vendredi 18 octobre 2013

Gouvernement : La Coalition pour le Vrai Dialogue déballe l'agenda caché de « KABILA »

18/10/2013 

 

Jean Bertrand EWANGA ISEWANGA IWOKA

La Coalition pour le Vrai Dialogue (CVD) s’insurge énergiquement contre l’utopie d’une démocratie soi disant consensuelle telle que soutenue par les délégués aux Concertations nationales et la mise en place d’un gouvernement dit de large ouverture qui est loin d’être un vecteur de cohésion nationale et de fin de la guerre, encore moins une réponse aux attentes du peuple, mais plutôt un sibyllin raccourci pour permettre à Monsieur KABILA de jouer aux prolongations à travers une transition de fait qui le maintiendrait au pouvoir au-delà de l’échéance constitutionnelle de la fin de son mandat prévue au 19 décembre 2016, soit dans 38 mois ou 1.157 jours ! 


La RDC reste classée dernière au monde, avec la Somalie, en ce qui concerne l’indice de développement humain; 40 % de nos populations souffrent de la malnutrition chronique, dont 6,5 millions d’enfants qui ne mangent pas à leur faim et un enfant sur dix qui souffre même de la malnutrition aiguë. 

DECLARATION POLITIQUE DE LA COALITION POUR LE VRAI DIALOGUE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

Mesdames et Messieurs de la presse,

La Coalition pour le Vrai Dialogue, CVD en sigle, véritable synergie des forces sociopolitiques congolaises a suivi avec attention, les travaux des concertations nationales créées et organisées pour et par le pouvoir au Palais du Peuple à Kinshasa, du 07 au 28 septembre 2013, en dépassement des délais impératifs prévus par l’ordonnance les convoquant.

En effet, il vous souviendra que tels des prophètes, pas de malheur mais de la vérité, nous avions prédit que ces concertations nationales initiées en violation de la Constitution et des instruments juridiques internationaux pour faire la volonté d’un homme et non le bonheur de tout un peuple, n’allaient pas conduire à la fin de la guerre ni à la cohésion nationale.

Aujourd’hui, nous pouvons dire, sans risque d’être contredits, qu’après les concertations nationales la situation est pire qu’avant, parce que les négociations de Kampala qui avaient commencé 8 mois plus tôt continuent indéfiniment.


Le peuple souverain a droit à une explication

Que font les délégués du Gouvernement et de M23 à Kampala qui sont tous payés, logés et nourris aux frais du trésor public, donc avec l’argent du contribuable congolais, première victime de cette guerre injuste ? 


A quand la fin de l’évaluation de l’Accord du 23 mars 2009 entre le Gouvernement et le CNDP, aujourd’hui M23, source de nos malheurs et de la tragédie des populations congolaises?

Dans les lignes qui suivent, nous allons vous convier à un exercice d’évaluation des travaux des concertations nationales. Et vous remarquerez par vous-même que c’est un gâchis de plus, un rendez-vous manqué avec l’histoire, une vraie distraction nationale.

Mesdames et Messieurs,

De l’analyse approfondie des recommandations issues de ces assises, la CVD fait le constat suivant :

1. Avec 697 recommandations, les délégués aux concertations ont eu le mérite de reconnaître et de démontrer par leur constat, l’échec du Président KABILA et de ses gouvernements successifs caractérisé par la mauvaise gouvernance et ses corollaires notamment :

- la corruption généralisée, l’impunité endémique, l’enrichissement sans cause;

- l’indifférence coupable face à la misère de notre peuple qui reste le cadet des soucis du Président KABILA et de son gouvernement;

- l’incapacité du pouvoir de mettre fin à la guerre, d’assurer la sécurité des personnes et celle de leurs biens et de garantir l’intégrité du territoire national;

- le pillage systématique des ressources naturelles et le détournement des deniers publics;

- le bradage du patrimoine national à travers la signature des contrats léonins.

Bref, par leur constat, les délégués aux concertations viennent de reconnaître et de confirmer ce que nous n’avons jamais cessé de démontrer, à savoir la déliquescence de l’État congolais. 


Ils ont tout simplement évité d’avouer que nous sommes dans une situation de non-Etat où tout est permis aux plus forts alors que pour les faibles, il n’y a ni protection, ni espoir pour le lendemain.

2. La reconfiguration du paysage politique congolais caractérisé aujourd’hui par l’existence de deux familles politiques, à savoir : la Majorité Présidentielle Requalifiée, sous l’autorité de Monsieur KABILA et l’Opposition composée des partis, organisations, associations et personnalités qui ont refusé de participer aux concertations nationales, parce que, apparentées à un simple Congrès de la Mouvance présidentielle.

D’ailleurs, dans son discours de clôture, le Chef de cette nouvelle majorité a félicité les délégués aux concertations pour avoir observé à la lettre ses orientations. Donc, c’est tout sauf un dialogue politique, tel que prôné par l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

3. La non prise en compte intentionnelle de la problématique de la crise de légitimité née des élections chaotiques du 28 novembre 2011 et de celle de la guerre de l’Est qui risque de conduire à la balkanisation du pays. 


Les participants aux concertations ont raté l’occasion de tirer les leçons de ces élections de triste mémoire afin de baliser la voie pour la poursuite du processus électoral plus crédible.

4.
La violation flagrante et intentionnelle, frisant la haute trahison, de la Constitution à travers l’initiative de convocation de deux Chambres du parlement en Congrès par le Président de la République, autorité morale de la nouvelle majorité reconstituée, en vue de leur faire endosser les résolutions controversées des assises pour lesquelles lui-même avait, par ailleurs, expressément interdit aux délégués de se substituer au souverain primaire.

En tout état de cause, pareille démarche énerve les prescrits de l’article 119 de la Constitution qui détermine et limite expressément les matières pour lesquelles les deux chambres du Parlement doivent être convoquées en Congrès à savoir :

- La procédure de révision constitutionnelle, conformément aux articles 218 à 220 de la présente Constitution;

- L’autorisation de la proclamation de l’état d’urgence ou de l’état de siège et de la déclaration de guerre, conformément aux articles 85 et 86 de la présente Constitution;

- L’audition du discours du Président de la République sur l’état de la Nation, conformément à l’article 77 de la présente Constitution;

- La désignation des trois membres de la Cour Constitutionnelle, conformément aux dispositions de l’article 158 de la présente Constitution».

Tirant les conséquences de ce sombre tableau, la CVD s’insurge énergiquement contre l’utopie d’une démocratie soi disant consensuelle telle que soutenue par les délégués aux Concertations nationales et la mise en place d’un gouvernement dit de large ouverture qui est loin d’être un vecteur de cohésion nationale et de fin de la guerre, encore moins une réponse aux attentes du peuple, mais plutôt un sibyllin raccourci pour permettre à Monsieur KABILA de jouer aux prolongations à travers une transition de fait qui le maintiendrait au pouvoir au-delà de l’échéance constitutionnelle de la fin de son mandat prévue au 19 décembre 2016, soit dans 38 mois ou 1.157 jours ! 


Du processus électoral

Tout en saluant l’initiative de la tenue d’un forum de concertation et d’échange entre la CENI et les partis politiques, la CVD exige du Bureau de cette institution citoyenne de prendre dès à présent, toutes les dispositions qui s’imposent pour parachever le cycle électoral commencé le 28 novembre 2011 en organisant les élections provinciales, sénatoriales ainsi que celles des gouverneurs de province au plus tard en 2014, étant donné que le budget y afférent a déjà été voté, la cartographie électorale connue et le fichier électoral disponible ; ce qui permettra de résoudre rapidement la question de légitimité de l’ensemble des institutions issues des élections de 2006 et dont le mandat est largement dépassé aujourd’hui. 


Tels sont les cas du Sénat, des Assemblées provinciales et des Gouverneurs de province dont l’inféodation à Monsieur KABILA et à son pouvoir demeure pour eux, la seule source de légitimité.

D’ailleurs, depuis la révision constitutionnelle de janvier 2011, le Président de la République a renforcé ses prérogatives, parce qu’il peut aujourd’hui dissoudre les Assemblées provinciales et révoquer les Gouverneurs des Provinces. Quel recul pour notre jeune démocratie!

Aussi, la CVD exige-t-elle que l’Abbé Président de la CENI diligente toutes affaires cessantes un audit externe du serveur central et du ficher électoral dans le but d’en extirper les doublons, les électeurs et bureaux de vote fictifs qui avaient permis à la mouvance au pouvoir d’opérer le hold-up électoral à travers les tricheries, fraudes et autres irrégularités tant décriées.

Dans le même ordre d’idées, la CVD s’insurge contre l’acharnement de l’Abbé Président à vouloir organiser à tout prix les élections locales, municipales et urbaines ou à les coupler avec les élections provinciales, en vue de permettre subtilement à Monsieur KABILA de prolonger son mandat au-delà du 19 décembre 2016, tout en sachant qu’il évoquerait le moment venu, l’absence de moyens financiers comme prétexte pour arrêter le processus électoral et accorder à Monsieur KABILA un prolongement de fait de son mandat à travers une transition politique de partage des pouvoirs qui remettrait le compteur à zéro.

Ainsi, Monsieur KABILA pourrait se présenter pour deux nouveaux mandats et aura, à lui seul, accompli 6 mandats, soit 30 ans de pouvoir sans partage et au mépris de la volonté du souverain primaire.

C’est pourquoi la CVD, dès à présent, attire l’attention du peuple congolais, des partenaires traditionnels et du reste de la Communauté internationale pour éviter que le processus électoral ne soit brusquement interrompu par toutes sortes de manœuvres dilatoires de la mouvance au pouvoir.

 
De la bonne gouvernance et du social des congolais


Sur ce chapitre, les résolutions ou recommandations des participants aux concertations n’ont apporté aucune nouveauté.

Aujourd’hui, la RDC reste classée dernière au monde, avec la Somalie, en ce qui concerne l’indice de développement humain; 40 % de nos populations souffrent de la malnutrition chronique, dont 6,5 millions d’enfants qui ne mangent pas à leur faim et un enfant sur dix qui souffre même de la malnutrition aiguë.

Aujourd’hui, il est établi que c’est la corruption érigée en mode de gestion, plus que la guerre elle-même qui en est l’une des conséquences à l’Est, qui justifie la misère généralisée au pays. En effet, c’est la mauvaise gouvernance qui continue à éloigner bon nombre d’investisseurs de la RDC.

D’ailleurs, le Premier Ministre l’a reconnu, lors de son dernier séjour aux USA, quand il a déclaré, même s’il globalise la situation, que «l’Afrique souffre de l’absence de leadership». 


En fait, il fallait le lire entre les lignes. Comment ne pas le croire sur parole quand le dernier classement (septembre 2013) de l’Indice de risque de corruption Maplecroft place la RDC comme le premier pays le plus corrompu de la planète.

Pour leur part, les provinces sont ramenées presqu’au rang de simples subdivisions administratives territoriales car, elles sont délibérément entrainées dans un dysfonctionnement à cause des injonctions, immixtions et confiscation de leurs ressources et prérogatives par le pouvoir central. 


La rétrocession des recettes aux provinces se fait de façon irrégulière et selon le bon vouloir du pouvoir de Kinshasa. 

De la position de la Coalition pour le Vrai Dialogue vis-à-vis de la Communauté internationale

La CVD apprécie à sa juste valeur l’implication de la Communauté Internationale dans la recherche de la paix en RD Congo et invite respectivement le Représentant Spécial et l’Envoyée Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies pour la Région des Grands-Lacs à exécuter effectivement le mandat leur confié par l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

La CVD veut voir la Communauté Internationale par le biais de l’Envoyée Spéciale et du Représentant Spécial, s’impliquer dans le processus global de réconciliation nationale et non se focaliser seulement sur les négociations de Kampala. 


Leur déni par rapport à la recherche interne de cohésion nationale est tout simplement regrettable au regard de la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, à tel enseigne que d’aucuns pourraient penser à une démarche qui frise la prime à la guerre.

Par ailleurs, la CVD s’interroge sur la raison d’être de la Brigade Spéciale, dont le mandat expire déjà le 27 mars 2014, sans avoir totalement exécuté sa mission principale. 


Y a-t-il des pesanteurs qui bloquent le bon fonctionnement de cette brigade qui a suscité tant d’espoirs pour la fin de la guerre? Ou c’est plutôt un problème de logistique qui fait défaut.

C’est ici le lieu de rappeler qu’en son temps, le Président Jacques Chirac, avec l’opération Artemis en Ituri, avait réussi à résoudre en trois mois la question des groupes armés et que dernièrement, le Président François Hollande, avec 3.000 hommes de troupes de l’opération Serval a mis en déroute les terroristes djihadistes au Mali pourtant lourdement plus armés que les rebelles du M23.

Que penser dès lors, de la Monusco qui peine à stabiliser les institutions à travers le pays et à mettre fin à la guerre de l’Est avec plus ou moins 18.000 hommes lourdement armés depuis plus de 14 ans et un budget annuel de plus ou moins 1 milliard de dollars?

Mesdames et Messieurs,

En conclusion, la CVD demande avec insistance la tenue d’un vrai dialogue inclusif et transparent impliquant tous les leaders politiques et sociaux du pays, qui doivent y aller avec humilité et ayant à l’esprit la primauté des intérêts du peuple congolais.

Pour être conséquente avec elle-même et cohérente dans sa démarche, la CVD, a élaboré les termes de référence d’un Vrai Dialogue transparent et inclusif, lesquels visent les objectifs suivants :

1. Mettre fin à la guerre ;

2. Refaire la cohésion nationale ;

3. Parachever le processus électoral ;

4. Instaurer la bonne gouvernance pour répondre aux besoins sociaux de notre peuple ;

5. Jeter les bases d’une justice distributive ;

6. Mettre en place la Commission de Droit de l’homme et celle de la lutte contre la corruption ;

7. Élaborer un modèle de la coopération régionale et internationale et faire des belligérants actuels des véritables partenaires économiques pour le développement de la sous-région et le bien être de nos populations respectives;

8. Mettre sur pied une armée véritablement républicaine socle de l’État de droit. Il est temps que les congolais s’assument pleinement en arrêtant de pleurnicher et d’attendre tout de la Communauté Internationale qui, du reste, a son propre agenda guidé par ses propres intérêts.

Les congolais doivent être respectueux de la parole donnée ainsi que de la Constitution et des lois qui régissent le pays.

Toutes tentatives de contournement de ces dernières ne peuvent que conduire à un recul préjudiciable pour la Nation toute entière. Il n’y a pas de cohésion nationale dans l’exclusion.

Slogans :

«Ba mata ba kita, élections na 2016»;

«Ba mata ba kita, mandat ya misato ezali te»;


Peuple congolais fongola miso, ayons foi en Dieu, car l’armée de l’Eternel est invincible.
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Fait à Kinshasa, le 16 octobre 2013.

POUR LA COALITION POUR LE VRAI DIALOGUE (CVD)
Honorable Jean Bertrand EWANGA ISEWANGA IWOKA,
Coordonnateur 

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© KongoTimes

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