Friday, 19 July 2013


A Goma, comme ailleurs sur l’ensemble du
territoire national, la population a compris le jeu. A Goma, elle a
donné la preuve de ne plus se laisser duper. En effet, elle est prête à
réagir pour protéger ceux qui la défendent. C’est le cas du colonel
Mamadou Ndala.
Même si son rappel n’était qu’une simple rumeur, à en croire des sources officielles, l’essentiel est que le message est parvenu à tous ceux qui fomentent des coups bas pour entretenir le chaos dans l’Est.
Le Potentiel
Rumeurs sur le rappel du commandant des opérations FARDC
De
rumeurs persistantes prédisant un éventuel rappel du commandant des
opérations des Forces armées de la RDC sur le front de Goma ont suscité
de vives manifestations hier jeudi dans le chef-lieu de la province du
Nord-Kivu. Unanime, la population s’est opposée à cette décision –
distillée dans l’opinion par des sources non identifiées - alors que les
FARDC récupèrent de plus en plus de terrain sur les rebelles du M23.
Les réactions n’ont pas tardé à venir, aussi bien à Kinshasa qu’à Goma.
Mais, au-delà des faits, c’est la symbolique de l’action qui interpelle.
Les manifestations de Goma démontrent, à coup sûr, de la détermination
du Congolais à mettre fin à l’humiliation. Un message que les agresseurs
et leurs parrains devaient capter à sa juste valeur.
Trop, c’est trop. C’est en substances le
message qu’a lancé hier jeudi la population de la ville de Goma dans la
province du Nord-Kivu. L’on se souvient des généraux Nabiola et Mbuza
Mabe qui ont été vite rappelé par leur hiérarchique militaire chaque
fois qu’ils ont pris le dessus sur les forces ennemies.
Craignant que la même sanction ne
retombe sur le colonel Mamadou Ndala, commandant des opérations sur le
front de Goma, la population du chef-lieu de la province du Nord-Kivu a
envahi les rues de la ville pour manifester sa désapprobation. Peu avant
midi, des jeunes ont manifesté dans la capitale provinciale du
Nord-Kivu pour demander le maintien en fonction de cet officier
supérieur des FARDC.
Le reporter indépendant Patrick Syaluha et le Colonel Ndala
Selon des témoignages recueillis sur
place à Goma, un groupe de jeunes et de motards ont pris d’assaut la
route Katindo-Sake peu avant midi pour, selon eux, « contester une
éventuelle relève du commandant des opérations militaires des FARDC ».
Ils ont barricadé la route au niveau du camp Katindo à l’ouest de Goma,
bloquant la circulation aux populations. Au moment où la police a
commencé à disperser les manifestants, un mouvement similaire a éclaté
sur la route de l’aéroport.
L’information, qui s’est propagée comme
une trainée de poudre dans la ville de Goma, n’a pas laissé indifférente
les autorités politiques aussi bien sur place qu’à Kinshasa. Tous sont
montés au créneau pour appeler à l’apaisement. Pendant ce temps, dans
les rues de Goma, la foudre s’est déployée avec une force
indescriptible.
Le cortège improvisé pour la circonstance s’est réparti à
deux, selon des sources concordantes. Une partie a emprunté la route de
l’aéroport de Goma et une autre s’est dirigée vers le port fluvial.
Avec pour seul objectif, empêcher que le colonel Ndala quitte la ville
de Goma. C’est tout un message que Kinshasa n’a pas tardé à décrypter.
VAGUE DE DEMENTIS
VAGUE DE DEMENTIS
Lambert Mende, ministre des Medias,
chargé des Relations avec le Parlement et de l’Initiation à la nouvelle
citoyenneté a, dans une déclaration faite hier jeudi 18 juillet, rendu
compte de la position du Gouvernement. D’emblée, le ministre a qualifié
les informations véhiculées à Goma de « rumeurs malveillantes »,
destinées juste, a-t-il dit, à démobiliser les troupes des FARDC
engagées sur le front.
« Cette information est fausse et relève de la
pire intoxication de la part des forces ennemies qui, en difficulté,
tentent ainsi de démobiliser les vaillantes troupes des FARDC, dont le
comportement de bravoure désarçonne les agresseurs », a déclaré Mende.
Pour atténuer les tensions qui sont du
reste estompées dans la ville en fin de journée de jeudi, Lambert Mende a
fait savoir que « le Gouvernement de la République appelle par
conséquent la population congolaise en général et celle de l’Est en
particulier à demeurer vigilante et à retracer l’origine de cette
désinformation à dessein », promettant en même temps que « les auteurs
de cette forfaiture et leurs relais sont à dénoncer aux autorités
compétentes ».
Sans doute pour calmer les ardeurs au sein de la
population de Goma, surchauffée par la complicité dont ferait preuve la
hiérarchie militaire des FARDC, Lambert Mende rassure que « pour le
Gouvernement, il n’a jamais été question de soustraire ces officiers de
leur tâche au moment où ils s’activent à la défense de la patrie ».
Bien avant le Gouvernement central, le
gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, a aussitôt démenti la rumeur,
appelant la population au calme. Par ailleurs, il a assuré que la «
hiérarchie militaire n’a rappelé aucun officier », avant de qualifier
cette rumeur « d’intoxication de l’ennemi » pour démobiliser les soldats
au front.
Contacté par Radio Okapi, le colonel
Mamadou Ndala a également réfuté l’information. Il a lui-même démenti la
rumeur répandue jeudi 18 juillet matin à Goma sur sa relève par la
hiérarchie militaire. « Ce n’est pas vrai, c’est une rumeur. Une
manipulation des rebelles qui veulent déstabiliser le moral de la
population et des troupes engagées au sol.
Deuxièmement, mon chef le
commandant région, le général Bauma, je suis en contact avec lui toutes
les cinq minutes. Si je devais être relevé, c’est lui l’autorité
hiérarchique qui pourrait m’indiquer cela. Donc, c’est faux et archifaux
», a déclaré le colonel Mamadou Ndala joint à la mi-journée par Radio
Okapi.
LE FIL CONDUCTEUR
LE FIL CONDUCTEUR
Les manifestations de Goma sont
porteuses d’un message. C’est la preuve du degré de répugnance de la
population face aux humiliations répétitives subies par le fait des
guerres récurrentes dans l’Est de la RDC.
A Kinshasa, tout comme à Goma,
les autorités politiques devaient les prendre au sérieux. Désormais,
c’est dans les rues de la République démocratique du Congo que pourrait
se dénouer bientôt la guerre de l’Est.
Dépitée, la population a découvert la
racine du mal. C’est, pense-t-elle, au niveau du commandement militaire
que se trouve la clé pour venir à bout de la pieuvre qui mine depuis
plus d’une décennie la partie Est de la RDC.
La population de Goma s’est
donc souvenue du sort réservé à Mbuza Mabe lors de la bataille de
Bukavu, suivi du cas Nabyola, cet officier qui a été relevé dans les
mêmes circonstances suspectes. Ces deux officiers généraux des FARDC ont
été vite rappelés par la même hiérarchie militaire au moment où ils
prenaient de l’avance et le dessus sur les troupes ennemies.
A Goma, la population a craint de
revivre la même expérience. Elle n’a trouvé d’issue que la rue pour
marquer son opposition. Au pouvoir de bien lire les signes de temps.
En effet, il y a quelques années, le
chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, avait fait part d’un vaste réseau
de la maffia politico-militaire qui s’est formé autour des tensions
récurrentes de l’Est.
Dans cette partie de la RDC, il s’est donc créé de
vastes réseaux maffieux qui ne vivent que de l’économie de guerre,
profitant de la situation de crise pour faire prospérer leur business.
Ainsi, chaque fois que les FARDC tentent
de se rapprocher de la cible pour apporter la paix dans l’Est, ces
réseaux se mobilisent pour désorienter les troupes et permettre ainsi à
l’ennemi de se reconstituer.
Même si son rappel n’était qu’une simple rumeur, à en croire des sources officielles, l’essentiel est que le message est parvenu à tous ceux qui fomentent des coups bas pour entretenir le chaos dans l’Est.
Le Potentiel
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire