22/10/2013
FARDC
Les volets politique et diplomatique ayant clairement montré leurs limites, l’option militaire prend le dessus. Les pourparlers de Kampala ont, une fois de plus, fait flop. L’espoir d’un ultime accord entre le M23 et Kinshasa s’effrite davantage.
Désormais, tous les ingrédients sont réunis pour la relance des hostilités. Et le M23 ne s’en cache plus en toisant aussi bien les FARDC que la Brigade spéciale d’intervention.
Le blocage constaté le week-end à Kampala entre le M23 et Kinshasa augure de mauvais jours dans la crise qui ronge en permanence la partie Est de la RDC.
Reprises le 10 septembre 2013 pour juste 14 jours, au terme d’une résolution adoptée par les chefs d’Etat de la CIRGL réunis en sommet extraordinaire dans la capitale ougandaise, lesdites négociations relèvent finalement de l’utopie.
Selon les échos en provenance de Kampala, Kinshasa s’est montré inflexible sur les questions de l’amnistie et de l’intégration des militaires du M23 dans les Forces armées de la RDC.
Bien avant de quitter la capitale ougandaise, le chef de la délégation congolaise Raymond Tshibanda a fait remarquer que « l’accord que nous recherchons doit être un accord qui conduit à une paix durable et qui préserve les intérêts de la nation congolaise.
Nous restons, en tant que délégation du gouvernement, prêts à poursuivre cet effort. Car, nous considérons que la quête de la paix doit être un effort permanent et soutenu ». Toutefois, il a précisé que « le gouvernement n’est pas prêt à un accord à tout prix».
Même son de cloche du côté du M23 au point que, à l’heure actuelle, les négociations se sont finalement butées à une impasse.
Chacun ayant choisi de camper sur ses positions, les négociations de Kampala entre le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et le M23 sont suspendues, ont indiqué lundi à l'AFP des représentants des deux parties.
C’est le cas notamment du porte-parole du gouvernement Lambert Mende qui a affirmé que « Les négociations sont suspendues ».
Interrogé sur l'arrêt des discussions, Lambert Mende a évoqué un « désaccord sur l'étendue de l'amnistie » des rebelles, ainsi que sur leur « intégration au sein des FARDC ».
Roger Lumbala, délégué du M23 à Kampala, a, lui, parlé d'un « blocage », indiquant que l'équipe du gouvernement n'avait pas accepté qu'il soit son interlocuteur dans la « commission militaire » parce qu'il avait, selon Kinshasa, « insulté » le président congolais Joseph Kabila.
Le divorce est-il consommé ?
Le chef de la délégation gouvernementale à Kampala a vite regagné Kinshasa, hier lundi dans la matinée, vidant ces négociations de toute sa substance politique. Peut-on déjà faire allusion à un divorce entre les deux parties ? Difficile à dire pour l’instant.
Car, quelques experts restent encore sur place à Kampala, naturellement, dans l’attente de nouvelles consignes de leur hiérarchie. C’est donc parti pour de nouvelles négociations en coulisses pour vider éventuellement les profondes divergences qui plombent ces négociations.
Pendant ce temps, sur le terrain, le M23, appuyé comme par son parrain de tout le temps, en l’occurrence Kigali, renforce ses positions militaires.
Dans le même temps, il multiplie des restrictions sur les territoires sous son contrôle. Tout récemment, il a interdit d’accès aux troupes de la Monusco et de la Brigade spéciale des Nations unies sur ses territoires.
C’est la preuve, s’il en était encore, que le M23 verrouille davantage son espace, anticipant sur une attaque imminente. Dans le même sens, des sources fiables ont indiqué que des jeunes gens recrutés de force, creuseraient déjà des tranchées en prévision de nouveaux affrontements.
Parallèlement à ce spectre de la guerre, la diplomatie n’a pas baissé les bras.
Dans les instances internationales, on garde toujours l’espoir de la signature d’un accord entre Kinshasa et le M23.
L'ONU et les envoyés spéciaux de la communauté internationale ont publié hier lundi un communiqué exhortant les deux camps « à faire preuve d'une retenue maximale sur le terrain pour permettre la conclusion de leur dialogue », espérant « que des progrès supplémentaires peuvent être faits dans les jours qui viennent sur les questions importantes en suspens ».
Tout en saluant des « progrès enregistrés » et encourageant Kinshasa et le M23 à « poursuivre les discussions », le chef de la Monusco a reconnu qu’« il reste encore du travail ».
« Ce travail va continuer et nous, comme Nations Unies, nous voudrions que la guerre finisse », a rassuré Martin Kobler.
Comment dès lors concilier les deux options diamétralement opposées, du moment que Kinshasa a fait savoir qu’il ne céderait nullement aux nouvelles revendications du M23, notamment en ce qui concernant l’allégement des conditions d’amnistie et d’intégration dans les FARDC.
Les Nations unies, qui continuent naïvement à croire à la sincérité du M23, devaient vite se raviser et changer d’option dans la mise en œuvre de sa stratégie de crise dans la région des Grands Lacs.
A ce stade, la communauté internationale devait jouer franc jeu et cesser son hypocrisie sur les raisons qui fondent l’entêtement du M23.
Changement de cap
En narguant toute la communauté internationale, le M23 doit avoir eu des assurances quelque part. D’où ? Certainement de ses parrains traditionnels, à savoir le Rwanda et, dans une certaine mesure, l’Ouganda.
En multipliant des exceptions dans les pourparlers de Kampala, le M23 joue juste le jeu de ses parrains. Il cherche à faire monter les enchères et permettre à ses parrains de consolider leur position sur le terrain.
Il est établi aujourd’hui qu’une stratégie de sortie de crise dans l’Est de la RDC qui n’exercera aucune pression sur le Rwanda et l’Ouganda est d’ores et déjà vouée à l’échec. C’est le cas des négociations de Kampala qui ont clairement étalé leur limite.
Il faut changer de fusil d’épaule, notamment dans les rangs des Nations unies. C’est le seul moyen pour l’Onu de laver l’opprobre dont la couvre le M23 et ses principaux soutiens.
Plus que les Nations unies, Kinshasa doit aujourd’hui faire prévaloir ses droits sur les territoires qui sont sous occupation du M23. Cela en actionnant le volet militaire.
La Constitution de la RDC et toutes les lois et conventions internationales lui reconnaissent le droit de défendre sa souveraineté ainsi que l’intégrité de son territoire.
Les deux volets de la tryptique évoquée par le chef de l’Etat s’étant avérés inappropriés pour le retour rapide de la paix dans l’Est précédents (politique et diplomatique), il ne faut plus se faire des illusions.
Le seul langage que le M23 comprend c’est celui des armes, il faut y aller. Les dernières offensives des FARDC auraient mis fin à l’aventure du M23 n’eût été ce « stop » venu de la fameuse communauté internationale qui semble aujourd’hui désemparée, sinon complice des manœuvres dont elle connaît, mieux que quiconque, les tenants et les aboutissants.
_________
[lePotentiel]
FARDC
Les volets politique et diplomatique ayant clairement montré leurs limites, l’option militaire prend le dessus. Les pourparlers de Kampala ont, une fois de plus, fait flop. L’espoir d’un ultime accord entre le M23 et Kinshasa s’effrite davantage.
Désormais, tous les ingrédients sont réunis pour la relance des hostilités. Et le M23 ne s’en cache plus en toisant aussi bien les FARDC que la Brigade spéciale d’intervention.
Le blocage constaté le week-end à Kampala entre le M23 et Kinshasa augure de mauvais jours dans la crise qui ronge en permanence la partie Est de la RDC.
Reprises le 10 septembre 2013 pour juste 14 jours, au terme d’une résolution adoptée par les chefs d’Etat de la CIRGL réunis en sommet extraordinaire dans la capitale ougandaise, lesdites négociations relèvent finalement de l’utopie.
Selon les échos en provenance de Kampala, Kinshasa s’est montré inflexible sur les questions de l’amnistie et de l’intégration des militaires du M23 dans les Forces armées de la RDC.
Bien avant de quitter la capitale ougandaise, le chef de la délégation congolaise Raymond Tshibanda a fait remarquer que « l’accord que nous recherchons doit être un accord qui conduit à une paix durable et qui préserve les intérêts de la nation congolaise.
Nous restons, en tant que délégation du gouvernement, prêts à poursuivre cet effort. Car, nous considérons que la quête de la paix doit être un effort permanent et soutenu ». Toutefois, il a précisé que « le gouvernement n’est pas prêt à un accord à tout prix».
Même son de cloche du côté du M23 au point que, à l’heure actuelle, les négociations se sont finalement butées à une impasse.
Chacun ayant choisi de camper sur ses positions, les négociations de Kampala entre le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et le M23 sont suspendues, ont indiqué lundi à l'AFP des représentants des deux parties.
C’est le cas notamment du porte-parole du gouvernement Lambert Mende qui a affirmé que « Les négociations sont suspendues ».
Interrogé sur l'arrêt des discussions, Lambert Mende a évoqué un « désaccord sur l'étendue de l'amnistie » des rebelles, ainsi que sur leur « intégration au sein des FARDC ».
Roger Lumbala, délégué du M23 à Kampala, a, lui, parlé d'un « blocage », indiquant que l'équipe du gouvernement n'avait pas accepté qu'il soit son interlocuteur dans la « commission militaire » parce qu'il avait, selon Kinshasa, « insulté » le président congolais Joseph Kabila.
Le divorce est-il consommé ?
Le chef de la délégation gouvernementale à Kampala a vite regagné Kinshasa, hier lundi dans la matinée, vidant ces négociations de toute sa substance politique. Peut-on déjà faire allusion à un divorce entre les deux parties ? Difficile à dire pour l’instant.
Car, quelques experts restent encore sur place à Kampala, naturellement, dans l’attente de nouvelles consignes de leur hiérarchie. C’est donc parti pour de nouvelles négociations en coulisses pour vider éventuellement les profondes divergences qui plombent ces négociations.
Pendant ce temps, sur le terrain, le M23, appuyé comme par son parrain de tout le temps, en l’occurrence Kigali, renforce ses positions militaires.
Dans le même temps, il multiplie des restrictions sur les territoires sous son contrôle. Tout récemment, il a interdit d’accès aux troupes de la Monusco et de la Brigade spéciale des Nations unies sur ses territoires.
C’est la preuve, s’il en était encore, que le M23 verrouille davantage son espace, anticipant sur une attaque imminente. Dans le même sens, des sources fiables ont indiqué que des jeunes gens recrutés de force, creuseraient déjà des tranchées en prévision de nouveaux affrontements.
Parallèlement à ce spectre de la guerre, la diplomatie n’a pas baissé les bras.
Dans les instances internationales, on garde toujours l’espoir de la signature d’un accord entre Kinshasa et le M23.
L'ONU et les envoyés spéciaux de la communauté internationale ont publié hier lundi un communiqué exhortant les deux camps « à faire preuve d'une retenue maximale sur le terrain pour permettre la conclusion de leur dialogue », espérant « que des progrès supplémentaires peuvent être faits dans les jours qui viennent sur les questions importantes en suspens ».
Tout en saluant des « progrès enregistrés » et encourageant Kinshasa et le M23 à « poursuivre les discussions », le chef de la Monusco a reconnu qu’« il reste encore du travail ».
« Ce travail va continuer et nous, comme Nations Unies, nous voudrions que la guerre finisse », a rassuré Martin Kobler.
Comment dès lors concilier les deux options diamétralement opposées, du moment que Kinshasa a fait savoir qu’il ne céderait nullement aux nouvelles revendications du M23, notamment en ce qui concernant l’allégement des conditions d’amnistie et d’intégration dans les FARDC.
Les Nations unies, qui continuent naïvement à croire à la sincérité du M23, devaient vite se raviser et changer d’option dans la mise en œuvre de sa stratégie de crise dans la région des Grands Lacs.
A ce stade, la communauté internationale devait jouer franc jeu et cesser son hypocrisie sur les raisons qui fondent l’entêtement du M23.
Changement de cap
En narguant toute la communauté internationale, le M23 doit avoir eu des assurances quelque part. D’où ? Certainement de ses parrains traditionnels, à savoir le Rwanda et, dans une certaine mesure, l’Ouganda.
En multipliant des exceptions dans les pourparlers de Kampala, le M23 joue juste le jeu de ses parrains. Il cherche à faire monter les enchères et permettre à ses parrains de consolider leur position sur le terrain.
Il est établi aujourd’hui qu’une stratégie de sortie de crise dans l’Est de la RDC qui n’exercera aucune pression sur le Rwanda et l’Ouganda est d’ores et déjà vouée à l’échec. C’est le cas des négociations de Kampala qui ont clairement étalé leur limite.
Il faut changer de fusil d’épaule, notamment dans les rangs des Nations unies. C’est le seul moyen pour l’Onu de laver l’opprobre dont la couvre le M23 et ses principaux soutiens.
Plus que les Nations unies, Kinshasa doit aujourd’hui faire prévaloir ses droits sur les territoires qui sont sous occupation du M23. Cela en actionnant le volet militaire.
La Constitution de la RDC et toutes les lois et conventions internationales lui reconnaissent le droit de défendre sa souveraineté ainsi que l’intégrité de son territoire.
Les deux volets de la tryptique évoquée par le chef de l’Etat s’étant avérés inappropriés pour le retour rapide de la paix dans l’Est précédents (politique et diplomatique), il ne faut plus se faire des illusions.
Le seul langage que le M23 comprend c’est celui des armes, il faut y aller. Les dernières offensives des FARDC auraient mis fin à l’aventure du M23 n’eût été ce « stop » venu de la fameuse communauté internationale qui semble aujourd’hui désemparée, sinon complice des manœuvres dont elle connaît, mieux que quiconque, les tenants et les aboutissants.
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[lePotentiel]
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