samedi 12 octobre 2013

Politique Africaine : La problématique du énième mandat

9 Octobre 2013



De gauche à droite: Blaise Compaoré (Burkina Faso); Joseph Kabila (RD Congo); Denis Sassou Nguesso (Republique du Congo)

Entre 2015 et 2016,plusieurs chefs d’état Africains seront en principe en fin de mandat constitutionnel ,mais grande est la tentation qui gagne leur état major qui se résigne à respecter la limitation de mandat qu’ils ont pour la plupart eux même fait inscrire dans leur constitution respectif. 


Nous sommes intéressé à décrypter ce dossier qui pour la plupart du temps est monnaie courante dans l’espace Francophone. Nombreux sont les dirigeants africains à avoir modifié la Loi fondamentale de leur pays afin de conserver le pouvoir… Une pratique qui confine à la coutume.

«Le pouvoir est mielleux et tentant », dit un dicton populaire en Afrique francophone. On se rappel que Gnassingbé Eyadema, au pouvoir depuis plus de trente ans avait promis – juré craché – de respecter la constitution de 1992, limitant à deux le nombre des mandats ;Mamadou Tanja lors d’une visite de Sakozy déclara partir à la fin de son mandat, Abdoulaye Wade qui se passait pour celui qui avait verrouillé la constitution en véritable démocrate a tenté en vain d’obtenir un troisième mandat …les exemples à ce sujet sont nombreux ;mais il sied de noter que si à l’époque Eyadéma ,Biya ,Blaise Compaoré et Idris Deby ont justifier leur décision de modifier la constitution par la seule volonté du peuple vraisemblablement manipulé à travers les marches de soutien ne saurait faire recette en ce moment au regard de l’environnement politique international marqué par la contagion des mouvements insurrectionnels des pays Arabes(Tunisie ,Egypte…); et de l’idée qu’on ne meurt plus au pouvoir en faisant référence à la démission du Pape Benoix XVI et de l’abdication de la reine Béatrice des pays bas puis récemment du Roi de la Belgique.

En effet, en 2015 et 2016, les présidents Yayi Boni, Sassou Nguésso, Joseph Kabila, Blaise Compaoré, Paul Kagamé, Jakaya Kikwété, Pierre Nkurunziza … seront constitutionnel fort clos et ne pourront en aucun cas se porter candidat à leur propre succession sauf modification de la constitution. 


Cette méthode semble être inscrit dans le projet de certains d’entre eux qui commencent souterrainement à manœuvrer dans le but de prendre une décision allant dans le sens de la modification en mettant en exergue la volonté populaire, surtout que parmi eux il y’en a qui pensent qu’ils sont indispensables et demeurent les seuls maîtres du navire; mieux les seuls garant de la stabilité politique de leur pays.

La décision de la modification de la constitution s’inscrit dans un mouvement croissant en Afrique subsaharienne notamment dans l’espace francophone, en faveur du changement des dispositions constitutionnelles sur le nombre de mandats présidentiels. 


Au début des années 90, alors qu’un vent de démocratisation soufflait sur cette partie du monde, un grand nombre de pays africains avaient en son temps adopté de nouvelles constitutions, censées refléter l’ouverture des régimes en place. 

«Finis les présidents à vie! », entendait-on dire, dans une région, jusque-là, habituée aux dirigeants indéboulonnables. 

Et pour attester de l’entrée dans une nouvelle ère, nombre d’Etats, y compris ceux dirigés par des autocrates avérés, ont introduit dans leur loi fondamentale le principe de la limitation à deux mandats présidentiels et la limitation d’âge; constituant ainsi un verrou à l’exercice du pouvoir à vie.

Les bons et les mauvais «élèves»

Sauf qu’une fois arrivés à terme de leur mandat, bien des chefs d’Etat Africains ont du mal à se faire à l’idée de raccrocher. Il y a bien sûre les modèles qui pensent qu’il y’a une vie après le pouvoir, nous pouvons ainsi cité parmi eux les chefs d’état comme l’ex président malien, Alpha Oumar Konaré, John Kufor, Pedro Pires du Cape Vert ,Kibaki du Kenya , Miguel Trovoada de Sao tomé,Obasandjo du Nigéria , John Jerry Rawlings… 


Aujourd’hui l’un des plus jeunes président retraité d’Afrique, il est aussi le premier, dans l’histoire de son pays le Ghana, a avoir remis démocratiquement le pouvoir à son successeur, en l’occurrence John Kufor, en décembre 2000 un opposant ; ce qui constitua une alternance et à son tour ce dernier céda le pouvoir au terme de son mandat au vainqueur du scrutin 2009 ; le défunt président John Atta Mills.

Pour beaucoup d’autres présidents, la tentation est trop grande. Au Congo Brazza, en Rdc les ténors du pouvoir ont déjà lancé le débat sur l’éventualité de la modification de la constitution ce qui serait vraisemblablement très compliqué par exemple dans le cas du Congo Brazza qui dispose d’une constitution rigide car les dispositions relatives à la limitation de mandat et celles de la fixation de l’âge à 70 ans ne peuvent faire l’objet d’aucune modification ; il faudrait dans ce cas réécrire une nouvelle constitution qui sera soumis ensuite au référendum. 


La procédure est longue, compliquée et couteuse ; surtout que le pouvoir est resté muet durant des années sur la question en faisant plané le suspens dû au fait que le président ne donne aucune orientation jusqu’à ce jour. va-t-il partir ?prépare t-il quelqu’un ?rien de perceptible pour l’heure. 

Bien que dans un des ses ouvrages intitulé « Parler Vrai pour l’Afrique » dans lequel Mandela avait signé l’avant propos, le président Sassou à la page 89 envisageait pour la première fois sa retraite politique du fait qu’il n’allait plus avoir l’âge requis puis la constitution limitait le nombre de mandat à deux. 

Toutefois, le désire de voir le président rempiler un troisième mandat au Congo semble être inscrit à l’ordre du jour de l’agenda politique du pouvoir qui multiplie le lancement des projets qui visiblement prendront fin au-delà du mandat du président Sassou ce qui laisse la voie à toutes les interprétations .

Mais ,un des lieutenants politique du président en l’occurrence le ministre chargé des zones économiques spéciales Alain Akouala à lancer le débat est s’est prononcé favorablement au projet de la modification de la constitution en vue de permettre au président Sassou de briguer un troisième mandat. 

En dehors de ce dernier personne dans l’entourage immédiat du président ni lui-même ne s’ est encore prononcé sur le sujet .Affaire à suivre

En Rdc le président congolais Joseph Kabila, dont le mandat prendra fin en 2016, ne pourra pas se représenter à la prochaine présidentielle… à moins que la Constitution du pays ne soit modifiée. 


Une éventualité qu’esquissait récemment dans un livre l’un des proches du chef de l’État, Évariste Boshab ancien président de l’assemblée nationale. 

Mais de leur côté, les évêques, l’opposition politique et diverses associations ont lancé un mouvement dénommé « Touche pas à ma constitution » ;pour couper court ce débat notamment dans un climat où le jeune président de la Rdc s’active à coordonner la réussite et à consolider les acquis d’ une concertation nationale ;des sources crédibles nous indiquent que ce dernier aurait confier à des proches et à des diplomates en poste en Rdc son désire de quitter la scène politique à la fin de son mandat ;si cela s’avérait réel, cette confession mettra sans nul doute en difficulté certains de ses paires qui jusqu’à ce jour ne se sont pas encore clairement prononcé sur la question.

Au Benin par contre Yayi Boni a juré et pris l’engagement devant le Pape sortant qu’il ne modifiera pas la constitution ;mais l’opinion Béninoise reste prudente sur la modification en cours proposé par le chef de l’Etat qui semble ne pas intéressé l’article de la limitation des mandats ;mais plutôt pour créer de novelles institutions comme la cour des comptes puis la constitutionnalisation de la commission chargée d’organiser les élections .


Mais ce projet de modification partielle suscite déjà des réactions diverses et variées au sein de l’opinion Béninoise .

D’ou la naissance d’un mouvement dénommé « Touche pas à ma constitution »qui vient de lancer au Benin un mercredi « Rouge » .

Le but du mouvement est d’ appeler les défenseurs de la démocratie à porter le rouge tous les mercredi en signe de protestation contre une éventuelle modification de la constitution .

Car pour ce mouvement, le simple changement d’une virgule de la constitution constituerait un danger pour la démocratie .C’est dans cette ambiance électrique que les évêques du Benin ont aussi mis en garde le pouvoir contre toute tentative de modification même partielle de la constitution .

Au Burkina Faso, en 2011 Blaise Compaoré avait créer un comité chargé de reformes constitutionnelles ; le consensus ne fut pas trouvé sur la l’article 37 dont le chef de l’état disait à l’époque qu’il resterait en l’état donc pas de modification en perspective jusqu’à nouvel ordre .mais des sources et des informions crédibles en notre possession nous indique que Blaise Compaoré confie en privé qu’il prendra sa retraite politique à la tête du Burkina ;mais l’opinion reste mobilisé sur la question et depuis un moment les organisations de la société civile multiplient des manifestations et des mise en garde qui ont récemment conduit le président Compaoré à prendre un décret suspendant la mise en place du Sénat récusé par la rue Burkinabè .


Les évêques du Burkina ont récemment dans une lettre pastorale interpeller le chef de l’état face au danger d’implosion qui guettait le pays si la tentation de se maintenir au pouvoir aux mépris des règles constitutionnelles s’avéraient réel. 

En réponse à toutes ses interrogations le président Compaoré a dans un message diffusé le 06 septembre dernier dont nous nous sommes procuré une copie déclare ce qui suit : « Le Sénat est une institution d’un grand intérêt pour la démocratie en permettant d’élargir à des composantes non partisanes, la production législative : il mérite, à ce titre, d’être bien compris.

En tant que Président du Faso et garant de l’unité nationale, j’appelle le Gouvernement à élargir les concertations à toutes les composantes sociales et politiques pour bien asseoir la pertinence de cette institution républicaine.

Par ailleurs, j’invite les acteurs politiques à créer et à développer entre eux des échanges constructifs pour un raffermissement continu de la cohésion sociale et un approfondissement de notre processus démocratique »


De son côté l’opposition qui suspecte le pouvoir d’avoir un agenda caché de modification de la constitution par le biais de la mise en place du sénat campe toujours sur sa position : l’objectif final du Sénat selon cette dernière reste la modification de l’article 37 de la Constitution. 

Permettant au président de bringuer un nouveau mandat. Tout compte fait le bras de fer est lancé à deux ans de la fin du mandat constitutionnel de Blaise Compaoré .

En visite à Washington en marge de l’Assemblée Général des Nations unies Blaise Compaoré a indiqué dans une interview à la voix de l’Amérique ,qu’il connaissait les limites de ses forces et de son intelligence.2015 est encore loin il a d’autres priorités ce débat ne l’intéresse pas .

Dans les cas cités ci-dessus ,la tentation d’un énième mandat n’est toujours pas exclu au regard des agissements souterrains et des prises de position de certains caciques du pouvoir qui n’hésitent toujours pas à soutenir l’idée d’un maintien au pouvoir contre vent et marées de leurs Big Boss encore en poste bien que la constitution les déclarent fort clos en lançant des concepts du genre « Touche pas à mon président ».


En attendant le moment venu tout reste encore possible aux yeux de certains courtisans des palais des pouvoir en fin de mandat qui manœuvreraient sans cesse en faveur d’une modification de la loi fondamentale sans mesurer en amont tout comme en aval la réaction de l’opinion nationale et internationale.

Par ailleurs, sur le continent, la grande majorité des pays ont inscrit la limitation à deux mandats dans leur constitution. Certains l’on fait récemment, comme le Cameroun, dont le président Paul Biya, réélu soit un an après la révision de la loi fondamentale en ce sens-, a encore de beaux jours. 


Le pétrole dont l’exploitation à démarrer et coule à flot dans l’un des pays les plus pauvres d’Afrique ; le Tchad. Alors la tentation pourrait être grande pour Deby de rester au pouvoir. 

De son côté Obiang Nguéma qui a reformé récemment la constitution et limiter le nombre de mandat se dit prêt à partir à la fin de son mandat. 

Paul Kagamé lui laisse encore plané le doute bien qu’il a affirme à qui veut l’entendre que le Rwanda ne l’appartient pas et qu’un jour la loi lui imposerait de se retirer démocratiquement du pouvoir ,il sont peu les observateurs qui parient sur un éventuel départ de Kagamé dans les conditions actuelles de crise ouverte dans la région des Glands Lacs où le Rwanda est accusé d’agression et de soutien avéré au rebelles du M23 actifs en RDC. 

Mais Paul Kagamé demeure un énigme bien qu’il donne des signaux attestant sa volonté de quitter le pouvoir à la fin de son mandat ;la tentation de rester plane sur les collines de Kigali .C’est aussi le même suspens qui plane autour de l’avenir du président du Burundji qui lui aussi serait en fin de mandat .

Somme toute, la question relative à la tentation du énième mandat laisse présager l’institutionnalisation d’une règle monarchique comme nous l’indique dans une tribune le Prof. Béninois Cossi Bio Ossè qui argue que :« la tentation ou le syndrome monarchique est là. Le pouvoir est trop jouissif pour être abandonné de si tôt. 


De plus, la perspective de l’abandonner est d’autant plus anxiogène que l’œuvre accomplie jure avec les belles promesses, tandis que la liste des crimes est aussi longue que le sombre chemin qui mène en enfer. 

Et la seule idée de devoir répondre de ses crimes plonge le dirigeant dans une frayeur ineffable. D’où l’idée folle en apparence d’un troisième mandat, qui apparaît comme la seule solution pour unir les deux vessies que le dirigeant tient pour des lanternes : la tentation monarchique et la peur de rendre compte de ses crimes ».

D’une certaine manière ces deux notions sont analytiques au sens kantien du terme. 


Car le monarque n’est pas seulement celui dont le terme politique et le terme biologique se confondent. Dans l’éthique de l’irresponsabilité du personnel politique africain, qui abuse du vide morale et juridique laissé par la colonisation et stimulé par le néocolonialisme, le monarque, surtout lorsqu’il se croit de droit divin ou traditionnel comme, c’est aussi celui qui n’a de compte à ne rendre à personne semble être la logique qui rime dans les arcanes des palais Africains où les laudateurs qui entourent nos dirigeants ne perçoivent nullement la réaction d’un peuple abusé.

Au regard de tout ce qui précède force est de faire remarquer que tout abus à la démocratie à une fin regrettable. Le fait de vouloir par tous les moyens torpiller la constitution pour rempiler un énième mandat constitue vraisemblablement un abus démocratique et une trahison du serment constitutionnel dont le chef d’état assermenté prenait l’engagement lors de son investiture de défendre et de respecter la constitution. 


Le changement d’une constitution à des fin de se maintenir au pouvoir en constitue à cet effet une violation flagrante des aspirations profondes du peuple qui s’est prononcé par referendum en tant que souverain primaire et dépositaire du pouvoir d’état. 

Respecter les termes de la constitution c’est respecter son peuple tel devrait être à notre avis le leitmotiv des dirigeants Africains notamment ceux tenté par un énième mandat.
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Rodrigue Fénelon Massala

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