boulle, le grand patron de l'AMFI, celui là même qui a mis à
la disposition de l'AFDL, un jet et 50 millions $ pour l’effort de
guerre.
Autre fait important: En août 1998, lorsque la guerre a éclaté −
le Rwanda et l’Ouganda ayant décidé d’envahir pour une seconde fois la
RDC −, l'Afrique du Sud a, encore une fois, ravitaillé les troupes
rwando-ougandaises en armes et munitions.
Et lorsque la SADC a volé au
secours de Laurent Desiré Kabila pour contrer l’invasion des régimes
précités, l'Afrique du Sud fut le seul pays à refuser de se joindre à la
coalition formée par le Zimbabwe, la Namibie et l'Angola. Mugabe
s'apercevant du double- jeu Sud-africain, traitera Mandela d'hypocrite.
Pour trouver une
solution au conflit, des pourparlers sont organisés à Lusaka en Zambie.
Entre-temps, le diplomate US Howard Wolpe, en toute discrétion, va
rédiger ce qui servira de feuille de route à toutes les parties en
conflit.
C'est au cours d'une réunion secrète tenue au mois de juin 1999
à l'hôtel Livingstone de Pretoria qu’avaient été discutées les
dispositions de l'accord de Lusaka.
Présidaient cette réunion : Mandela
et Thabo Mbeki. Participaient à cette rencontre : Museveni, Kagame et
Buyoya. Après discussion, la mouture finale a été transmise à Bill
Clinton, Madeleine Albright, Kofi Anan via l'Ambassade américaine à
Prétoria. Des copies seront envoyées à Omar Bongo, en tant que doyen des
chefs d'état et à Blaise Compaoré, à l'époque, président en exercice de
l'OUA.
Tous entérineront ce texte ne réalisant pas que l'Afrique du Sud
de Mandela a servi de couverture à une opération ficelée en coulisse
par les Américains. Tout Congolais digne de ce nom sait aujourd’hui que
l’accord global et inclusif issu des accords de Lusaka, a hypothéqué la
souveraineté de la RD Congo.
Lorsqu’Honore Ngbanda, le président
national de l’Apareco, disait que personne parmi les congolais présents
au pays de Mandela n’avait participé à l’élaboration de ce texte de
malheur, il avait raison.
En clair, l’Afrique du
Sud de Mandela a joué et continue de jouer le rôle de gendarme de la
politique américaine dans la région. Ce pays ne souhaitait pas que les
hostilités au Congo prennent fin.
« On ne le dit pas assez, c’est
Pretoria qui a financé, en grande partie, la guerre qui a commencé en
1998, soutint Paul Makela, Membre fondateur du parti présidentiel (PPRD)
et ancien secrétaire général adjoint de la Commission préparatoire du
Dialogue inter-congolais.
C’est ce pays qui a fourni une importante
logistique au RCD-Goma », le bras armé et politique du Rwanda au Congo.
Les autorités sud africaines ne voulaient pas que le Dialogue
intercongolais se termine au détriment des intérêts de leur pays,
c’est-à-dire, de leurs multinationales.
Selon Mr. Makela, pour Pretoria,
il n’était pas question de voir Etienne Tshisekedi accéder à la tête de
l’Etat congolais. En revanche, le RCD devait continuer à jouer un rôle
important. En 2010, j’ai reçu un petit document dans lequel il est
clairement établi que les autorités sud-africaines encourageaient les
autorités rwandaises à morceler le Kivu.
Il faut également dire
que durant les négociations secrètes qui ont conduit à sa libération,
Mandela était en contact permanent avec William Casey, l’ancien patron
de la CIA et ami du président Mobutu.
D’aucuns se demandent par ailleurs
si Mandela, pour être libéré, n’a-t-il pas accepté de ne pas bousculer
l’ordre établi par le régime de l’apartheid qu’il avait combattu.
A
preuve, l’arrivée au pouvoir de l’ANC n’a rien changé dans la vie des
noirs sud-africains, bien que quelques noirs se soient retrouvés dans
des fonctions importantes au pays. Certains observateurs − dont moi −,
croient que le forum pour la réconciliation nationale s’inscrivit dans
cette même logique de ne pas s’attaquer ou de poursuivre en justice tous
ces criminels blancs qui constituaient l’armature du pouvoir raciste de
l’Apartheid.
Autant le dire, c’est une fausse paix qu’on a vendu aux
Noirs de ce pays. Puisque « la réconciliation » n’a pas eu les résultats
escomptés, disons le pays n’a jamais connu de véritable réconciliation :
la RSA a connu des graves violences raciales durant les années 90.
A
dire vrai, Mandela a trahit le combat des millions des noirs
Sud-africains, voire mêmes des Africains qui avaient aidé l’ANC durant
son combat contre les tenants du régime de l’Apartheid.
On aura beau
vanté la bravoure de cet homme qui a réellement combattu l’Apartheid
dans le passé, il sied tout de même de rappeler que sa libération est
intervenue au moment où le monde venait de connaître des bouleversements
majeurs dus à la fin de la guerre froide et à l’effondrement du mur de
Berlin.
Le régime raciste sud-africain, bien que soutenu officieusement
par les états occidentaux qui faisaient semblant de le critiquer, se
devait de changer. Il est clair à ce stade qu’il fallait un changement
dans sa politique pour redorer son blason terni par son passé de régime
raciste.
Mandela devait sortir de prison; les noirs, majoritaires dans
le pays, étaient assurés de remporter les élections libres, mais à pas à
n’importe quel prix : Le pouvoir politique aux noirs, lequel pouvoir ne
sera dans les faits que symbolique.
Puisque le vrai pouvoir,
c’est-à-dire, le pouvoir économique, restera aux mains des mêmes
racistes blancs. Même au sein du premier gouvernement de l’ANC, il y
avait des individus issus du régime de l’apartheid, dans les postes
stratégiques; notamment le ministère des finances et la Banque centrale.
Il est certain que le président Mandela a accepté de jouer le jeu, on
ne peut dire autrement…
Le journaliste
sud-africain Allister Sparks résuma la situation comme suit :
« Avant de
céder le pouvoir, la Parti nationaliste tient à l’émasculer. Il tente
de négocier une sorte de troc en vertu duquel il renonce au droit de
diriger le pays comme il l’entend en échange de celui d’empêcher les
Noirs de le diriger comme ils l’entendent. »
Rassool Snyman, militant
antiapartheid de longue date décrivit à son tour la situation comme suit
: « Ils ne nous ont jamais libérés. La chaîne que nous avions au cou,
ils l’ont mise à nos chevilles. »
S’il est vrai que dans
le passé, le président Nelson Mandela s’est battu pour les droits de son
peuple, il n’en demeure pas moins qu’avec le temps, l’homme s’est
lui-même rangé aux côtés de ses ennemis d’hier, trahissant ainsi ce
combat qu’il a longtemps mené pour ce même peuple.
Syndrome de
Stockholm? C’est à se demander à quoi a servi son combat finalement?
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