mardi 15 octobre 2013

Récidivisme et impénitence du M23 : La RDC demande des sanctions internationales

14/10/2013 

 

Sultani MAKENGA

Le gouvernement de la RD Congo a appelé lundi 14 octobre 2013 à Kinshasa à des sanctions « dissuasives » et « crédibles » contre la rébellion du M23 qui a « canardé » vendredi dernier un hélicoptère de la Monusco près de Rumangabo (Nord-Kivu).

« Cette attaque a été confirmée par le M23 dont un porte-parole nous a même gratifié de précisions selon lesquelles c’est à la mitrailleuse que les rebelles ont attaqué l’appareil qu’ils avaient pris pour un aéronef des FARDC. 


Cette déclaration va à contresens des propos du même porte-parole du M23 selon lesquels l’hélicoptère ciblé survolait la zone à très basse altitude », a déclaré son porte-parole, le ministre des Médias Lambert Mende Omalanga au cours d’une conférence de presse.

Condamnant un « acte qui constitue une violation flagrante du Droit international », le gouvernement congolais a affirmé que « pareille attaque ciblant les forces des Nations Unies est assimilée à un crime de guerre aux termes des Conventions de Genève et des Protocoles additionnels ».

« Il importe que la communauté internationale y réponde par des sanctions appropriées. Cet acte d’agression de la mission onusienne par le M23 vendredi dernier constitue aussi une violation flagrante des décisions des Etats membres de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) qui, lors du dernier sommet de Kampala, ont exigé à ce groupe armé, de mettre fin à toute activité militaire », a indiqué Lambert Mende.

Dans la foulée, le gouvernement congolais a exprimé « toute sa solidarité avec la MONUSCO et sa Brigade Internationale d’Intervention dont elle apprécie la persévérance dans l’accomplissement de sa mission de protection des populations civiles du Nord-Kivu qui ploient depuis plus d’une année sous le joug des forces négatives du M23 ».
Les Congolais écœurés

Le porte-parole du gouvernement congolais a rappelé qu’« il y a quelques jours, faisant écho à l’injonction du sommet de la CIRGL, le M23 avait lui-même annoncé sa décision de déposer les armes et le retour de ses membres à la vie civile » et annoncé qu’« à ce jour, les Congolais écœurés constatent que contrairement à cet engagement solennel, les mutins ont continué à se renforcer militairement, notamment en recrutant des nouveaux combattants, dont des enfants, surtout au Rwanda ».

« L’efficacité de la stabilisation de la région des Grands Lacs commande que les Nations Unies et tous les autres membres de la Communauté internationale rompent avec l’indifférence et qu’ils se joignent à cette réprobation du mépris du droit international et de la vie humaine affiché par ceux qui ont créé et soutiennent la force négative M23 », selon le ministre des Médias.

De ce fait, le gouvernement de la RDC appelle « la conscience universelle à se montrer intraitable face à l’entêtement du M23 et de ses maîtres à penser au Rwanda et juge désagréable  dans ces circonstances de constater que l’activisme criminel du M23 se trouve parfois encouragé par les messages contradictoires émis par un certain nombre de nos partenaires ».

« Dire comme on l’entend trop souvent que le M23 n’est pas la seule force négative dans la région, que la solution militaire n’est pas possible pour pacifier le Kivu, ou encore qu’il faut réintégrer inconditionnellement tous les mutins du M23 au sein des FARDC, est contreproductif au regard des efforts de dissuasion qui sont les plus efficients dans le cas d’espèce », s’est indigné le porte-parole du gouvernement congolais.

Il est d’avis que « de tels messages envoient le mauvais signal de l’impunité et de la prime à la criminalité dont on sait qu’elles sont les principaux vecteurs des fléaux des séditions et des sévices dans notre pays. Plus de fermeté s’impose dans l’application de la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité qui exige expressis verbis l’éradication des forces négatives M23 et autres ». 


« Récidivisme et impénitence du M23 »

Le gouvernement de la RDC, qui observe que les rebelles du M23 font « continuellement fi des recommandations et décisions des Chefs d’Etat de la CIRGL », notent qu’ils « ont jusqu’à ce jour, poursuivi leurs activités militaires à partir de bases arrière situées principalement au Rwanda ».

« Sur le recrutement d’enfants soldats, qui constitue un crime de guerre sanctionné par le droit international depuis l’entrée en vigueur de la Cour Pénale Internationale en 2002, les rapports de la société civile locale et des ONG internationales sont explicites et corroborent les observations de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation du Congo (MONUSCO) et de nos services », a indiqué Lambert Mende.

Il a fait remarquer que « tous ceux qui, au Rwanda, s’évertuent à apporter appui et soutien à ces recrutements d’adultes ou d’enfants pour la déstabilisation de la RDC bafouent l’Accord-cadre d’Addis-Abeba dont ce pays, membre des Nations Unies, de l’Union Africaine et de la CIRGL est signataire ».

« De plus, ils foulent aux pieds les lois internationales qui interdisent strictement l’utilisation d’enfants dans des conflits armés. Ici également, comme dans plusieurs autres cas, il faut, hélas, déplorer la complaisance de la communauté internationale qui s’illustre par une application sélective des sanctions contre ceux de ses membres en conflit avec le droit international. Une situation de deux poids deux mesures que le Président de la République, Joseph Kabila, a eu à dénoncer à la tribune de l’Assemblée Générale des Nations-Unies à New York », a encore stigmatisé le ministre congolais des Médias.

S’agissant des pourparlers entre le gouvernement de la RDC et le M23 à Kampala, il a signalé « quelques contradictions » qui les ont émaillés ces derniers jours. « Ces contradictions ont prolongé lesdits pourparlers au-delà des délais prévus.

On a eu parfois l’impression que les éléments du M23 n’ont demandé ces pourparlers que pour gagner du temps », a-t-il ajouté.

Selon Lambert Mende, « le Gouvernement estime à ce jour avoir été jusqu’au bout de sa bonne foi en donnant tout ce qu’il était possible de donner sans sacrifier l’existence même de la RDC. 


Il a ainsi : (i) accepté de poursuivre les pourparlers au-delà de tous les délais prévus à cette fin ; (ii) accepté de prendre en charge toutes les dépenses des pourparlers aux frais du Trésor ; (iii) déférer à la demande des chefs d’Etats de la CIRGL d’observer une retenue sur le théâtre des opérations militaires pendant la durée des pourparlers ».

Le gouvernement a également « accepté de (iv) clarifier les détails de la réponse institutionnelle à la requête du M23 pour l’amnistie et l’intégration au sein des FARDC en fournissant des listes de personnes non éligibles d’où il ressort que le plus grand nombre des membres de ce groupe bénéficiera de l’amnistie et sera éligible, le cas échéant à l’intégration dans les FARDC aux conditions de tous les autres citoyens ».

« Nous estimons avoir fait notre part en remettant à la facilitation ougandaise les conclusions que nous inspiré les propositions du M23. Alors que nous attendons le document de synthèse intégrant nos vues et celles des éléments du M23. 


Il faut dire que nous partageons les préoccupations de ceux qui n’attendent plus grand chose de ces pourparlers après avoir entendu les propos mensongers, discourtois et méprisants tenus par deux responsables du M23, Messieurs René Abandi et Roger Lumbala, qui se trouvent être respectivement chef et chef adjoint de la délégation de ce groupe armé aux pourparlers de Kampala », a-t-il conclu. 
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© KongoTimes

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