mardi 23 juillet 2013

RDC : HRW accuse le Rwanda de "continuer à soutenir" les rebelles du M23


23/07/2013 
 
Le Rwanda a toujours nié tout soutien aux rebelles du M23.  
Le Rwanda a toujours nié tout soutien aux rebelles du M23. © AFP
 
Dans un rapport publié le 23 juillet, Human Rights Watch accuse le Rwanda de continuer à apporter son soutien au Mouvement du 23-Mars (M23), "un groupe armé responsable de nombreux meurtres, viols et autres crimes graves" dans l’est de la RDC. 

Ce que les autorités rwandaises démentent, remettant en cause la "crédibilité" des témoignages recueillis par l’ONG de défense des droits de l’homme.

« Non seulement le Rwanda permet au M23 [Mouvement du 23-Mars, NDRL] de se procurer des recrues et de l'équipement sur son territoire, mais les militaires rwandais continuent d'apporter un soutien direct à ce groupe qui commet des exactions » au Nord-Kivu, dans l’est de la RDC.

Daniel Bekele, le directeur de la division Afrique à Human Rights Watch (HRW), fonde ses accusations sur des « informations récemment recueillies » par l’ONG des droits humains au cours de « 100 entretiens réalisés depuis mars, y compris avec des anciens combattants du M23 qui ont quitté le mouvement entre fin mars et juillet et avec des civils vivant près de la frontière rwando-congolaise, dont certains ont été victimes d'exactions ».

« Des habitants de la région et des rebelles déserteurs ont décrit de récentes activités attestant que les forces criminelles du M23 ont reçu de l'aide en provenance du Rwanda, rapporte HRW.

Parmi ces activités figurent des mouvements réguliers du Rwanda vers la RDC d'hommes en uniforme de l'armée rwandaise et l'approvisionnement du M23 en munitions, en vivres et en autres fournitures provenant du Rwanda ».
Un certain nombre de combattants du M23 reconnaissaient volontiers qu'ils étaient rwandais.
Rapport de Human Rights Watch , publié le 23 juillet
Le rapport d’HRW dénonce également des « opérations de recrutement au Rwanda » opérées par le mouvement rebelle, avec l’assistance des autorités militaires rwandaises.

« Des officiers de l'armée rwandaise ont formé de nouvelles recrues du M23 et ont communiqué avec et rencontré des dirigeants du M23 à plusieurs reprises », explique le document, soulignant que parmi les hommes recrutés au Rwanda « figurent des militaires rwandais démobilisés et d'anciens combattants des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, rébellion hutu), dont la plupart avaient été intégrés dans la Force de réserve de l'armée rwandaise, ainsi que des civils rwandais ».

HRW affirme également avoir reçu des témoignages « des déserteurs congolais » de la rébellion qui ont déclaré qu’« un certain nombre de combattants du M23 reconnaissaient volontiers qu'ils étaient rwandais.

[Et] certains indiquaient avoir été membres des contingents rwandais des missions de maintien de la paix en Somalie ou au Darfour ».

"Mensonges" ou "erreur humaine"

Très vite, les réactions des autorités rwandaises ont commencé à fuser sur les réseaux sociaux. Pour Olivier Nduhungirehe, le représentant permanent du Rwanda auprès des Nations unies, l’ONG HRW est « attrapée par [ses] mensonges » lorsqu’elle laisse dire à ses témoins que les troupes rwandaises ont participé à une mission de maintien de la paix en Somalie.

« Pour info, le Rwanda n’a jamais envoyé ses troupes dans une quelconque mission de la paix en Somalie ! Comment pouvons-nous donner du crédit à un tel rapport truffé de mensonges ? », s’est exclamé Olivier Nduhungirehe sur son compte twitter, interpellant directement Kenneth Roth, le directeur exécutif de l’HRW.

Une « erreur humaine », reconnaît l’ONG américaine. Mais à Kigali, l’aveu de l’HRW sur ce point est loin de calmer les esprits. Yolande Makolo, la directrice de communication de la présidence rwandaise, dénonce des « témoignages non vérifiés » recueillis contre « payement » d’une somme d’argent. Avec un brin d’ironie, elle appelle même l’HRW a réclamé d’être remboursé auprès de ses « témoins ».
  
Par ailleurs, le rapport de HRW revient également sur les récentes exactions qu’auraient commises les rebelles dans le Nord-Kivu. « Le M23 a exécuté sommairement au moins 44 personnes et violé au moins 61 femmes et filles depuis mars », selon l’ONG.

Des dizaines de civils, accusés de collaborer avec les FDLR ou avec les milices hutues congolaises, ont été arrêtés, enlevés et « sévèrement battus » au cours des dernières semaines dans le territoire de Rutshuru, poursuit le document.

Au gouvernement congolais, l’HRW demande d’« engager des poursuites contre les officiers militaires et les responsables gouvernementaux congolais qui ont fourni un appui aux FDLR ou à des groupes qui leur sont alliés » dans le Nord-Kivu, fief des groupes armés de la région des Grands lacs.
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Par Trésor Kibangula

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