dimanche 22 décembre 2013

Bagarre SASSOU/TSOUROU: La rançon des compromissions

jeudi 19 décembre 2013

La capitale du Congo Brazzaville baigne, depuis le dimanche 15 décembre 2013, dans une atmosphère tendue. Et pour cause ; des échanges de tirs entre forces de l’ordre du Congo et des gardes de Marcel Tsourou, ancien numéro deux du régime du président Denis Sassou Nguesso. 




Il faut rappeler que le colonel Marcel Tsourou n’est autre que l’ancien compagnon d’arme du chef de l’Etat congolais, fidèle parmi ses fidèles, homme de guerre et stratège incontesté du régime Sassou. 

Seulement, les relations entre les deux hommes ne sont plus au beau fixe, depuis la série d’explosions qui a eu lieu dans un dépôt d’armes d’une caserne à Mpila, une localité située au nord de la capitale.

Officiellement, Marcel Tsourou aurait opposé un refus aux forces de l’ordre qui avaient reçu mandat de perquisitionner son domicile

Cette série d’explosions avait causé la mort de plusieurs centaines de personnes. On se souvient également qu’à l’époque, (en mars 2012), les autorités congolaises avaient invoqué "un incendie accidentel qui aurait été provoqué par un court-circuit dans ladite caserne." 


C’était avant qu’une enquête, diligentée par le pouvoir, vienne mettre en cause le fidèle compagnon et homme de main du chef de l’Etat congolais. Marcel Tsourou avait alors été condamné à cinq ans de prison avec sursis. 

Chose que le colonel n’a jamais digérée, surtout que d’autres officiers de l’armée, également mis en cause dans cette affaire, ont été purement et simplement blanchis.

Le bilan officiel des victimes de cette arrestation musclée n’a pas encore été donné, mais certaines sources font état de deux morts dans les rangs des forces de l’ordre congolaises et de 22 du côté des partisans du colonel Marcel Tsourou. 


Mais que reproche le régime congolais au colonel Marcel Tsourou ? Officiellement, Marcel Tsourou aurait opposé un refus aux forces de l’ordre qui avaient reçu mandat de perquisitionner son domicile, suite à des soupçons de détention illégale d’armes de guerre. 


Il s’agirait donc « d’un cas flagrant de création et d’entretien de milice, fait puni par la loi ». Certaines personnes avancent cependant l’hypothèse d’une machination du régime, visant à réduire le colonel au silence et à le dissuader de toute prétention au fauteuil présidentiel.

Triste sort pour celui qui a été l’artisan de la victoire militaire de Sassou Nguesso

Il n’est en effet un secret pour personne, au Congo, que le colonel Marcel Tsourou n’était plus en odeur de sainteté auprès des autorités de ce pays, depuis que ce dernier a eu la mauvaise inspiration de parler lors de son 56è anniversaire, d’un « destin présidentiel ». 


Triste sort pour celui qui a été l’artisan de la victoire militaire de Sassou Nguesso et qui a tant travaillé pour assoir le pouvoir de ce dernier. Mais le colonel Marcel Tsourou aurait dû le savoir depuis longtemps : « quand on veut la tête du roi, on ne le clame pas sur les toits ». 


La bataille de l’après- Sassou a commencé et les luttes de positionnement réservent toujours des surprises. Le président Sassou Nguesso, déjà en difficulté avec la Justice française, ne saurait permettre que son éventuel successeur soit capable de le jeter un jour en pâture à la horde d’avocats et de militants des droits de l’Homme qui rongent leurs freins devant le portail du palais présidentiel. 

Et Marcel Tsourou, en allant jusqu’à menacer de faire des révélations sur les disparus du « beach » a, sans le savoir peut-être, laissé tomber la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de Sassou Nguesso. 

En politique, quand sonne l’heure de la vérité (et elle arrive toujours tôt ou tard) on ne se fait pas de cadeaux. Dommage que le colonel Marcel Tsourou ait négligé cette vérité. On peut donc dire que c’est lui qui « a commandé sa pluie ; une pluie qui le battra jusqu’à l’os ». 

Cette leçon vaut bien pour tous ces personnages africains qui jouent « les têtes pensantes » auprès des chefs d’Etat, auprès des dictateurs. 

Arrêté et incarcéré à la Direction de la surveillance du territoire (DGST), le Colonel commence sans doute à comprendre que les monstres que l’on crée peuvent un jour se retourner contre leurs géniteurs.
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Dieudonné MAKIENI

Le Pays

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